Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
était encore au premier rang quelques années auparavant : des extraits de revues spécialisées américaines laissaient supposer que là-bas la recherche nucléaire disposait de moyens techniques et financiers extrêmement importants. De ce fait l’Amérique possédait vraisemblablement déjà une avance qui, avec les possibilités révolutionnaires offertes par la fission nucléaire, pouvait avoir des conséquences incalculables.
    Après la conférence, je demandai à Heisenberg si la physique nucléaire pouvait permettre de fabriquer des bombes atomiques. Sa réaction ne fut nullement encourageante. Certes il me déclara que scientifiquement la chose était possible et qu’en théorie rien ne s’opposait à la mise au point de la bombe. En revanche il ne fallait pas compter réaliser les conditions techniques de la fabrication avant deux ans au plus tôt, à condition qu’on commence dès à présent à fournir à la recherche toute j’aide nécessaire. Heisenberg justifiait ce délai très long par plusieurs raisons, entre autres celle-ci : on disposait en Europe d’un seul cyclotron, situé à Paris, dont le rendement était d’ailleurs très faible, et qui par surcroît ne pouvait pas être utilisé à fond parce qu’il fallait observer le secret. Je lui proposai de mettre dans la balance toute l’autorité que je possédais en tant que ministre de l’Armement pour construire des cyclotrons aussi grands, voire plus grands que ceux qui existaient aux États-Unis ; mais Heisenberg m’objecta que notre manque d’expérience nous obligeait à ne construire pour commencer qu’un modèle relativement petit.
    Quoi qu’il en soit, le général Fromm accepta de libérer de leurs obligations militaires quelques centaines de scientifiques ; de mon côté j’invitai les chercheurs à me signaler quelles étaient les mesures à prendre, les subventions et les matières premières à fournir pour faire progresser la recherche nucléaire. Quelques semaines plus tard on nous demandait quelques centaines de milliers de marks, et on réclamait de l’acier, du nickel et d’autres métaux contingentés, mais en quantités insignifiantes ; les chercheurs réclamaient également la construction d’un bunker, la mise en place de quelques baraques, et ils voulaient que la priorité absolue soit donnée à toutes les expériences fixées et à la construction du premier cyclotron allemand, qui avait déjà commencé. Assez surpris par la modération dont ils faisaient preuve dans les exigences qu’ils présentaient, alors que cette affaire était d’une importance capitale, je portai le montant de la subvention de un à deux millions et promis de livrer les quantités correspondantes de matières premières. Apparemment il ne semblait pas possible pour le moment d’en traiter davantage  30  , en tout cas j’acquis l’impression que la bombe atomique ne pouvait plus avoir une très grande influence sur le déroulement présumé de la guerre.
    Connaissant bien le penchant de Hitler à promouvoir les entreprises les plus fantastiques et à réclamer pour cela des mesures déraisonnables, je ne l’informai que très brièvement de la conférence sur la fission nucléaire à laquelle j’avais assisté, et des mesures que nous avions prises pour soutenir la recherche scientifique  31  . Hitler obtint des renseignements plus complets et plus optimistes par l’intermédiaire de son photographe Heinrich Hofmann, qui était un ami de Ohnesorge, le ministre des Postes du Reich, et vraisemblablement aussi par Goebbels, Ohnesorge s’intéressait à la fission nucléaire et entretenait tout comme la SS, un service de recherche indépendant placé sous la direction du jeune physicien Manfred von Ardenne. Au lieu de se faire exposer les questions directement par les personnes compétentes, Hitler préférait se fier à des sources hasardeuses, à des informations colportées par des gens sans compétence : cela illustre une nouvelle fois sa tendance au dilettantisme et montre son peu d’intérêt pour la recherche scientifique fondamentale.
    A l’occasion, Hitler me parlait à moi aussi de la possibilité de mettre au point une bombe atomique, mais de toute évidence cette idée était au-dessus de ses facultés intellectuelles. Cela explique également qu’il ait été incapable de comprendre l’aspect révolutionnaire de la physique nucléaire. Dans mes conférences avec Hitler, qui ont été consignées en

Weitere Kostenlose Bücher