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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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trois jours.
    — Puis, est-ce que t’es arrivé à quelque chose avec la vieille horloge brisée que les marguilliers ont ramassée pour monsieur le curé ? lui demanda le jeune cultivateur.
    — À force de jouer avec, je suis arrivé à toute la démonter, déclara le meunier. J’ai remplacé deux ressorts qui avaient l’air finis. Puis, je l’ai remontée et vernie. Elle fonctionnait bien. Je l’ai rapportée avant-hier à monsieur le curé.
    — Il devait être content en pas pour rire, dit Xavier, admiratif devant l’habileté du meunier.
    — Ça, je saurais pas trop te le dire, avoua Constant, en affichant un air indécis. J’ai même pas eu droit à un merci. Il l’a prise et m’a fermé la porte au nez.
    — Tu parles d’un blasphème d’air bête ! s’exclama le fils de Baptiste Beauchemin. Rends donc service à un ingrat, c’est comme ça qu’il te remercie. Et à part moudre, qu’est-ce que tu fais de bon ?
    — Comme d’habitude, je répare des attelages et je fais des bottes et des bottines pour les femmes. C’est rendu que je suis obligé de tanner d’autres peaux tellement le cuir part vite.
    — Des bottines pour les femmes ?
    — Ben oui, il paraît que c’est la dernière mode. En tout cas, je peux te dire que c’est pas ben plus compliqué à faire que des souliers. Justement, j’en ai fini une ben belle paire pour Laurence Comtois.
    — Si tu continues à faire autant de métiers, tu vas finir riche sans bon sens, se moqua Xavier.
    — Il y a pas grand danger. Oublie pas que j’ai payé une belle facture à Bélisle pour les réparations qu’il a dû faire au moulin le printemps passé après qu’un tiers de la roue a été arraché.
    — Est-ce que je peux te commander une paire de bottines, moi aussi ? demanda le jeune homme.
    — Pour toi ?
    — Non, pour ma Catherine. J’aimerais ben gros lui faire une surprise.
    — Apporte-moi la grandeur de ses pieds et je vais te faire ça rapidement, promit Constant.
    — Demain, je vais lui prendre en cachette la paire de souliers qu’elle met juste le dimanche. Tu vas en avoir besoin combien de temps ?
    — Dix minutes, le temps de prendre la grandeur de ses pieds, le rassura le meunier.
    Heureux à l’idée d’offrir très bientôt à sa femme une belle paire de bottines, Xavier abandonna Constant.
    Quelques minutes plus tard, il s’arrêta chez sa sœur Emma, juste assez longtemps pour apprendre que Rémi avait presque fini de faucher son blé avec son jeune employé. Il accepta la tasse de thé offerte par la maîtresse des lieux et il en profita pour prendre sur ses genoux la petite Marthe. Avec un serrement de cœur, le parrain constata que l’enfant de plus de huit mois n’avait guère fait de progrès depuis la dernière fois qu’il l’avait vue. Elle avait du mal à demeurer assise sur ses genoux et sa petite langue rose pointait entre ses lèvres. Toutefois, il s’efforça de dire à sa sœur avec le sourire :
    — À ce que je vois, ma filleule est toujours de bonne humeur.
    Le bébé le regardait de ses yeux en amande, un peu de bave coulant entre ses lèvres entrouvertes.
    — Elle est toujours comme ça, reconnut sa mère. C’est un bon bébé qui cause jamais de problème. Flore et Joseph voudraient toujours la bercer et je dois m’arranger pour qu’ils la gâtent pas trop.
    Après avoir échangé quelques nouvelles avec sa sœur, Xavier prit congé et se dirigea vers la maison paternelle. En descendant du boghei, il n’eut pas à entrer dans la maison puisqu’il aperçut sa mère et Bernadette en train de travailler dans le jardin, la tête protégée par un large chapeau de paille. Elles s’étaient relevées en entendant sa voiture pénétrer dans la cour de la ferme.
    — Est-ce que ça pousse à votre goût ? leur demanda-t-il.
    — Il y a pas à se plaindre, lui répondit sa mère en se massant les reins. Là, on arrache nos dernières tomates pour une petite recette qu’on va mettre en pots. Nos ketchups sont déjà faits.
    — Est-ce que ta femme est aussi avancée que nous autres ? intervint Bernadette.
    — Ben proche, reconnut Xavier. Aujourd’hui, elle est supposée saler des petits concombres et on est partis pour pas manquer de grand-chose l’hiver prochain.
    Marie hocha la tête, heureuse de constater, malgré ses réticences, que son fils n’avait pas épousé une paresseuse.
    — Je suppose qu’Eugénie est en dedans à faire l’ordinaire ?

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