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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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laquelle je me battis vainement  21  . Ainsi, par exemple, le personnel du Service des armements était dix fois plus nombreux que pendant la Première Guerre mondiale. Je n’ai pas cessé de réclamer une simplification de l’appareil administratif, comme en témoignent mes discours et mes lettres de 1942 à la fin de 1944. Plus je luttais contre cette bureaucratie typiquement allemande, dont notre régime autoritaire ne faisait qu’accroître les effectifs et l’importance, plus la mainmise de l’État sur l’économie de guerre me semblait être une erreur, et cette conviction prit de plus en plus le caractère d’un dogme politique à partir duquel je voulus finalement expliquer tous les événements. Le matin du 20 juillet, quelques heures avant l’attentat, j’écrivis à Hitler qu’en matière d’organisation les Russes et les Américains, mettant en œuvre des moyens plus simples, parvenaient à une plus grande efficacité que nous, à qui nos méthodes désuètes interdisaient d’obtenir des résultats comparables. Cette guerre était aussi, ajoutai-je, une lutte opposant deux systèmes d’organisation, « le combat de notre système d’organisation sophistiqué contre l’art de l’improvisation de nos adversaires ». Si nous n’adoptions pas une autre méthode, la postérité constaterait que dans ce combat, c’était notre système archaïque, encombrant et ligoté par la tradition, qui devait succomber.

16.
    Carences
    Un des aspects les plus surprenants de cette guerre est que Hitler ait voulu épargner à son propre peuple les épreuves que Churchill et Roosevelt imposèrent au leur sans hésiter  1  . Le contraste entre l’acharnement déployé par l’Angleterre démocratique pour mobiliser l’ensemble des travailleurs, et la mollesse dont fit preuve sur ce point l’Allemagne totalitaire, montre bien à quel point le régime craignait un revirement du consensus populaire. Les hommes au pouvoir ne voulaient ni consentir eux-mêmes des sacrifices, ni en exiger de notre peuple, ils s’efforçaient de maintenir le plus possible, par des concessions, les bonnes dispositions de ce peuple. Hitler et la majorité de ses amis politiques appartenaient à la génération de ceux qui étaient soldats lorsque la révolution de 1918 avait éclaté et ne l’avaient jamais acceptée. Dans ses entretiens privés, Hitler donnait souvent à entendre qu’après une expérience comme celle de 1918, on ne serait jamais assez prudent. Afin de prévenir toute cause de mécontentement, on dépensa plus que dans les pays de régime démocratique pour approvisionner la population en biens de consommation, verser les pensions de guerre et indemniser les femmes pour le manque à gagner de leur mari mobilisé. Alors que Churchill ne proposait à son peuple que « du sang, des larmes, du travail et de la sueur », nous eûmes droit, pendant toutes les phases et les crises de la guerre, à l’éternel mot d’ordre de Hitler : « La victoire finale est assurée. » C’était l’aveu d’une faiblesse politique ; cette attitude trahissait une grande crainte de perdre l’assentiment du peuple et de voir ainsi se développer des crises politiques à l’intérieur du pays.
    Alarmé par les revers que nous essuyions sur le front russe, je n’avais pas uniquement le souci, au printemps 1942, de vouloir mobiliser toutes les ressources du pays. J’insistais en même temps sur l’idée que « la guerre devait être terminée le plus rapidement possible, sinon l’Allemagne serait vaincue. Il faut, disais-je, gagner cette guerre avant la fin du mois d’octobre, avant que l’hiver russe ne commence, ou bien nous la perdrons définitivement. Mais nous ne pouvons gagner qu’avec les armes que nous possédons actuellement et non avec celles que nous pourrions avoir l’année prochaine ». J’ignore comment cette analyse de la situation fut portée à la connaissance du Times , qui la publia le 7 septembre 1942  2  . Toujours est-il que l’article résumait bien les idées sur lesquelles Milch, Fromm, et moi étions d’accord à cette époque.
    « Nous avons tous le sentiment que nous sommes cette année à un tournant décisif de notre histoire », déclarai-je publiquement en avril 1942 3  . Je ne me doutais pas que ce tournant était imminent et que l’encerclement de la VI e armée à Stalingrad, l’anéantissement de l’Afrikakorps, le succès du débarquement en Afrique du Nord et

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