Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
d’indulgence, les « tenues baroques » de Göring qui, lorsqu’on ne le connaissait pas, faisaient un effet assez comique. Göring, dans sa tâche de commandant en chef de la Luftwaffe, n’avait pas été à la hauteur, mais cela n’avait nullement modifié son attitude extérieure. Beaucoup plus tard, au printemps 1945, au cours d’une conférence d’état-major, Hitler humilia son Reichsmarschall, en présence de tous les participants, de la façon la plus outrageante ; Göring confia alors à Below, colonel de la Luftwaffe et aide de camp de Hitler : « Speer avait raison de me mettre en garde. Bormann a fini par réussir. » Göring se trompait. Bormann était arrivé à ses fins dès le printemps 1943.
     
    Quelques jours plus tard, le 5 mars 1943, je me rendis au quartier général pour aller prendre des instructions concernant des questions d’armement. Mais le but principal de ma visite était de faire avancer notre alliance avec Göring et Goebbels. Je n’eus aucune difficulté à obtenir de Hitler une invitation pour Goebbels. Hitler était enchanté à l’idée de passer une journée avec le ministre de la Propagande, dont la compagnie agréable le distrairait de la morne solitude du quartier général.
    Goebbels arriva au quartier général trois jours après moi ; il commença par me parler en particulier et me demanda : « Dans quelles dispositions le Führer se trouve-t-il, monsieur Speer ? » Mon impression, répondis-je, était que Hitler était assez monté contre Göring. Je conseillai à Goebbels de rester sur la réserve. Il était sans doute préférable, dans un premier temps, de ne pas pousser l’affaire davantage ; moi-même, d’ailleurs, j’avais brièvement tâté le terrain mais je n’avais pas insisté. Goebbels acquiesça : « Vous avez probablement raison. Pour le moment il ne faut pas indisposer le Führer en lui parlant de Göring. Cela compromettrait tout ! »
    Les attaques aériennes des alliés, qui se succédaient sans interruption depuis des semaines, ne rencontraient presque aucune résistance, de sorte que la position de Göring, déjà ébranlée, continuait de s’affaiblir. Au seul nom de Göring, Hitler éclatait en diatribes virulentes sur les insuffisances de nos plans de guerre aérienne. Ce jour-là, Hitler nous fit part une nouvelle fois de son inquiétude : les bombardements, s’ils continuaient à ce rythme, ne détruiraient pas seulement nos villes, mais surtout ils porteraient au moral du peuple un coup irréparable. Hitler était alors victime de la même erreur que les stratèges britanniques de la guerre des bombes de l’autre côté de la Manche.
    Goebbels et moi, nous fûmes invités à déjeuner par Hitler. Curieusement il omettait, en de telles occasions, d’inviter également Bormann, dont par ailleurs il ne pouvait se passer. Sous ce rapport, il traitait Bormann purement et simplement comme un secrétaire. Stimulé par la présence de Goebbels, Hitler fut ce jour-là beaucoup plus vivant et communicatif que lors de mes autres séjours au quartier général. Il profita de l’occasion pour épancher son cœur et, comme cela se produisait la plupart du temps, il porta sur presque tous ses collaborateurs, sauf nous qui étions avec lui, des jugements défavorables.
    Après le repas Hitler me pria de me retirer : c’était en effet pour lui une règle que de faire la démarcation entre les différentes personnes et tes différents domaines. Il me congédia de quelques paroles aimables et resta seul avec Goebbels, avec lequel il s’entretint plusieurs heures. Je ne revins qu’à l’heure de la conférence militaire. Le soir nous étions de nouveau réunis pour le dîner. Hitler fit allumer le feu dans la cheminée, son domestique apporta pour nous une bouteille de vin, pour lui de l’eau de Fachingen. Nous restâmes ensemble jusqu’au petit matin, dans une atmosphère détendue, presque intime. Je n’eus guère l’occasion de parler, car Goebbels s’entendait à divertir Hitler. Il usa tour à tour de tous les registres : la grande éloquence, les phrases bien aiguisées, l’ironie employée au bon moment, l’admiration quand Hitler l’attendait, la sentimentalité quand le moment et le sujet l’exigeaient, les ragots, les histoires galantes. Il mêla tous les sujets avec un art consommé : le théâtre, le cinéma, le passé. Comme toujours, Hitler demanda aussi à Goebbels de lui parler de ses enfants et

Weitere Kostenlose Bücher