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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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devant ma sœur, ma tante, elle va vous arracher les yeux, rétorqua l’institutrice, horrifiée.
    — Mais cette enfant-là est une infirme, insista la religieuse.
    — C’est pas une raison pour le dire, répliqua sa nièce. Marthe est attachante et Emma arrête pas de dire que c’est un bébé qui lui cause jamais aucun problème.
    Sœur Sainte-Anne mit une main apaisante sur le bras de sa compagne pour l’inciter à quitter le sujet. Il y eut un long silence emprunté sur la galerie, silence qui prit fin à l’arrivée de Donat accompagné par sa mère. Il immobilisa l’attelage près de la maison pour permettre à cette dernière de descendre de voiture.
    Mathilde s’était déjà levée quand Marie arriva au pied de l’escalier, arborant un mince sourire de bienvenue.
    — Est-ce que ça fait longtemps que vous êtes arrivées ? demanda-t-elle aux deux religieuses.
    — À peu près une heure et demie, répondit sa belle-sœur avec une note de reproche dans la voix.
    Marie embrassa la religieuse sans grande chaleur sur une joue après avoir salué sœur Sainte-Anne.
    — Tu devrais prendre l’habitude de prévenir quand tu viens en visite, reprocha-t-elle à son tour à la sœur de son mari défunt. Comme ça, on serait là pour te recevoir. Là, je suppose que c’est Armand qui vous a amenées ?
    — En plein ça, reconnut Mathilde. On a passé trois jours avec lui et Amanda, question de pas faire de jaloux.
    — Ça a dû faire bien plaisir à ma tante, persifla Bernadette, ce qui lui attira un regard d’avertissement de sa mère.
    Donat revint vers la galerie, porteur d’une assiette couverte d’un linge blanc. Il venait de dételer le cheval et de le faire pénétrer dans l’enclos. Il salua sans entrain les visiteuses.
    — M’man, vous avez oublié ça dans le boghei, dit-il en tendant l’assiette à sa mère.
    — Qu’est-ce que c’est, m’man ? s’enquit Bernadette, curieuse.
    — Catherine a pensé à toi et à Eugénie. Elle vous a envoyé un morceau de gâteau à chacune.
    — Et nous autres ? demanda sœur Marie du Rosaire.
    — La femme de Xavier pouvait pas savoir que vous étiez là, répondit sa belle-sœur.
    — Peut-être que tu pourrais faire quatre parts avec les deux morceaux, ils m’ont l’air pas mal gros, suggéra la religieuse, gourmande.
    — Je suis bien prête à vous donner une partie de mon morceau, rétorqua Bernadette, taquine, mais il va falloir que vous veniez me donner un coup de main à préparer le souper, par exemple.
    — Moi, je vais laisser tout son morceau à la malade, déclara sœur Sainte-Anne d’une voix douce.
    — Bon, je vais aller vous aider à vous installer dans la chambre verte, annonça Marie en se levant avec détermination.
    — C’est déjà fait, reste assise, lui ordonna Mathilde Beauchemin. Parle-moi plutôt de Xavier et de sa femme.
    — Moi, je rentre me changer pour aller faire le train, annonça Donat en voyant Ernest Gingras descendre de la voiture de son père à l’entrée de la cour.
    L’employé salua timidement les femmes rassemblées sur la galerie avant d’entrer dans la maison à la suite de Donat pour aller changer de vêtements lui aussi.
    — Tu sais que je connais pas pantoute la Catherine de Xavier. C’est à peine si j’ai pu lui parler cinq minutes après la grand-messe le dimanche avant son mariage. J’ai même pas été invitée aux noces, ajouta la religieuse en ne cachant pas son amertume.
    — Là, on y pouvait rien, mentit Marie. Sa mère avait décidé de faire une toute petite noce.
    — En tout cas, j’ai bien hâte de lui parler pour connaître quelle sorte de femme c’est.
    — Xavier a choisi un bien bonne femme et je peux te garantir que c’est aussi une bonne mère.
    Le sursaut de Bernadette n’échappa pas à sa mère qui réalisa, une seconde trop tard, qu’elle avait trop parlé. Elle s’en mordit les lèvres, mais le mal était fait.
    — Comment ça, une bonne mère ? s’étonna sœur Marie du Rosaire. Ils sont mariés juste depuis deux mois !
    — Ben…
    — Toi, tu me caches quelque chose, Marie Camirand ! s’exclama sa belle-sœur, le regard inquisiteur. Es-tu en train de me dire qu’ils auraient fêté Pâques avant Noël ?
    — Qu’est-ce que tu vas chercher là ? se fâcha Marie en élevant la voix. Tu sauras que ma bru est une fille honnête, ajouta-t-elle d’une voix si convaincue qu’elle arracha un mince sourire à

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