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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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des comptes. Sachant bien que Göring n’assisterait certainement pas aussi souvent aux réunions du Conseil, il proposa que celles-ci aient lieu toutes les semaines et ajouta incidemment qu’il pourrait très bien, au cas où Göring serait empêché, présider les séances en son nom 7  . Sans deviner le jeu de Goebbels, Göring acquiesça. Derrière le front de la grande bataille pour le pouvoir, les vieilles rivalités continuaient de couver.
     
    Depuis un certain temps déjà, le nombre des ouvriers que Sauckel prétendait avoir fournis à l’industrie et qu’il avait l’habitude de communiquer à Hitler à grand renfort d’explications fanfaronnes, ne concordait plus avec les chiffres réels indiqués par les entreprises. L’écart était de plusieurs centaines de mille. Je proposai aux membres de notre coalition d’unir nos forces pour contraindre Sauckel, l’agent de Bormann, à fournir des informations véridiques.
    Aux environs de Berchtesgaden, on avait construit, sur ordre de Hitler, un grand bâtiment dans le style rustique bavarois destiné à la Chancellerie du Reich dont le siège était à Berlin. C’est là que Lammers et ses collaborateurs directs continuaient à diriger les affaires de la Chancellerie, quand Hitler passait quelques mois à l’Obersalzberg. Göring demanda à Lammers, le maître des lieux, de convoquer notre groupe, ainsi que Sauckel et Milch, pour une conférence qui devait se tenir le 12 avril 1943 dans la salle de réunion de cette propriété. Avant la réunion, Milch et moi expliquâmes encore une fois à Göring quelles étaient nos exigences. Il se frotta les mains : « Je vais arranger cela comme vous le désirez ! »
    Pourtant une surprise nous attendait : nous vîmes entrer dans la salle Himmler, Bormann et Keitel, et, comble d’infortune, Goebbels, notre allié, s’excusa, faisant savoir qu’il avait été pris de coliques néphrétiques un peu avant d’arriver à Berchtesgaden, et était couché, malade, dans son wagon spécial. Je n’ai jamais réussi à savoir s’il avait tout simplement eu vent de quelque chose. Cette réunion signifia la fin de notre coalition. Sauckel ne voulut pas admettre qu’il fallait fournir à l’ensemble de l’économie 2 100 000 ouvriers, souligna le succès de son action, qui avait permis de couvrir tous les besoins, et laissa exploser sa colère lorsque je lui objectai que ses chiffres ne pouvaient pas être exacts  8  .
    Milch et moi, nous nous attendions à voir Göring demander à Sauckel des explications et l’engager à modifier sa politique de recrutement de la main-d’œuvre. Mais à notre grande consternation, le Reichsmarschall se lança dans une violente diatribe dirigée contre Milch et, indirectement, contre moi : il était incroyable de voir Milch mettre ainsi des bâtons dans les roues à cet excellent Sauckel, notre camarade du parti, qui se donnait tant de mal et avait obtenu de tels succès. Lui, Göring, en tout cas, se sentait le devoir de lui exprimer toute sa gratitude. Si Milch ne voyait pas les résultats obtenus par Sauckel, c’est qu’il avait un bandeau sur les yeux…on aurait cru que Göring s’était trompé de disque. Suivit une longue discussion sur les ouvriers qui manquaient dans les usines et chacun des ministres présents intervint, sans connaître le problème, pour expliquer cet écart entre les chiffres de Sauckel et ceux des entreprises. Himmler déclara fort posément que les centaines de milliers d’ouvriers qui manquaient étaient peut-être morts.
    Cette réunion fut un véritable fiasco. Non seulement elle n’apporta aucun éclaircissement sur la question de la main-d’œuvre manquante, mais elle signifiait aussi l’échec de notre combat contre Bormann, qui avait été si superbement engagé.
    Après la conférence, Göring me prit à part : « Je sais que vous vous entendez bien avec Milch, mon secrétaire d’État, et que vous travaillez en étroite collaboration avec lui. Mais je voudrais, à titre tout à fait amical, vous mettre en garde contre lui. On ne peut pas avoir confiance en lui et, quand ses intérêts sont en jeu, même ses meilleurs amis ne comptent plus. » Je rapportai aussitôt cette réflexion à Milch qui éclata de rire : « Göring m’en a dit autant sur ton compte il n’y a pas si longtemps. » En essayant de semer la méfiance, Göring prenait le contre-pied de ce que nous avions décidé d’un commun accord,

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