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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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détenus. L’industrie n’aurait à lui fournir que la direction de l’entreprise et les ingénieurs. Hitler approuva ce projet, Saur et moi n’eûmes pas le choix, d’autant que nous ne pouvions présenter aucune solution plus satisfaisante  1   3  .
    Nous dûmes donc engager des pourparlers avec le commandement de la SS pour établir les statuts d’une entreprise commune, baptisée « Mittelwerk  51  ». Non sans hésitation, mes collaborateurs se mirent au travail ; leurs craintes se virent bientôt confirmées. Certes la fabrication restait formellement de notre compétence mais, dans les cas douteux, nous étions contraints de nous incliner devant le commandement de la SS plus puissant que nous. Himmler avait ainsi en quelque sorte mis le pied chez nous, et nous lui avions nous-mêmes ouvert notre porte.
    Ma collaboration avec Himmler avait commencé immédiatement après ma nomination au poste de ministre par une fausse note. Presque tous les ministres du Reich, dont Himmler devait prendre en considération l’importance politique ou personnelle, s’étaient vu attribuer par lui un grade honorifique dans la SS ; il voulu me nommer Oberstgruppenführer SS, qui correspondait au grade de général d’armée, grade qui n’avait été conféré que très rarement jusqu’alors. Et bien qu’il m’eût fait savoir ce que cette distinction avait d’exceptionnel, je refusai son offre en termes polis. Je lui fis remarquer que l’armée de terre 14  comme la SA et le N.S.K.K. m’avaient proposé sans succès des grades honorifiques élevés. Pour atténuer le caractère abrupt et tranché de mon refus, je lui proposai de prendre une part plus effective aux activités de fa SS de Mannheim à laquelle j’avais appartenu, sans soupçonner que je n’avais jamais été porté sur la liste des membres actifs.
    Naturellement Himmler cherchait, en conférant de tels grades, à acquérir de l’influence et à s’immiscer ainsi dans des domaines qui ne relevaient pas de ses attributions. La méfiance que j’avais conçue ne se révéla que trop justifiée. De fait, Himmler mit tout en œuvre pour s’immiscer dans l’armement de l’armée de terre, se montra tout disposé à fournir un nombre illimité de détenus et mit en jeu dès 1942 son pouvoir, pour faire pression sur un certain nombre de mes collaborateurs : pour autant qu’on puisse juger de ses intentions, il voulait transformer les camps de concentration en ateliers de fabrication modernes subordonnés directement à la SS et destinés avant tout à produire du matériel d’armement. Fromm attira alors mon attention sur le danger que pouvait constituer ce projet pour l’armement de l’armée et Hitler se rangea rapidement à mes côtés, comme l’avenir le montra bientôt. Car les expériences que nous avions faites avant la guerre avec les usines SS qui devaient fabriquer des briques et tailler le granit étaient suffisamment alarmantes. Le 21 septembre 1942, Hitler trancha le différend. Les détenus travailleraient dans des entreprises qui dépendraient des organismes de l’industrie d’armement ; un frein était mis à l’expansionnisme de Himmler, du moins dans ce domaine 15  .
    Au début les directeurs des usines se plaignirent de l’état de faiblesse dans lequel se trouvaient les détenus à leur arrivée : épuisés, ils devaient être renvoyés dans leur camp d’origine au bout de quelques mois. Leur apprentissage exigeait plusieurs semaines, et nous manquions de moniteurs, nous ne pouvions donc pas nous permettre de recommencer la formation au bout de quelques mois. A la suite de nos récriminations, la SS améliora sensiblement les conditions sanitaires ainsi que le ravitaillement. Bientôt je vis, au cours de mes inspections dans les usines d’armement, des visages plus contents et des hommes mieux nourris parmi les détenus  16  .
     
    La règle qui garantissait notre indépendance dans notre travail pour l’armement de l’armée fut transgressée par l’ordre de Hitler de mettre sur pied une production en série des fusées dépendant de la SS.
    On avait aménagé avant la guerre, dans une vallée solitaire du Harz, un système extrêmement ramifié de souterrains destiné au stockage des produits chimiques indispensables à la guerre. C’est ici que je visitai le 10 décembre 1943 les vastes installations souterraines où devaient être fabriqués à l’avenir les V 2  . Dans de vastes salles, des

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