Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
d’insubordination dans les affaires administratives du pays  9  .
     
    Le 6 octobre 1943 je prononçai un discours devant les Reichsleiter et les Gauleiter. Les réactions qu’il suscita devaient révéler que pour moi le vent tournait. Mon discours avait pour but d’ouvrir les yeux des dirigeants politiques du Reich sur la réalité de la situation, de leur ôter l’espoir que la mise en service d’une grande fusée était pour bientôt, et enfin de leur montrer que c’était maintenant l’ennemi qui décidait de notre production. Il était grand temps de modifier les structures économiques de l’Allemagne qui étaient encore enpartie celles d’un pays en paix ; sur les six millions de personnes qui travaillaient pour l’industrie des biens de consommation, il fallait affecter un million et demi de travailleurs aux industries d’armement, les biens de consommation seraient désormais produits en France. Je concédai que cette procédure permettrait à la France de repartir sur une base favorable après la guerre. « Mais je suis d’avis, déclarai-je devant l’assistance qui m’écoutait comme pétrifiée, que si nous voulons gagner cette guerre, nous devons être les premiers à consentir des sacrifices. »
    La suite de mon discours, sans doute un peu trop brutale, fut ressentie par les Gauleiter présents comme une provocation encore plus intolérable : « Je vous prie de noter ceci : certains Gaue se sont jusqu’alors refusés à interrompre la production de certains biens de consommation ; cela ne peut plus être toléré et ne sera plus toléré. Je déciderai donc moi-même la fermeture des usines en question, quand les Gaue ne se conformeront pas à mes directives dans les quinze jours. Et je peux vous assurer que je suis décidé à faire respecter coûte que coûte l’autorité du Reich. J’ai parlé de cela avec le Reichsführer SS Himmler et dorénavant je prendrai envers les Gaue qui n’exécuteront pas ces mesures les dispositions qui s’imposent. »
    Les Gauleiter furent certainement moins choqués par la politique d’austérité que j’envisageais de mener, que par les deux dernières phrases. A peine avais-je terminé mon discours que quelques-uns d’entre eux, furieux, se précipitèrent sur moi, conduits par Bürkel, l’un des plus anciens ; gesticulant et vociférant, ils me reprochèrent de les avoir menacés de les envoyer dans un camp de concentration. Pour rectifier au moins ce dernier point, je demandai à Bormann de me donner la parole encore une fois. Mais ce dernier refusa d’un signe de la main. L’air mielleux, il m’assura que cela n’était nullement nécessaire, car il n’y avait aucun malentendu.
    Le soir de cette réunion, plusieurs des Gauleiter, qui n’avaient pas lésiné sur l’alcool, durent se faire aider pour arriver jusqu’au train spécial qui devait les amener pendant la nuit au quartier général. Le lendemain matin, je demandai à Hitler d’adresser à ses collaborateurs politiques quelques mots, pour les inciter à plus de tempérance ; mais comme toujours, il ménagea la susceptibilité de ses compagnons des premières années. Par ailleurs, Bormann avertit Hitler de l’altercation que j’avais eue avec les Gauleiter  10  . Hitler me laissa entendre que ces derniers étaient tous furieux contre moi, sans me donner davantage de précisions. Il apparut bientôt clairement que Bormann avait réussi, ou du moins commencé, à miner le crédit dont je jouissais auprès de Hitler. Il continuait inlassablement son travail de sape, pour la première fois non sans succès. Et c’était moi qui lui en avais fourni l’occasion. A compter de ces jours-là, la loyauté de Hitler à mon endroit cessa de m’être acquise automatiquement.
    Himmler avait promis de s’employer à faire respecter les directives émanant des autorités du Reich : je ne tardai pas à m’apercevoir de ce que valait cette promesse. Je lui fis parvenir les dossiers relatifs à certaines affaires, à propos desquelles subsistait entre quelques Gauleiter et moi un total désaccord. Je restai sans nouvelles pendant plusieurs semaines. Un jour pourtant, Stuckart, le secrétaire d’État de Himmler, embarrassé, m’avisa que le ministre de l’Intérieur avait tout bonnement transmis les dossiers à Bormann et que la réponse de ce dernier était arrivée depuis peu de temps. Toutes les affaires en question, disait Bormann, étaient revues par les

Weitere Kostenlose Bücher