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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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vers sa voiture en compagnie d’Ulric Martel. À la vue du sourire du maître de maison, le président du conseil comprit qu’il allait sûrement prier ce soir-là pour que sa belle-mère soit engagée.

    Le lendemain, Ulric Martel laissa descendre sa belle-mère devant le presbytère quelques minutes avant neuf heures. La veuve, vêtue d’une stricte robe noire agrémentée par un petit collet en dentelle, sonna à la porte. Aucun sourire n’éclairait son long visage doté d’un soupçon de moustache.
    Quand Bridget Ellis vint lui ouvrir, elle la salua d’un bref hochement de tête et tout de suite ses petits yeux gris fureteurs examinèrent les lieux où elle risquait d’avoir à travailler.
    — Monsieur le curé est pas encore rentré, lui annonça l’épouse de Samuel Ellis. Il devait passer chez les Moreau après avoir dit sa messe de huit heures.
    — Je vais l’attendre, dit la visiteuse.
    — Si ça vous convient, madame Mousseau, je peux vous faire visiter le presbytère en attendant qu’il arrive, lui proposa Bridget. Au moins, vous allez savoir ce qui vous attend si vous acceptez d’être la ménagère de monsieur le curé.
    Bridget, pleine de bonne volonté, entraîna la belle-mère d’Ulric Martel à l’étage pour lui faire voir les quatre chambres. Ensuite, elle lui montra le bureau, la petite salle d’attente, le salon et la cuisine. À aucun moment l’aspirante ménagère ne formula de remarque sur l’état du mobilier ou la propreté des lieux.
    À l’instant où les deux femmes quittaient la cuisine, elles entendirent la porte du presbytère s’ouvrir. Bridget s’empressa de s’avancer vers le prêtre pour lui dire que son déjeuner était prêt et que madame Mousseau était déjà arrivée depuis quelques minutes.
    — Laissez faire le déjeuner, madame Ellis, j’ai mangé chez les Moreau. Vous êtes madame Mousseau ? demanda-t-il à la visiteuse. Passez donc dans mon bureau.
    Sur ce, sans le moindre sourire, il tourna les talons et pénétra dans la pièce qui lui servait de bureau.
    — Fermez la porte derrière vous, madame, ordonna-t-il à la veuve.
    Celle-ci, apparemment peu impressionnée, ferma la porte et s’assit sur une chaise avant que son hôte l’invite à le faire. Josaphat Désilets se glissa derrière la petite table qui lui servait de bureau et s’assit à son tour en examinant la femme qui se tenait en face de lui, le corps bien droit et le visage sans expression.
    — Comme ça, vous souhaitez être ma ménagère, dit-il d’entrée de jeu.
    — Pantoute, monsieur le curé, laissa-t-elle tomber.
    — Comment ça, pantoute ?
    — Je vous dis que j’y tiens pas pantoute. Je suis pas dans le chemin. Je vis chez ma fille. J’ai dit à votre ménagère que je verrais si cette besogne-là m’intéresse, rien de plus.
    — Ah bon ! fit le prêtre, décontenancé.
    — J’aime autant vous dire tout de suite, monsieur le curé, que pas un homme a réussi à me faire peur. J’ai été mariée trois fois, et mes maris étaient pas des feluettes… L’homme, avec ou sans soutane, qui pense me faire devenir chèvre est pas encore au monde. Ça, je peux vous le garantir, ajouta- t-elle, l’air mauvais.
    — On peut pas dire que vous êtes trop aimable, madame, lui fit remarquer Josaphat Désilets, estomaqué par tant d’aplomb.
    — Je peux l’être avec du monde qui l’est, répliqua la veuve en le fixant de ses petits yeux gris, sans ciller. Quand on me sourit, je peux sourire, moi aussi.
    Le curé Désilets poussa un soupir de résignation. Il n’avait vraiment pas le choix. Il allait prendre la veuve à l’essai, du moins jusqu’à ce qu’il ait trouvé une femme moins rébarbative.
    — Je suppose que vous faites un bon ordinaire ? demanda-t-il.
    — Ça va de soi. Aucun de mes défunts maris est mort de faim, si vous tenez à le savoir.
    — Vous savez que vous allez avoir à tenir le presbytère propre et à laver mon linge.
    — C’est la besogne normale d’une ménagère.
    — Quand allez-vous être prête à venir vous installer dans votre chambre, à l’étage ?
    — Cet avant-midi, si ça vous convient, monsieur le curé. J’ai pas grand-chose à faire transporter par mon gendre.
    — Bon, je veux bien vous essayer comme ménagère, madame Mousseau. Le notaire Valiquette va passer aujourd’hui ou demain vous parler de vos gages.
    — C’est bien correct, déclara Bérengère en se levant.
    — Vous pouvez

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