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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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placés sous ma responsabilité directe. En principe ils devaient tous se mettre d’accord entre eux. Je me réservais simplement la liberté d’intervenir à tout moment dans les questions importantes ou quand il y avait divergence d’opinion entre eux.
    Notre façon de travailler était aussi « originale » que notre organisation. Les fonctionnaires de l’administration, enlisés dans la routine, qualifiaient dédaigneusement notre ministère de « ministère dynamique » ou de « ministère sans organisation », ou encore de « ministère sans fonctionnaires ». On m’accusait d’avoir recours à des méthodes frustes, de style américain. Pour ma part, m’insurgeant contre l’esprit de caste de la bureaucratie ministérielle, j’affirmais que « lorsqu’on délimite trop nettement les compétences, on ne fait qu’inciter les gens à se désintéresser de tout le reste 9   », et cette protestation n’était pas sans analogie avec les conceptions de Hitler qui croyait au gouvernement improvisé d’un génie inspiré.
    Ma manière d’agir avec le personnel fut une autre cause de scandale, car j’appliquai un principe qui apparut comme une provocation : dès mon entrée en fonctions, j’avais décidé, comme en témoigne le procès-verbal de la conférence du Führer du 19 février 1942, que lorsque, à la tête des services importants, se trouvaient des hommes de « plus de cinquante-cinq ans » ils devaient avoir « un suppléant âgé de moins de quarante ans ».
    Chaque fois que je présentais à Hitler mes projets d’organisation, il faisait preuve d’une indifférence étonnante. J’avais l’impression qu’il répugnait à s’occuper de ces questions ; d’ailleurs, dans certains domaines, il était incapable de distinguer l’essentiel de l’accessoire. De plus il n’aimait pas définir nettement les compétences. Parfois il confiait intentionnellement à certains services ou à certaines personnes des tâches semblables ou même identiques : « Ensuite, aimait-il à dire, c’est le meilleur qui s’impose. »
     
    Un semestre après mon entrée en fonctions, nous avions déjà considérablement augmenté la production dans tous les secteurs qui étaient de notre ressort. Les « indices de la production d’armements en Allemagne » révèlent qu’en août 1942 la production d’armes avaient augmenté de 27 % par rapport à février, celle des chars de 25 % ; quant à la fabrication des munitions, elle avait augmenté de 97 %, donc presque doublé. Durant cette période l’ensemble de la production d’armements avait progressé de 59,6 %  10  . Manifestement nous avions mobilisé des réserves jusqu’alors inemployées.
    Deux ans et demi plus tard, et malgré les bombardements qui commencèrent à cette époque, l’ensemble de notre production d’armement était passé de l’indice moyen 98 pour l’année 1941 à l’indice maximum 322 en juillet 1944. Pendant ce temps l’accroissement de la main-d’œuvre n’avait été que d’environ 30 %. Nous avions réussi à abaisser de moitié la quantité de travail fourni et réalisé les prédictions de Rathenau, qui avait affirmé en 1917 que par la rationalisation on pouvait « doubler la production sans modifier les équipements et sans augmenter les frais de main-d’œuvre ».
    Cette réussite n’était nullement l’œuvre d’un génie, comme on l’affirme souvent. Beaucoup de techniciens de mes services, qui avaient des talents d’organisateurs, auraient sans aucun doute été plus qualifiés que moi en cette matière. Mais pas un d’entre eux n’aurait pu réussir, car personne ne pouvait comme moi mettre l’autorité de Hitler dans la balance. La considération et la faveur du Führer comptaient plus que tout.
    Les progrès étonnants de la production d’armements ne s’expliquent pas seulement par la réorganisation que j’avais entreprise. Les méthodes que j’appliquais, et qui étaient celles d’une gestion économique démocratique, furent également un facteur décisif. Le principe consistait à faire confiance jusqu’au bout aux industriels responsables. Cette méthode récompensait leur esprit d’initiative, éveillait en eux le sens des responsabilités, stimulait leur esprit de décision : autant de qualités qui, en Allemagne, étaient depuis longtemps en sommeil. Certes, la contrainte et le dirigisme avaient maintenu le niveau de la production, mais toute

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