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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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jour-là, était tendue. Nous avions déjà plusieurs heures de retard, car à chaque gare importante on faisait une halte assez longue, pour brancher le câble téléphonique sur le réseau de la Reichsbahn, afin de recueillir les dernières nouvelles. Or, depuis les premières heures du matin, une puissante armada de transports de troupes, convoyés par de grosses formations d’escorteurs, pénétrait en Méditerranée par le détroit de Gibraltar.
    Autrefois, Hitler avait coutume d’apparaître à la fenêtre de son train spécial à chaque arrêt. Maintenant ces contacts avec le monde extérieur lui paraissaient fastidieux ; il faisait régulièrement baisser les stores des fenêtres qui donnaient sur le quai. Il était tard ce soir-là, et nous étions réunis avec Hitler autour d’une table richement garnie dans le wagon-salon lambrissé de palissandre, lorsqu’un train de marchandises s’arrêta le long de notre train, sans que personne d’entre nous y eût prêté attention : dans les wagons à bestiaux se trouvaient des soldats allemands qui revenaient du front est ; dans un état lamentable, blessés pour certains, ils regardaient, hagards, l’assemblée des convives. Hitler eut un haut-le-corps en apercevant à deux mètres de sa fenêtre ce lugubre spectacle. Sans esquisser un salut, sans même manifester la moindre réaction, il ordonna à son domestique de baisser les stores au plus vite. Ainsi se déroula l’une des rares rencontres que Hitler eut, pendant la seconde partie de la guerre, avec de simples soldats du front, semblables à celui qu’il avait été jadis.
    A chaque gare nous apprenions que le nombre des unités navales signalées en Méditerranée augmentait. Une opération d’une envergure sans précédent se développait. Finalement le détroit fut franchi par tous les bâtiments signalés par l’aviation de reconnaissance. Ils avançaient maintenant en Méditerranée, mettant le cap vers l’est. « Ceci est la plus grande opération de débarquement qui ait jamais eu lieu dans l’histoire mondiale », estima Hitler, plein de respect. Peut-être même songeait-il en cet instant que c’était contre lui qu’étaient dirigées des entreprises de cette importance. La flotte de débarquement resta jusqu’au lendemain matin au nord des côtes algériennes et marocaines.
    Dans le courant de la nuit, Hitler échafauda plusieurs hypothèses sur cette mystérieuse manœuvre : la plus vraisemblable, selon lui, était qu’il s’agissait d’une vaste opération destinée à fournir des renforts à l’offensive menée contre l’Afrika-Korps aux abois. Les unités navales, expliqua-t-il, se regroupaient simplement pour franchir le détroit séparant la Sicile et l’Afrique à la faveur de l’obscurité ; elles seraient ainsi protégées desattaques de l’aviation allemande. Ou alors déclara-t-il, et cela correspondait davantage à son goût des opérations militaires audacieuses, « l’ennemi va débarquer cette nuit même au centre de l’Italie ; à cet endroit il ne rencontrerait absolument aucune résistance, il n’y a pas de troupes allemandes et les Italiens prendront la fuite. Ainsi ils pourront couper l’Italie en deux. Que deviendra Rommel dans ce cas-là ? Il sera rapidement à bout. Il n’a pas de réserves et les renforts ne pourront plus passer ! » Hitler se laissait griser par la possibilité, qui lui était refusée depuis longtemps, d’imaginer des opérations de grande envergure et il se plaçait de plus en plus dans la situation de l’adversaire : « A leur place, j’occuperais Rome sans tarder et je formerais un nouveau gouvernement italien. Ou alors, troisième solution, j’utiliserais cette puissante flotte pour débarquer dans le sud de la France. Nous avons toujours été beaucoup trop coulants. Voilà le résultat, maintenant ! Nous n’avons là-bas ni fortifications ni aucune unité allemande. Nous n’avons rien, voilà notre erreur. Le gouvernement Pétain n’opposera évidemment aucune résistance ! » Il semblait oublier momentanément qu’il était le premier visé par toutes ces menaces mortelles qui s’amoncelaient.
    Les élucubrations de Hitler n’avaient rien à voir avec la réalité. Il ne lui serait jamais venu à l’idée qu’un pareil débarquement n’était pas forcément lié à quelque coup de main. Débarquer les troupes dans des positions sûres, à partir desquelles elles puissent se déployer

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