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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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écarta ces arguments avec plus de hauteur que de brutalité. Ainsi fut lancée la première attaque des « Tigres ». Tout le monde était impatient de connaître le résultat ; moi-même je me demandais avec quelque anxiété si du point de vue technique tout irait bien. Mais il n’y eut pas de dernier banc d’essai. Les Russes, dans leurs postes de canons antichars, laissèrent tranquillement les chars les dépasser pour faire mouche dans le blindage latéral plus mince du premier et du dernier des « Tigres ». Les quatre chars restants ne pouvaient plus ni avancer ni reculer, ni s’échapper latéralement dans les marais qui bordaient la route, et furent rapidement détruits à leur tour. Hitler ne fit aucun commentaire sur cet échec complet et n’y fit jamais plus allusion.
    Après avoir fait le point sur la situation à l’est, on en venait à examiner la situation à l’ouest, c’est-à-dire, à l’époque, en Afrique, et c’est le général Jodl qui faisait le rapport. Là encore Hitler avait tendance à intervenir dans les moindres questions de détails. Rommel l’irrita plus d’une fois par sa manière de faire, consistant à n’envoyer, souvent plusieurs jours de suite, que des rapports très vagues sur sa position et ses mouvements, ce qui aux yeux du quartier général revenait à les « camoufler », pour surprendre ensuite tout le monde en annonçant un changement complet de situation. Hitler éprouvait pour Rommel une sympathie personnelle et, malgré son mécontentement, fermait les yeux.
    En fait c’est Jodl, en sa qualité de chef de l’état-major chargé des opérations à l’O.K.W., qui aurait dû coordonner les opérations sur les différents fronts. Mais cette tâche, Hitler se l’était réservée, pour ensuite la négliger. Au fond, Jodl n’avait pas d’attributions bien définies. Pour trouver au moins un champ d’activité, l’état-major chargé des opérations prit la responsabilité du commandement dans certains secteurs du front, si bien qu’en fin de compte l’armée de terre avait à sa tête deux états-majors concurrents, entre lesquels Hitler exerçait son arbitrage, solution conforme au principe que j’ai souvent mentionné et qui consistait à diviser pour régner. De cette façon les états-majors rivaux se querellèrent de plus en plus violemment à mesure que la situation empirait, quand il s’agissait de transférer des divisions de l’est à l’ouest et vice versa.
    Quand on avait fait le point sur les opérations terrestres, on récapitulait les événements des dernières vingt-quatre heures intéressant l’aviation et la marine : généralement c’était l’officier de liaison ou l’aide de camp représentant ces armes qui faisaient le rapport, rarement le commandant en chef. Les attaques contre l’Angleterre, les bombardements subis par les villes allemandes étaient évoqués en style télégraphique, ainsi que les derniers succès obtenus dans la guerre sous-marine. Pour les questions relevant de la guerre aérienne et de la guerre maritime Hitler laissait aux commandants en chef les coudées franches ; il n’intervenait que rarement, du moins à cette époque, et uniquement pour donner son avis.
    Ensuite Keitel présentait à Hitler quelques documents à signer ; il s’agissait le plus souvent des « ordres de couverture » ; à la fois méprisés et redoutés, c’étaient des directives qui devaient couvrir Keitel ou toute autrepersonne contre d’éventuels reproches ultérieurs de Hitler. Je considérais à l’époque ce procédé comme une utilisation inadmissible de la signature de Hitler car, de cette manière, des idées ou des projets tout à fait incompatibles devenaient des ordres, ce qui avait pour résultat de créer la pagaille et la confusion.
     
    La présence de toutes ces personnes dans cette pièce relativement exiguë rendait l’atmosphère étouffante, de sorte que, comme presque tous les autres, je sentais rapidement la fatigue me gagner. Il existait bien un système de ventilation, mais il créait, comme disait Hitler, une « surpression » qui provoquait des maux de tête et une sensation d’abrutissement. C’est pourquoi on ne le mettait en marche qu’avant et après la conférence. La fenêtre restait généralement fermée, même par beau temps, et même pendant la journée les rideaux étaient tirés : toutes ces conditions créaient une atmosphère absolument accablante. Je

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