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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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directions des divisions qui étaient à bout de forces et n’avaient plus ni armes ni munitions ; souvent les délais qu’il prévoyait pour ces mouvements n’avaient aucun rapport avec les possibilités réelles. Il ordonnait que toutes les troupes soient mises en ligneimmédiatement, si bien que les détachements avancés allaient au feu avant que les unités puissent présenter un front uni : elles se heurtaient alors à l’ennemi, étaient divisées, puis peu à peu anéanties.
    Le centre de transmissions du quartier général était un modèle pour l’époque. Il permettait de joindre immédiatement tous les grands théâtres d’opérations. Mais Hitler accordait une trop grande importance à cette possibilité d’utiliser le téléphone, la radio et le télex. De plus, l’utilisation de cet instrument privait les généraux responsables de toute possibilité d’agir de leur propre initiative, comme dans les guerres d’autrefois, car Hitler intervenait sans relâche dans le secteur du front qu’ils occupaient. Grâce au service des transmissions, Hitler pouvait depuis sa table, dans la salle de conférences, commander toutes les divisions sur tous les champs de batailles. Plus la situation se dégradait, plus cet instrument de la technique moderne contribuait à accentuer le divorce entre la réalité et la fantaisie qui présidait à la conduite des opérations à cette table.
    Intelligence, ténacité, nerfs d’aciers étaient, d’après Hitler, les principales qualités requises pour diriger les opérations militaires, et il croyait pouvoir se targuer de posséder toutes ces qualités à un degré bien supérieur à celui de ses généraux. Après la catastrophe de l’hiver 1941-1942, il n’avait cessé de prédire qu’il faudrait encore surmonter des situations très périlleuses ; c’est alors, disait-il, qu’on verrait qu’il avait les nerfs solides et qu’il était ferme comme un roc  8  .
    De telles déclarations étaient passablement humiliantes pour les officiers présents ; souvent, Hitler ne craignait pas de lancer à la tête des officiers d’état-major qui se trouvaient avec lui les propos les plus outrageants, il les accusait de manquer de fermeté, d’être toujours prêts à battre en retraite, à abandonner sans raison le terrain conquis. Jamais ces poltrons de l’état-major général n’auraient eu le courage d’entrer en guerre. Toujours ils avaient essayé de le dissuader, toujours ils avaient déclaré que nos armées étaient beaucoup trop faibles. A qui les victoires donnaient-elles raison, sinon à lui ? Et il énumérait une fois de plus les succès militaires remportés malgré l’avis défavorable exprimé préalablement par l’état-major général ; quand on pensait à la manière dont les choses avaient évolué entre-temps, on croyait rêver. Il lui arrivait alors de perdre tout contrôle sur lui-même : il s’emportait brusquement, devenait cramoisi, et il se mettait à vociférer des paroles qui se précipitaient dans sa bouche : « Non seulement ce sont des poltrons notoires, mais en plus de cela ils mentent. Des menteurs notoires, voilà ce qu’ils sont. La formation de l’état-major général est l’école du mensonge et de la fourberie. Zeitzler, ces renseignements sont faux ! Vous aussi, on vous trompe ! Vous pouvez me croire, on fait exprès de nous dire que la situation se dégrade, mais c’est uniquement pour m’amener à battre en retraite ! » Évidemment Hitler donnait l’ordre de maintenir le tracé du front coûte que coûte, et bien sûr, quelques jours ou quelques semaines plus tard, nos positions étaient enfoncées par les forces soviétiques. C’étaient alors de nouvelles explosions de fureur accompagnées de nouvelles injures à l’adresse des officiers et de jugements sévères sur la valeur des soldats : « Les soldats de la Première Guerre mondiale étaient autrement courageux ! Quand on songe à tout ce qu’ils ont enduré à Verdun et sur la Somme. Ceux d’aujourd’hui décamperaient en pareil cas ! » Beaucoup des officiers qu’il outrageait ainsi devaient faire partie du complot du 20 juillet, que des signes avant-coureurs annonçaient. Autrefois Hitler avait fait preuve d’une finesse et d’un discernement qui lui faisaient trouver les mots les mieux adaptés à son entourage du moment. Maintenant il n’observait plus aucune retenue et ne savait plus se dominer. Rien ne pouvait

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