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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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était moins urgente et la capacité de transport des stocks de nickel emmagasinés augmenta. Le soir, au beau milieu d’une forêt sauvage, loin du lac Inari, des bûcherons allemands et lapons s’étaient rassemblés autour d’un grand feu ; empilé dans les règles de l’art, le bois qui brûlait nous réchauffait et nous éclairait, et Sigfried Bornes ouvrit la soirée en nous jouant la célèbre chaconne de la Partita en ré mineur de Bach. A la fin, nous partîmes à ski pour une randonnée nocturne de plusieurs heures qui nous mena à un camp de tentes des Lapons. Mais cette nuit idyllique que je voulais passer sous la tente à contempler, par moins trente, l’aurore boréale, se termina autrement, car le vent tourna et les deux parties de la tente furent envahies par la fumée. Je sortis à l’air libre et à trois heures du matin je m’étendis pour dormir dans mon sac de couchage en peau de renne. Le lendemain matin je ressentis une douleur subite dans le genou. Quelques jours plus tard j’étais de retour au quartier général de Hitler. Sur l’initiative de Bormann, il avait convoqué les ministres les plus importants pour une grande réunion, au cours de laquelle devait être établi le programme de la main-d’œuvre pour l’année 1944 ; à cette occasion Sauckel devait exposer tous les griefs qu’il avait à faire valoir contre moi. La veille de cette séance, je proposai à Hitler de discuter au cours d’une réunion qui serait présidée par Lammers les points litigieux que nous pouvions régler par nous-mêmes. Hitler me rabroua très brutalement et me déclara d’un ton glacial qu’il ne tolérait pas qu’on veuille ainsi influencer les participants à la réunion. Il n’avait aucune envie d’entendre exposer des opinions toutes prêtes et voulait prendre lui-même les décisions.
    Après avoir essuyé cette rebuffade, j’allai trouver Himmler en compagnie de mes conseillers techniques ; le maréchal Keitel était venu lui aussi, comme je l’avais demandé  21  . Je voulais convenir avec eux d’une tactique commune afin d’empêcher la reprise des déportations organisées par Sauckel dans les pays occidentaux occupés. En effet Keitel, qui était le chef et le supérieur hiérarchique de tous les commandants en chef des territoires occupés, et Himmler, qui était responsable des forces de police chargées de faire régner l’ordre, redoutaient une recrudescence de l’activité de la résistance. Nous tombâmes d’accord pour décider que tous deux expliqueraient au cours de la réunion qu’ils ne disposaient pas des organes d’exécution nécessaires pour mettre en œuvre les nouvelles mesures de déportation décidées par Sauckel. J’espérais réaliser mon intention, qui était de mettre un terme définitif aux déportations et de mobiliser plus radicalement les réserves de main-d’œuvre de l’Allemagne, en particulier les femmes allemandes. Mais apparemment Bormann avait « préparé » Hitler tout comme je venais de faire avec Himmler et Keitel. Hitler nous salua avec froideur, sans aucune courtoisie : tous les participants comprirent qu’il était de mauvaise humeur. Quand on le connaissait, on savait qu’il fallait éviter, lorsque les choses se présentaient si mal, de poser des réclamations qui risquaient d’être mal accueillies. Moi aussi ce jour-là j’aurais laissé dans ma serviette mes dossiers concernant les revendications qui me tenaient à cœur et je ne lui aurais soumis que des problèmes anodins. Mais il n’était plus possible d’éviter le sujet prévu à l’ordre du jour.
    Irrité, Hitler me coupa bientôt la parole : « Je vous interdis, monsieur Speer, de tenter une nouvelle fois d’anticiper le résultat d’une réunion. C’est moi qui dirige cette conférence, c’est moi qui déciderai en dernier ressort et pas vous ! Tenez-vous-le pour dit ! » Personne ne pouvait se permettre de braver Hitler quand il était dans une humeur aussi massacrante. Mes alliés, Keitel et Himmler, ne songeaient plus à ce qu’ils avaient prévu de dire. Bien au contraire ils assurèrent Hitler avec empressement qu’ils feraient tout pour soutenir le programme de Sauckel. Hitler demanda alors aux ministres présents quels étaient leurs besoins de main-d’œuvre pour l’année 1944, nota soigneusement par écrit le montant des effectifs qu’ils réclamaient, additionna lui-même les chiffres et s’adressa à Sauckel  22   :

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