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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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manifestait cette tendance à fuir devant la réalité qui est caractéristique de la fin de la vie de Hitler.
    On avait construit à Rastenburg, dans le périmètre de la zone de sécurité n° 1, un pavillon de thé dont le mobilier mettait une note agréable dans le décor austère du quartier général. On s’y réunissait à l’occasion pour boire un vermouth, et c’est là que les maréchaux attendaient le début de la conférence avec Hitler. Ce dernier y venait rarement, évitant ainsi la compagnie des généraux et des officiers d’état-major du commandement suprême de la Wehrmacht. Un après-midi pourtant, peu de temps après la chute sans gloire du fascisme en Italie, le 25 juillet 1943, et la nomination de Badoglio à la tête du gouvernement italien, Hitler prenait le thé avec une dizaine de ses adjoints politiques et militaires, parmi lesquels se trouvaient Keitel, Jodl et Bormann. Soudain, à la surprise générale, Jodl laissa tomber : « En fait, le fascisme s’est complètement volatilisé, comme une bulle de savon. » Il y eut un moment de silence et d’effroi, jusqu’à ce que l’un des assistants entame un autre sujet, tandis que Jodl, visiblement effrayé par ses propres paroles, rougissait jusqu’aux oreilles.
    Quelques semaines plus tard, le prince Philippe de Hesse fut invité au quartier général. C’était parmi ses partisans un de ceux que Hitler avait toujours traité avec déférence et respect. Philippe lui avait souvent été utile et avait servi, surtout dans les premières années du Reich, de médiateur avec les chefs du fascisme italien. En outre, Hitler devait à ses bons offices d’avoir pu acheter en Italie de précieux objets d’art : grâce à ses liens familiaux avec la famille royale italienne, le prince avait pu faire venir ces objets d’Italie.
    Lorsque le prince, après avoir passé quelques jours à Rastenburg, voulut repartir, Hitler lui déclara sans ménagement qu’il ne devait pas quitter le quartier général. Il continua certes de le traiter avec toutes les marques de la plus extrême politesse et l’invita à sa table ; mais l’entourage de Hitler, qui auparavant avait tant apprécié de pouvoir s’entretenir avec un « vrai prince », évitait maintenant sa compagnie, comme s’il eût été atteint de quelque maladie contagieuse. Le 9 septembre, le prince Philippe et sa femme, la princesse Mafalda, qui était la fille du roi d’Italie, furent jetés sur l’ordre de Hitler dans un camp de concentration.
    Des semaines après, Hitler se glorifiait encore d’avoir soupçonné à temps que le prince Philippe transmettait des renseignements à la maison royale italienne. Il l’avait lui-même observé et avait donné l’ordre de surveiller ses conversations téléphoniques ; on avait alors découvert qu’il communiquait à sa femme des chiffres de code. Il avait néanmoins continué à lui manifester une extrême amabilité, cela avait fait partie de sa tactique, déclara-t-il, visiblement heureux de son succès, digne d’un grand détective.
    L’arrestation du prince et de sa femme venait rappeler à tous ceux qui, comme eux, étaient les proches de Hitler, qu’ils s’étaient irrémédiablement jetés dans ses griffes. Chacun sentit confusément que Hitler pouvait recourir à la même méthode vile et sournoise pour épier tous ceux de son entourage et leur réserver un sort identique, sans qu’ils aient la moindre possibilité de se justifier.
     
    Depuis que Mussolini avait apporté son soutien à Hitler à l’occasion de l’affaire autrichienne, les liens qui s’étaient créés entre les deux hommes nous paraissaient à tous constituer le symbole même d’une relation d’amitié. La chute du chef d’État italien, qui avait disparu ensuite sans laisser de traces, sembla éveiller en Hitler une sorte de fidélité digne des héros des vieilles épopées. Il ne cessa, durant les conférences d’état-major, d’exhorter ses collaborateurs à tout mettre en œuvre pour retrouver l’ami disparu. Il disait que cette perte était pour lui un cauchemar qui le tourmentait jour et nuit.
    Une conférence avait été fixée au 12 septembre 1943 au quartier général ; j’étais invité à y participer avec les Gauleiter du Tyrol et de la Carinthie. On rédigea un acte stipulant d’une part que le sud du Tyrol, ainsi que la partie de l’Italie qui s’étendait jusqu’à Vérone, tomberaient sous la tutelle

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