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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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la servante.
    — Qu’est-ce qu’elle a, la servante ? demanda le facteur.
    — On en parlera tout à l’heure, père Meilleur, répondit l’ancien président du conseil.
    Au même moment, la porte du presbytère s’ouvrit pour laisser sortir Delphis Moreau. Les hommes le saluèrent au passage et se dirigèrent sans se presser vers le presbytère. Debout sur la galerie, Josaphat Désilets les attendait sans leur adresser le moindre sourire de bienvenue. Il les précéda dans une pièce bien aérée, meublée d’une table et de plusieurs chaises dépareillées. Un crucifix était l’unique ornement de l’endroit.
    Au moment où le prêtre allait refermer la porte de la petite salle, les hommes présents entendirent une horloge sonner sept heures.
    — Dites-moi pas, monsieur le curé, que notre meunier a été capable de réparer la vieille horloge qu’on vous a donnée ? lui demanda Donat.
    Josaphat Désilets se borna à hocher la tête.
    — Ce maudit Aubé-là, il a rien à son épreuve, dit Hyland. Quand il était mon homme engagé, il y avait pas grand-chose qu’il était pas capable de faire.
    — C’est vrai qu’il peut presque tout faire, approuva Donat.
    Debout au bout de la table, le curé attendit que le silence se fasse avant de se tourner vers le crucifix. Il fit un grand signe de croix et prononça la courte prière habituelle pour demander à Dieu d’éclairer les débats. À son invitation, les hommes s’assirent et le président annonça que monsieur le curé avait demandé de parler des animaux.
    — Je vous laisse expliquer ce que vous voulez dire par là, monsieur le curé, conclut le notaire Valiquette en cédant la parole à son vis-à-vis, à l’autre extrémité de la table.
    — Bon, c’est facile à comprendre, commença le prêtre. À cette heure que je suis installé au presbytère, il va falloir que j’aie au moins une vache et quelques poules pour mes besoins quotidiens.
    — Comment ça ? demanda Donat.
    — Il me semble que je devrais pas avoir à l’expliquer, poursuivit Josaphat Désilets en lui jetant un regard un peu méprisant. J’ai besoin de lait et d’œufs tous les jours…
    — Comment vous faisiez avant aujourd’hui ? s’enquit Hormidas Meilleur.
    — Madame Ellis m’en apportait chaque matin, mais je peux tout de même pas compter sur la charité de ma servante jusqu’à la fin de mes jours, non ?
    — Surtout que là, ça touche un autre sujet dont il va falloir discuter, intervint Samuel Ellis.
    — Quel autre sujet ? s’enquit le curé Désilets.
    — C’est au sujet de votre servante, monsieur le curé, reprit l’Irlandais. Depuis que vous êtes arrivé à Saint-Bernard, vous nous avez jamais caché que vous vous cherchiez une servante qui resterait au presbytère toute la journée.
    — C’est vrai, reconnut Josaphat Désilets.
    — Ma femme a accepté la besogne en attendant que vous vous trouviez quelqu’un.
    — J’en ai pas encore trouvé une.
    — On le sait, monsieur le curé. Par contre, ma femme a continué à être votre ménagère depuis que vous êtes dans votre nouveau presbytère, même si ça faisait pas son affaire pantoute. Elle a continué un bout de temps pour vous rendre service. Il faut pas oublier qu’elle a sa tâche à faire à la maison et qu’elle peut pas passer plus que l’avant-midi pour préparer vos repas, vous blanchir et entretenir une grande maison comme votre presbytère.
    — Pourquoi vous me dites ça exactement ? demanda le prêtre en cachant mal son impatience.
    — Je vous le dis tout simplement parce que ma femme a décidé que demain matin serait le dernier jour où elle vous servirait de ménagère. À partir de jeudi, il va falloir que vous vous débrouilliez sans elle.
    — Voyons donc ! protesta Josaphat Désilets. Elle peut pas faire ça !
    — Et pourquoi pas ? répondit Samuel sur le même ton.
    — Vous êtes exempté de la dîme parce que votre femme me sert de ménagère.
    — Je paierai la dîme comme les autres, déclara Samuel sans la moindre hésitation.
    — Bon, je pense que l’affaire est claire, monsieur le curé, intervint le président du conseil. Madame Ellis veut plus être votre ménagère. Il va falloir vous en trouver une autre.
    — Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est pas bien charitable de la part d’une bonne chrétienne, déclara le prêtre, mis de mauvaise humeur par cette nouvelle inattendue.
    — Peut-être,

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