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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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les tentatives d’opposition de Saur, s’était appropriée le konzern hongrois Manfred-Weiss, une importante entreprise d’armement. Autour de ce konzern, Himmler voulait, comme il me l’expliqua, édifier systématiquement et en l’étendant toujours davantage un konzern économique. Il voulait que je lui désigne un spécialiste pour la construction de cette entreprise gigantesque. Après un bref instant de réflexion, je lui proposai Paul Pleiger qui avait édifié de grandes aciéries pour le Plan de quatre ans et qui, en raison de ses nombreuses relations avec le monde de l’industrie, ne lui rendrait pas la tâche facile pour étendre trop fortement et trop cyniquement son konzern. Mon conseil pourtant ne plut pas à Himmler ; par la suite il ne me parla plus de ses projets.
    Les proches collaborateurs de Himmler, Pohl, Jüttner et Berger, en dépit de l’opiniâtreté implacable dont ils faisaient preuve dans les discussions, n’étaient pas vraiment méchants : ils respiraient cette banalité qui semblesupportable au premier coup d’œil. Deux autres de ses collaborateurs en revanche, exhalaient, cette froideur qui émanait de leur chef : Heydrich était blond tout comme Kammler, ils avaient les yeux bleus, le crâne allongé, ils étaient bien élevés et toujours habillés correctement ; tous deux étaient capables à tout moment de prendre des décisions inattendues qu’ils savaient imposer avec une rare ténacité contre toutes les résistances. Himmler, en s’attachant Kammler, avait fait un choix significatif. Car malgré son attachement forcené à l’idéologie, lorsqu’il s’agissait de son personnel, il n’attachait aucune importance à une appartenance très ancienne au parti ; il lui importait davantage d’avoir trouvé un homme énergique, qui comprenait rapidement les choses et faisait preuve d’un zèle à toute épreuve. Au printemps 1942, il avait nommé cet homme, qui avait été jusqu’à cette date un haut fonctionnaire responsable des constructions au ministère de l’Air, directeur du service chargé des constructions de la SS et, à l’été 1943, il l’affecta au programme de construction des fusées. Au cours de la collaboration qui s’ensuivit, le nouvel homme de confiance de Himmler se révéla un calculateur froid et brutal, un fanatique qui savait calculer et poursuivre son but avec autant de soin que d’absence de scrupules.
    Himmler le surchargeait de missions à remplir, profitait de toutes les occasions pour lui faire approcher Hitler. Le bruit courut bientôt que Himmler s’efforçait de faire de Kammler mon successeur 21  . A l’époque, l’objectivité froide de Kammler me plaisait : de nombreuses tâches à exécuter en firent mon partenaire, sa position présumée mon concurrent ; nous avions, dans notre carrière et notre façon de travailler, bien des points communs : comme moi, il était issu d’une famille de la bonne bourgeoisie, et avait achevé ses études universitaires, comme moi, il avait été découvert grâce à son activité dans le domaine de la construction et fait une carrière rapide dans des domaines qui n’avaient au fond aucun rapport avec sa propre spécialité.
    Durant la guerre, la capacité de production des entreprises économiques dépendait dans une large mesure du nombre d’ouvriers dont elles disposaient. Dès le début des années 40 et ensuite à un rythme de plus en plus rapide, la SS commença à édifier en secret des camps de travail et à se préoccuper de les remplir. Dans une lettre datée du 7 mai 1944, Schieber, l’un de mes directeurs généraux, attira mon attention sur le fait que la SS s’appliquait à faire usage de son droit de disposer des travailleurs pour les mettre au service de son expansion économique. En outre, la SS montrait de moins en moins de scrupules à soustraire à nos usines un grand nombre de travailleurs étrangers, en prenant pour prétextes les infractions mineures qu’ils pouvaient commettre pour arrêter les délinquants et les transférer dans ses propres camps 22  . Mes collaborateurs évaluèrent à 30 ou 40 000 le nombre des ouvriers qui nous furent ainsi retirés tous les mois au printemps 1944. C’est pourquoi je déclarai à Hitler au début de juin 1944 que je « ne pouvais supporter la disparition de 500 000 travailleurs par an… et cela d’autant plus qu’il s’agissait souvent d’ouvriers spécialisés que nous avions eu toutes les peines

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