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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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chance qui leur était offerte de pouvoir, en pleine période de guerre, faire redémarrer la production et obtenir les mêmes résultats qu’en temps de paix. Avec la collaboration du commandant militaire pour la France, on institua dans l’ensemble du pays des « usines protégées  49  » ; une affiche qui, portant ma signature en fac-similé, m’engageait personnellement, stipulait expressément que tous les ouvriers occupés par ces usines étaient à l’abri de la mainmise de Sauckel. Mais il fallut aussi renforcer l’industrie de base de la France, assurer les transports et l’alimentation, de sorte que, pour finir, presque toutes les entreprises importantes, 10 000 en tout à la fin, se trouvèrent protégées contre l’action de Sauckel.
    Bichelonne et moi, nous passâmes le week-end dans la maison de campagne de mon ami Arno Breker. Au début de la semaine suivante, je mis les collaborateurs de Sauckel au courant des accords qui avaient été conclus. Je les invitai à s’efforcer dorénavant d’inciter les ouvriers français à aller travailler dans les entreprises françaises. Leur nombre serait imputé sur le « contingent affecté à l’armement allemand 6   ».
    Dix jours plus tard j’étais au quartier général, afin de faire mon rapport à Hitler avant Sauckel ; en effet, comme l’expérience me l’avait appris, l’avantage allait à celui qui pouvait présenter ses arguments le premier. Effectivement Hitler se déclara satisfait, il approuva les accords que j’avais conclus et déclara même que l’éventualité de voir surgir des troubles et des grèves qui freineraient la production était un risque à courir 7  . Cela signifiait l’arrêt presque total de l’action que Sauckel menait en France. Jusqu’alors 50 000 ouvriers avaient été déportés chaque mois en Allemagne : ce nombre fut bientôt ramené à 5 000 8  . Quelques mois plus tard, le 1 er  mars 1944, Sauckel rapportait plein d’amertume : « Mes services en France m’ont dit : "Ici tout est fini ! Inutile de continuer à faire quelque chose !…" Dans toutes les préfectures on affirme : les ministres Bichelonne et Speer ont conclu un accord. Laval m’a dit : "Maintenant je ne fournis plus de main-d’œuvre à l’Allemagne !" » Peu de temps après, j’agis selon le même principe vis-à-vis de la Hollande, de la Belgique et de l’Italie.
    Le 20 août 1943, Heinrich Himmler avait été nommé ministre de l’Intérieur du Reich. Certes il avait été jusqu’à cette date le Reichsführer de la SS et celle-ci intervenait dans tous les domaines, on la définissait comme « un État dans l’État » ; mais sa qualité de chef de la police faisait curieusement de Himmler un subordonné du ministre Frick.
    La puissance des Gauleiter, qui étaient protégés par Bormann, avait contribué à diviser l’autorité de l’État. Parmi les Gauleiter, on pouvait distinguer deux groupes : il y avait d’une part les anciens, ceux qui étaient en place avant 1933 ; ils étaient tout bonnement incapables de diriger un appareil administratif. En face d’eux, on avait vu monter au cours des années une nouvelle catégorie de Gauleiter formés à l’école de Bormann ; jeunes, nantis pour la plupart d’une formation juridique, issus des cadres de l’administration, ils avaient les qualifications requises pour renforcer systématiquement l’influence du parti dans l’État.
    Hitler avait institué dans son régime un certain nombre de systèmes à deux voies. La fonction de Gauleiter relevait de ces systèmes : en leur qualité de fonctionnaires du parti, ils étaient placés sous l’autorité de Bormann, mais leur responsabilité nationale de « commissaires à la défense du Reich » en faisait les subordonnés directs du ministre de l’Intérieur. Tant que ce dernier avait été le pusillanime Frick, Bormann n’avait rien eu à craindre de cette disposition. Mais les observateurs de la scène politique supputaient qu’en la personne de Himmler, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bormann trouverait un sérieux concurrent.
    Je partageais moi aussi cette opinion et je fondais beaucoup d’espoirs sur la puissance de Himmler. J’espérais surtout qu’il saurait s’opposer à Bormann pour enrayer le délabrement progressif de l’administration du Reich. D’ailleurs Himmler me promit immédiatement de demander des comptes à ceux des Gauleiter qui feraient preuve

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