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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Bernadette.
    Cette dernière assistait à la joute sans intervenir.
    — T’as tout de même pas dit qu’elle était une bonne mère pour rien, non ?
    — Non, j’ai oublié de te dire que Xavier et Catherine ont adopté une belle petite fille qui va bientôt avoir deux ans. Une vraie soie ! Et tu devrais voir combien ils l’aiment, cette enfant-là.
    — Ils viennent de se marier et ils ont déjà adopté une orpheline ! J’aurai tout entendu ! s’exclama Mathilde Beauchemin, réprobatrice. Où est-ce qu’ils l’ont adoptée, cette petite fille-là ? Tout de même pas à notre orphelinat de Sorel… Je l’aurais su !
    — Non, à Montréal.
    — Dans notre orphelinat là-bas ?
    Marie allait répondre quand Bernadette la devança.
    — Si je me fie à ce que Catherine m’a raconté, Constance, c’est la fille d’une de ses amies qui est morte, mentit-elle avec aplomb.
    — Oui, c’est en plein ça, approuva sa mère en lui adressant un regard de reconnaissance. Tu viendras pas me dire que c’était pas un bel acte de charité chrétienne de la part de deux jeunes qui venaient juste de se marier, poursuivit Marie.
    — C’est vraiment admirable, approuva sœur Sainte-Anne sur un ton attendri.
    — J’ai bien hâte de la rencontrer, cette Catherine-là, conclut sœur Marie du Rosaire. Tout ça me semble trop beau pour être vrai.
    — En attendant, on va aller finir de préparer le souper avant qu’il soit trop tard, dit la maîtresse de maison en se levant à nouveau.
    — J’espère aussi, cette semaine, avoir la chance de voir Emma et ses enfants, ajouta sa belle-sœur en se levant à son tour.
    — Tu pourras même voir Camille qui approche doucement de son terme, fit Marie.

    Une heure plus tôt, au retour de la fête, Donat avait poliment cédé le passage au boghei conduit par le curé Désilets qui s’apprêtait à s’engager sur le petit pont. Le jeune marguillier avait alors soulevé sa casquette, salut auquel le prêtre s’était contenté de répondre par un sec hochement de tête.
    — Monsieur le curé a pas l’air de bonne humeur, lui avait fait remarquer sa mère, assise à ses côtés.
    — Moi, je trouve que c’est son air habituel, s’était contenté de répondre Donat en remettant son attelage en marche.
    Josaphat Désilets venait de quitter la maison de Constant Aubé et son entretien avec le jeune homme ne lui avait pas plu particulièrement.
    Après sa sieste, il avait décidé de se faire violence et d’atteler son cheval pour régler son problème de souliers qu’il ne pouvait vraiment plus porter. Cinq années de va- et-vient surtout à faire les cent pas en lisant son bréviaire et deux ressemelages plus ou moins réussis en étaient venus à bout.
    — Vous avez l’air d’un vrai quêteux avec des souliers défoncés comme ça, lui avait fait remarquer sans ménagement sa nouvelle ménagère. Attendez-vous de marcher sur vos bas pour vous décider à vous en acheter une paire de neufs ?
    — Ça se règle pas aussi facilement, avait-il prétexté. Il faut de l’argent pour payer.
    — Vous savez bien que vos paroissiens accepteront jamais que leur curé se promène nu-pieds, avait insisté Bérengère Mousseau.
    — Il faut savoir qui aller voir, avait répliqué Josaphat Désilets en espérant que la grande femme au long visage le laisse tranquille et retourne à la cuisine.
    — Voyons donc, monsieur le curé ! s’était-elle exclamée, sur un ton autoritaire. N’importe quel gnochon de la paroisse sait bien que le cuir d’une paire de souliers repousse pas tout seul pendant la nuit et qu’il y a juste un moyen de régler ça, c’est d’aller voir le petit Aubé qui va lui en faire une paire pour pas cher.
    — Je vais y voir, lui avait-il promis pour avoir la paix.
    La rencontre avec le meunier-cordonnier avait été peu chaleureuse. Il l’avait trouvé assis seul sur la galerie de sa maison en train de poser ce qui lui avait semblé être des œillets à des bottines pour femme. Très occupé par ce travail minutieux, le jeune homme avait à peine levé la tête à son arrivée près de la maison. Il avait toutefois déposé son matériel près de sa chaise et s’était levé sans grand enthousiasme pour accueillir son curé qui venait de descendre de voiture.
    — Bonjour monsieur le curé, l’avait-il salué. Venez vous asseoir à l’ombre. Le soleil plombe pas mal cet après-midi.
    — Merci, mon ami, avait dit le

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