Au Coeur Du Troisième Reich
administrative de Hofer, le Gauleiter du Tyrol, et d’autre part que de grandes parties de la Vénétie, y compris Trieste, attenantes à la région deCarinthie, seraient placées sous l’autorité administrative du gauleiter Rainer. Quant à moi, j’obtins sans peine ce jour-là que dans le reste du territoire italien on enlève aux autorités italiennes la responsabilité de toutes les questions relatives à l’armement et à la production, pour les placer sous mon autorité. Aussi la surprise fut-elle de taille quand, quelques heures après la signature de ces trois décrets, on apprit que Mussolini avait été délivré. Tout comme moi, les deux Gauleiter voyaient réduit à néant l’accroissement de pouvoir qu’ils venaient de conquérir : « Le Führer ne peut tout de même pas demander une pareille chose au Duce ! » se disaient-ils. Je rencontrai Hitler un peu plus tard et lui proposai d’annuler la décision qui étendait mes attributions. Je pensais recevoir son approbation, mais je fus fort surpris de l’entendre refuser énergiquement et déclarer que le décret restait valable. Je lui fis alors observer que si un nouveau gouvernement fasciste était constitué et placé sous l’autorité de Mussolini, ce décret constituerait une atteinte à la souveraineté de l’Italie et devrait être abrogé. Après un instant de réflexion il décida : « Présentez-moi un nouvel exemplaire du décret pour signature, mais daté de demain. Comme cela il n’y aura pas à craindre que la libération du Duce fasse obstacle à mes ordres 10 . » Hitler avait sans aucun doute été averti, plusieurs jours avant cette amputation de l’Italie du Nord, qu’on avait découvert l’endroit où le Duce était séquestré. On est tenté de penser que c’est justement parce que la libération de Mussolini était imminente que nous avions été convoqués si vite au quartier général.
Le lendemain Mussolini arriva à Rastenburg. Hitler l’embrassa avec une sincère émotion. Pour l’anniversaire du Pacte tripartite, il adressa au Duce, à celui à qui l’unissaient « les liens de l’amitié… les vœux les plus chaleureux pour l’avenir de l’Italie, à qui le fascisme a rendu l’honneur et la liberté ».
Il venait d’amputer l’Italie quinze jours plus tôt.
22.
Déclin
Les résultats ascendants de notre production d’armements renforcèrent ma position jusqu’à l’automne 1943, Lorsque nous eûmes tiré à peu près tout le parti possible des ressources de l’industrie allemande, je tentai d’exploiter au profit de notre industrie le potentiel des pays européens qui étaient soumis à notre influence 1 . Au début Hitler avait hésité à mobiliser le potentiel industriel des pays occidentaux. Plus tard il souhaita même que les territoires occupés de l’Est soient désindustrialisés car, prétendait-il, l’industrie était un facteur favorable au développement du communisme et elle suscitait l’apparition d’une intelligentsia indésirable. Mais les conceptions de Hitler s’étaient bientôt révélées impuissantes à modifier la réalité des conditions économiques dans les pays occupés. Lui-même était suffisamment capable de penser concrètement pour apercevoir tout le bénéfice que nous retirerions d’une industrie intacte pour l’approvisionnement de nos troupes.
La France était, de tous les pays occupés, le plus important. Jusqu’au printemps de l’année 1943, nous avions tiré fort peu de profit de la production industrielle française. Le recrutement forcé de la main-d’œuvre, organisé par Sauckel, nous avait apporté plus de déboires que d’avantages. En effet, pour échapper au travail obligatoire, les ouvriers français prenaient la fuite et quittaient leurs usines, dont une bonne partie travaillaient pour notre armement. En mai 1943, je me plaignis pour la première fois auprès de Sauckel. En juillet 1943, lors d’une conférence qui se tint à Paris, je proposai que les usines françaises, du moins celles qui travaillaient pour notre compte, bénéficient d’une protection contre l’action de Sauckel 2 .
Le projet que nous avions conçu, mes collaborateurs et moi, consistait à faire fabriquer par la France, mais aussi par la Belgique et la Hollande, les biens destinés à la population civile d’Allemagne, tels que vêtements, chaussures, textiles, meubles, pour mettre les usines qui produisaient ces biens en Allemagne à
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