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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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l’avant-midi à les chercher, ces damnés mulots, et elles les ont jamais trouvés.
    — C’est vrai ! affirma la religieuse avec force.
    — Pour moi, cette nuit, ma tante, ils vont revenir vous grignoter les orteils un à un.
    — Dis pas une affaire comme ça, ma petite vinyenne ! C’est des affaires pour m’empêcher de fermer l’œil de la nuit.
    — Ce serait pas bien grave, vous aurez juste à dire votre chapelet pour vous faire pardonner tous vos péchés, répliqua la cadette de la famille.
    — Je sais pas où tu l’as prise, celle-là, Marie, mais je la trouve donc haïssable.
    — J’ai du Beauchemin dans le corps, ma tante, répliqua la jeune fille.
    Il y eut un léger flottement dans la pièce avant que sœur Marie du Rosaire tourne son attention vers la petite Marthe que Marie berçait près du poêle.
    — Et comment va la petite malade ? demanda la religieuse sans aucune délicatesse en se tournant vers Marthe.
    Le bébé de neuf mois souriait en bavochant, la langue à demi sortie. Collée contre sa grand-mère, l’enfant semblait heureuse. Les traits liés à son handicap étaient cependant de plus en plus évidents.
    — De qui vous parlez, ma tante ? lui demanda sèchement une Emma dont le visage s’était soudain figé.
    — Ben, de ta dernière, s’entêta la sœur Grise.
    — Elle est pas malade pantoute, ma tante.
    — Mais elle est pas comme les autres, poursuivit Mathilde Beauchemin.
    — Non, elle est encore plus fine que les autres, rétorqua Emma, au bord des larmes.
    — Mathilde, ça va faire, ordonna la maîtresse de maison avec un regard furieux. Marthe est un bébé en or et on en voudrait bien d’autres comme elle.
    L’arrivée de Donat jeta une heureuse diversion sur une discussion qui risquait de tourner au vinaigre. Le jeune marguillier apprit aux gens présents le départ du curé Désilets pour sa retraite annuelle, son remplacement par l’abbé Farly et la nouvelle marotte du curé qui aurait voulu voir la paroisse acheter la cloche d’une ancienne église. Il eut même le temps de raconter la mésaventure d’Hormidas Meilleur dont l’œil droit avait toutes les nuances de l’arc-en-ciel.
    Cet intermède permit à sœur Marie du Rosaire de reprendre son aplomb, pour autant qu’il ait pu être entamé par la colère rentrée de sa belle-sœur.
    Depuis l’arrivée de Catherine, la religieuse avait eu peu de temps pour s’entretenir avec la jeune épouse de son neveu Xavier et il était visible qu’elle mourait d’envie de l’interroger pour se faire une idée plus précise de sa personnalité. Catherine avait dû sentir le danger parce qu’elle s’était réfugiée près d’Emma, dès son arrivée chez sa belle-mère.
    — Sais-tu, ma fille, que je trouve que ta Constance te ressemble pas mal, fit Mathilde, fielleuse.
    — Tant mieux, ma tante, intervint Xavier. Catherine et moi, on est du maudit beau monde et elle pourrait ressembler à pire.
    — Mais pourquoi vous l’avez adoptée si vite ? insista la religieuse.
    — Parce que ça nous tentait et parce que la fille de l’amie de Catherine aurait été mise dans un orphelinat quand sa mère est morte.
    Bernadette s’était empressée de révéler à son frère et à sa belle-sœur la fable qu’elle avait inventée pour détourner la curiosité insatiable de l’insupportable religieuse.
    — Je trouve bizarre que ce soit tombé juste durant votre voyage de noces, laissa-t-elle tomber en montrant qu’elle ne croyait pas beaucoup à cette histoire.
    — Dites donc, ma tante, il me semble que vous devriez savoir depuis longtemps que la mort vient nous chercher comme un voleur, répliqua Xavier, à bout de patience. Personne choisit le moment de mourir. Ça a été la même chose pour l’amie de ma femme.
    — C’est certain, mon garçon, reconnut la religieuse, tout de même insatisfaite des réponses obtenues.
    Quelques minutes plus tard, les invités décidèrent de se retirer et de rentrer chez eux.
    — Je pense bien qu’on est en train de vivre nos derniers beaux jours de l’automne, déclara Marie en posant la petite Marthe sur la table pour l’emmitoufler. Les soirées sont de plus en plus fraîches et il va falloir penser au barda d’automne.
    — Si vous voulez remplacer la paille dans les paillasses et ajouter des plumes dans les oreillers, ça va me faire plaisir de vous aider, madame Beauchemin, proposa aimablement sœur Sainte-Anne.
    Bernadette avait

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