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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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bras, dit Xavier à son beau-frère qu’il dépassait d’une demi-tête.
    — Ça revient doucement. Comme tu peux voir, on avance. On a commencé ben de bonne heure à matin.
    Le mari de Catherine jeta un coup d’œil à sa sœur aînée et constata tout de suite son épuisement.
    — Toi, passe-moi donc ta faux, lui ordonna-t-il. J’ai l’impression que tu vas être ben plus utile pour attacher les gerbes avec les enfants.
    — T’as pas d’ouvrage à faire chez vous, toi ? lui demanda Camille en lui tendant sa faux.
    — Mon blé est déjà au moulin. J’ai le temps de vous donner un coup de main.
    — Ça devient une habitude et c’est gênant, lui fit remarquer Camille, tout de même très soulagée.
    — Laisse faire, laissa tomber Xavier. Tu me remettras ça plus tard.
    Camille comprit que son jeune frère avait pitié d’elle, mais elle était si fatiguée qu’elle ne résista pas et lui tendit sa faux. Liam ne protesta pas non plus, conscient que le travail allait se faire beaucoup plus rapidement avec un homme comme Xavier pour faucher à ses côtés.
    À midi, Ann alla chercher à la maison deux miches de pain, des tomates et du fromage et on mangea à l’ombre d’un vieux chêne en bordure du champ. Après une courte sieste, on se remit au travail avec entrain et, un peu après quatre heures, les Connolly et Xavier finirent de charger la charrette avec les gerbes de blé.
    — On a fini, déclara Camille avec une satisfaction évidente en s’éventant avec son grand chapeau de paille après l’avoir enlevé.
    — Et c’est peut-être ma plus belle récolte de blé depuis ben des années, poursuivit Liam en se mettant à suivre au pas la voiture que Patrick avait mise en marche en saisissant le mors du cheval pour le faire avancer.
    — Cette année, on manquera pas de farine, reprit Camille.
    — Demain matin, à la première heure, je vais aller au moulin, dit son mari. J’aurais pas pu faire ça aussi vite si tu nous avais pas donné un coup de main, ajouta-t-il à l’endroit de son beau-frère.
    — On est là pour s’entraider, pas vrai ?
    — Tu restes à souper avec nous autres, déclara Camille en arrivant dans la cour de la ferme.
    — Je voudrais ben, mais Catherine va s’inquiéter. Déjà que j’étais pas à la maison pour dîner. Elle doit ben se demander où je suis passé.
    — T’es bien fin de nous avoir aidés encore une fois, lui dit-elle au moment où il montait dans son boghei pour rentrer chez lui.

    Ce soir-là, Donat Beauchemin fit sa toilette après le souper en ronchonnant. En ce dernier mardi du mois avait lieu la réunion mensuelle du conseil de fabrique et il n’était pas question de la manquer, même s’il aurait mille fois préféré se reposer sur la galerie après une journée éreintante passée à faucher dans son champ.
    — Est-ce qu’il y a quelqu’un qui m’aiderait à attacher mon col de chemise ? demanda-t-il avec impatience, planté au milieu de la cuisine d’été. J’y arrive pas.
    Habituellement, Eugénie l’aidait, mais alitée depuis quelques jours, elle sommeillait dans leur chambre et il n’avait pas voulu la réveiller. Bernadette s’avança.
    — Lève la tête si tu veux que je l’attache, lui commanda-t-elle.
    — Ayoye, torrieu ! Tu me pinces la peau, se plaignit son frère.
    — C’est pas de ma faute si t’es gras comme un goret, plaisanta sa sœur en parvenant enfin à attacher le col.
    Donat endossa son veston noir passablement lustré par l’usure et quitta la maison. Ernest avait attelé la Noire et avait avancé le boghei près de la galerie.
    À son arrivée, le jeune cultivateur retrouva le notaire Valiquette, debout près de sa voiture stationnée entre la chapelle et le nouveau presbytère, en grande conversation avec Hormidas Meilleur, Thomas Hyland et Samuel Ellis.
    — Vous entrez pas ? demanda-t-il aux marguilliers qu’il venait de saluer.
    — Il est encore de bonne heure, lui fit remarquer Eudore Valiquette. Ça sert à rien de se presser. À part ça, monsieur le curé est en train de parler avec Delphis Moreau. Quand Moreau partira, il sera bien le temps d’y aller.
    — De quoi on est supposés parler à soir ? demanda Meilleur, curieux.
    — On a un seul point et il a été apporté par monsieur le curé, répondit le petit notaire. Il m’a juste dit : « Mes animaux. »
    — Si c’est comme ça, intervint Samuel Ellis, ajoutez donc un autre point, notaire :

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