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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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l’océan Glacial. De là nous partîmes visiter des postes avancés sur la presqu’île des Pêcheurs : c’était le secteur du front le plus éloigné vers le nord, le plus inhospitalier, il n’était qu’à quatre-vingts kilomètres de Mourmansk. Une solitude oppressante nous environnait, et une lumière blafarde, tirant sur le vert, dont les rayons obliques perçaient des nuées de brouillard et de neige, éclairait un paysage dénudé, pétrifié, où tout était comme mort. Nous avancions lentement sur nos skis, accompagnés du général Hengl, et nous arrivâmes avec peine jusqu’aux postes avancés. L’une des unités qui occupaient ces positions me démontra l’efficacité de notre mortier de 150 sur une casemate soviétique. C’était la première fois que j’assistais à un exercice de tir réel. J’avais bien assisté une fois, au cap Gris-Nez, à un exercice de tir de l’une des batteries de canons lourds que nous avions là-bas. Les soldats étaient censés tirer sur Douvres, qui était située juste en face, mais le commandant de la batterie m’avait expliqué ensuite qu’en réalité il avait fait tirer dans la mer. Ici, au contraire, l’obus fit mouche et les poutres de l’abri soviétique volèrent en éclats. Aussitôt, juste à côté de moi, un caporal s’effondra sans un cri ; un tireur d’élite soviétique avait tiré dans la fente de visée de la plaque de blindage et l’avait touché à la tête. C’était la première fois, si étonnant que cela paraisse, que j’étais confronté avec la réalité de la guerre. Alors que jusqu’à ce jour je ne connaissais notre mortier que comme une réalisation technique utilisable pour l’avoir vu fonctionner sur le champ de tir, je m’apercevais soudain que cet engin, que je ne connaissais que d’un point de vue théorique, tuait des êtres humains.
    Au cours de ce voyage j’entendis les officiers et les soldats faire chorus pour se plaindre d’être insuffisamment pourvus en armes légères d’infanterie. Ils regrettaient en particulier de ne pas posséder un pistolet mitrailleur efficace ; les soldats s’arrangeaient pour utiliser les modèles capturés aux Russes.
    Le responsable à incriminer était Hitler. L’ancien caporal d’infanterie de fa Première Guerre mondiale restait un adepte de l’arme qui lui était familière, le fusil. Durant l’été 1942, il s’était opposé à notre proposition de doter l’infanterie d’un pistolet mitrailleur qui était déjà au point et il avait décrété que le fusil était mieux adapté aux besoins de l’infanterie. Son expérience de la guerre des tranchées avait entraîné une autre conséquence, comme je m’en apercevais maintenant dans la pratique : il attribuait une telle prépondérance aux armes lourdes et aux chars qui l’avaient jadis impressionné, que la mise au point et la fabrication des armes d’infanterie s’en trouvaient négligées.
    Dès mon retour je tentai de remédier à ce défaut. Début janvier l’état-major de l’armée de terre et le commandant en chef de l’armée de l’intérieur mirent au point un programme d’armement pour l’infanterie, en définissant des objectifs précis. Hitler, qui était son propre expert pour les problèmes d’armement intéressant l’armée, donna son accord, mais seulement au bout de six mois, pour nous faire ensuite des reproches quand notre programme ne fut pas réalisé dans le délai fixé. En l’espace de neuf mois, nous réalisâmes dans ce domaine fort important un accroissement considérable de la production ; en ce qui concerne les pistoletsmitrailleurs (modèle appelé Sturmgewehr ), la production antérieure, minimale il est vrai, fut multipliée par vingt  20  . Nous aurions pu obtenir ces résultats deux années plus tôt, car en ce domaine nous avions la possibilité d’exploiter des capacités de production qui n’étaient pas mobilisées par la fabrication des armements lourds.
     
    Le lendemain je visitai les mines de nickel de Kolosjokki, notre unique source de nickel : c’était le véritable but de mon voyage. Là, je m’aperçus que le minerai de nickel s’entassait sur le carreau de la mine, sans être évacué, alors que pendant ce temps nos moyens de transports étaient mobilisés pour la construction d’une centrale qui devait être protégée des bombardements par des installations en béton. J’en profitai pour décréter que la construction de la centrale

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