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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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réglé dans le détail, Hitler, se félicita d’avoir trouvé un biais astucieux qui permettrait de financer les travaux discrètement : « Ainsi répartie, dit-il, la dépense globale passera inaperçue. Nous ne financerons directement que le Grand Dôme et l’Arc de Triomphe. Nous lancerons un appel au peuple pour qu’il contribue à la dépense ; en outre, le ministre des Finances devra mettre chaque année à la disposition de votre service 60 millions. Vous mettrez de côté les sommes que vous n’utiliserez pas immédiatement. » En 1941, j’avais ainsi amassé 218 millions  12   ; en 1943, sur proposition du ministre des Finances et avec mon accord, ce compte, qui entre-temps avait atteint 320 millions, fut tacitement dissous sans que Hitler en fût informé.
    Le ministre des Finances, von Schwerin-Krosigk, irrité de cette dilapidation des deniers publics, réitérait objections et protestations. Pour écarter les craintes exprimées par son ministre, Hitler se compara au roi de Bavière, Louis II : « Que le ministre des Finances pense aux sources de revenus dont l’État disposera d’ici cinquante ans à peine grâce à mes constructions ! Que s’est-il passé avec Louis II : on a déclaré qu’il était fou à cause des dépenses qu’il faisait pour construire ses châteaux. Et aujourd’hui ? Beaucoup d’étrangers viennent en haute Bavière uniquement pour voir ces châteaux. Les droits d’entrée, à eux seuls, ont depuis longtemps amorti les frais de construction. Croyez-le bien ! Le monde entier viendra à Berlin pour voir nos édifices. Il nous suffira de dire aux Américains combien a coûté le Grand Dôme. Peut-être exagérerons-nous un peu, au lieu d’un milliard nous dirons un milliard et demi ! Alors ils voudront absolument voir l’édifice le plus cher du monde. »
    Penché sur ses plans, il répétait souvent : « Mon seul souhait, Speer, c’est de pouvoir un jour voir ces édifices. En 1950, nous organiserons une exposition universelle. En attendant, les bâtiments resteront vides, et ils serviront alors de salles d’exposition. Nous inviterons le monde entier ! » Voilà le genre de déclarations que pouvait faire Hitler ; il était difficile de deviner ses véritables pensées. A ma femme qui, pendant onze années, allait vraisemblablement se voir frustrée toute vie de famille, je promis en guise de compensation un voyage autour du monde en 1950.
    L’idée de Hitler consistant à répartir le coût des travaux sur autant de têtes que possible s’avéra juste. Car Berlin, riche et en plein essor, attirait de plus en plus de fonctionnaires, du fait de la centralisation des pouvoirs publics. Les administrations des différentes industries devaient elles aussi tenir compte de cette évolution et agrandir leur siège central berlinois à des fins de représentation. Il n’y avait jusque-là, comme « artère-vitrine deBerlin » où réaliser de tels projets de constructions, que l’avenue Unter den Linden, et d’autres rues de moindre importance. Aussi la nouvelle avenue, large de 120 mètres, était-elle alléchante, d’abord parce qu’on n’y rencontrerait pas les mêmes difficultés de circulation que dans les anciennes rues, mais aussi parce que le prix des terrains à bâtir, dans ces quartiers encore excentriques, était relativement bas. Au début de mon activité, je me trouvai en présence de nombreuses demandes de permis de construire sur des emplacements choisis au hasard sur tout le territoire de la ville. Par exemple, dans les premiers temps du gouvernement de Hitler, on avait édifié dans un quartier insignifiant, après avoir démoli plusieurs pâtés de maisons, le nouveau grand immeuble de la Banque du Reich. A ce propos, un jour, après le repas, Himmler présenta à Hitler le plan de cet immeuble et, très sérieusement, attira son attention sur le fait qu’à l’intérieur du grand bloc rectangulaire l’aile longitudinale et l’aile transversale formaient une croix chrétienne ; Himmler voyait là, de la part de l’architecte catholique Wolf, une glorification voilée de la foi chrétienne. Mais Hitler était assez averti des choses du bâtiment pour se gausser de telles remarques.
    Quelques mois seulement après l’établissement définitif des plans, nous avions attribué une première partie de l’avenue, longue de 1 200 mètres, celle où l’on pouvait commencer à construire sans attendre que soit achevé

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