Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
aller rejoindre madame Ellis. Elle est probablement dans la cuisine. Elle va vous expliquer tout ce que vous devez savoir.
    — C’est déjà fait, monsieur le curé. Là, je vais aller m’occuper de préparer votre dîner.
    Bérengère Mousseau alla rejoindre l’épouse de Samuel Ellis. Les deux femmes prirent place de chaque côté de la table après que Bridget eut versé une tasse de thé à chacune.
    — Comment vous l’avez trouvé, madame Mousseau ? demanda-t-elle à la nouvelle ménagère.
    — Il est comme je le pensais. Il est bête comme ses pieds, ce prêtre-là. Vous l’avez peut-être trop gâté, madame Ellis.
    — Vous pensez ?
    — Attendez, vous allez voir qu’il va changer d’humeur avec moi ou il va dire pourquoi.
    Quand Bridget alla prévenir le curé Désilets qu’elle s’en allait, elle eut droit à un simple merci sans effusion. Le cœur gros devant tant d’ingratitude, l’épouse de Samuel Ellis rentra chez elle.
    La nouvelle que Bérengère Mousseau serait finalement la ménagère du curé Désilets suscita de nombreux commentaires dans la paroisse. On ne se gêna pas pour parier que la veuve ne resterait pas en poste plus d’une semaine.
    — Monsieur le curé pourra jamais l’endurer, prédisaient certains.
    — La Bérengère a ben assez de front pour essayer de le dompter, ajoutaient les autres avec un petit sourire en coin.
    En fait, une lutte sourde s’engagea dès la première journée entre les deux occupants du presbytère de Saint-Bernard-Abbé. Si Josaphat Désilets se garda de critiquer ce qu’on lui servit au dîner, il ne se gêna pas pour se plaindre à sa cuisinière au sujet d’une soupe aux pois qu’il jugeait trop grasse.
    Le visage fermé, la grande femme se contenta de retirer le bol de soupe vidé aux deux tiers placé devant le prêtre.
    — Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça vous a pris du temps avant de vous apercevoir que cette soupe-là était trop grasse, laissa-t-elle tomber en lui montrant le bol.
    Sans lui donner le temps de répliquer, elle alla chercher une assiette dans laquelle elle avait déposé une grande tranche de jambon et des pommes de terre rissolées. Le visage impénétrable, le curé mangea cette fois sans trouver à redire. Lorsqu’il eut vidé son assiette, il attendit le dessert. Bérengère Mousseau déposa au centre de la table un carafon de sirop d’érable.
    — Est-ce que c’est tout ce qu’il y a pour dessert ? osa-t-il demander à sa nouvelle servante.
    — Oui, monsieur le curé.
    — Madame Ellis me faisait toujours des biscuits, un gâteau ou des tartes, se sentit-il obligé de mentionner.
    — Ça prouve juste une affaire, monsieur le curé, laissa tomber la grande femme sans élever la voix. Elle était trop bonne avec vous. Avec moi, vous allez manger ce genre de dessert-là seulement quand j’aurai le temps d’en faire. Oubliez pas que je dois entretenir le presbytère et votre linge. J’ai juste deux bras.
    Sur ces mots, elle se retira dans la pièce voisine pour commencer à laver la vaisselle, sans tenir compte du profond mécontentement exprimé par le prêtre.
    Bref, si Bérengère Mousseau apprit, à son corps défendant, à tenir compte de certaines exigences de son patron, à aucun moment ses bouderies ou ses crises de mauvaise humeur ne lui en imposèrent. Elle parvint à faire respecter la propreté de ses parquets et n’accepta aucune critique, même déguisée, de la nourriture qu’elle cuisinait.
    Pour la belle-mère d’Ulric Martel, malgré tout le respect qu’elle vouait au prêtre, Josaphat Désilets était juste un vieux garçon qui avait besoin d’être dressé.
     
     

Chapitre 6
Des changements satisfaisants
    Le dimanche matin, Xavier Beauchemin fut réveillé par le premier rayon de soleil qui pénétrait dans sa chambre à coucher. Il jeta un coup d’œil à sa femme étendue à ses côtés et ne put s’empêcher de sourire devant son air confiant et heureux. Il se leva en faisant attention de ne pas la réveiller, soucieux de lui accorder une heure de plus de sommeil, le seul jour où elle n’avait pas à préparer le déjeuner.
    Au moment où il allait quitter la pièce après avoir mis son pantalon et endossé sa chemise, le « Papa » lancé par Constance le fit sursauter.
    — Chut ! Dors, bébé, lui ordonna-t-il inutilement.
    La fillette, debout dans son lit, lui tendait les bras, bien décidée à se faire prendre.
    — Tu peux la lever,

Weitere Kostenlose Bücher