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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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invités à venir voir le bâtiment achevé dont, impressionnés, ils parcoururent toutes les salles.
    Au Palais des Sports, Hitler leur parla en ces termes : « Je suis ici le représentant du peuple allemand ! Et quand je reçois quelqu’un à la Chancellerie, ce n’est pas Adolf Hitler qui reçoit ce quelqu’un, mais le Führer de la nation allemande. Et ainsi ce n’est pas moi qui le reçois, mais c’est la nation allemande qui le reçoit à travers moi. Et c’est pour cela que je veux que ces pièces répondent à cette tâche. Chacun a mis la main à un édifice qui résistera aux siècles et parlera de notre époque. Le premier édifice du nouveau grand Reich allemand ! »
    Après le repas, il demandait souvent qui, parmi les convives, n’avait pas encore vu la nouvelle Chancellerie, tout heureux quand il pouvait montrer à l’un d’eux le nouveau bâtiment. Il en profitait pour démontrer aux visiteurs étonnés son aptitude à emmagasiner les données techniques. Il me demanda un jour : « Quelle est la longueur de cette salle ? sa hauteur ? » Confus, je haussai les épaules en signe d’ignorance, mais lui indiqua les mesures. Elles étaient exactes. Cette démonstration devint peu à peu un coup monté, car les chiffres medevinrent vite familiers à moi aussi. Mais comme il était visible que ce jeu l’amusait, je continuai à lui fournir la réplique.
    Hitler me combla d’honneurs : il organisa pour mes collaborateurs un déjeuner dans sa résidence, écrivit un article pour un livre sur la Chancellerie, me décora de l’ « insigne d’or du parti » et me fit présent, avec quelques paroles timides, d’une des aquarelles de sa période de jeunesse. Peinte en 1909, à la période la plus sombre de son existence, elle représente une église gothique reproduite avec une patience, une précision et un pédantisme extrêmes. On n’y sent aucune émotion personnelle, on n’y découvre aucune verve dans le trait. Le manque de personnalité n’apparaît pas seulement dans la facture, mais également dans le choix de l’objet, les couleurs plates, la perspective insignifiante de cette aquarelle qui semble être caractéristique de la première période de Hitler : toutes les aquarelles de cette époque sont sans âme, et les tableaux du soldat de liaison de la Première Guerre mondiale n’en ont pas plus. Il ne prit conscience de sa valeur que bien plus tard. Les deux esquisses à la plume du Grand Dôme et de l’Arc de Triomphe de Berlin, dessinées aux environs de 1925, témoignent de ce changement. Et dix ans plus tard, c’était d’une main énergique qu’il dessinait devant moi, couvrant le papier de plusieurs couches successives de crayon bleu ou de crayon rouge, jusqu’à ce qu’il eût accroché la forme qu’il avait en tête. Mais même à cette époque, il ne reniait pas les insignifiantes aquarelles de sa jeunesse, puisqu’il en faisait parfois présent en signe de distinction particulière.
    Depuis des décennies, il y avait dans la Chancellerie un buste en marbre de Bismarck par Reinhold Begas. Quelques jours avant l’inauguration, des ouvriers, dans le déménagement, le laissèrent tomber par terre et la tête se brisa. Cela me sembla un mauvais présage. Comme, en plus, je connaissais l’histoire, que racontait Hitler, de l’aigle impériale tombant du fronton de l’hôtel des Postes le jour même de la déclaration de la Première Guerre mondiale, je lui cachai cet accident, demandant à Breker de faire une copie exacte que nous frottâmes avec du thé pour la patiner.
     
    Dans le discours déjà mentionné, Hitler déclara avec une belle assurance : « Ce qu’il y a de merveilleux dans la construction, c’est que, lorsqu’on travaille, on a un monument. Ça tient, c’est autre chose qu’une paire de bottes qu’on doit aussi fabriquer, mais qu’on use en un ou deux ans pour la jeter ensuite. Un monument reste debout et, à travers les siècles, témoignera de tous ceux qui y ont travaillé. » Le 12 janvier 1939, Hitler inaugurait ce nouveau bâtiment, conçu pour durer des siècles, en recevant dans la Grande Salle le corps diplomatique venu recevoir l’adresse du nouvel An.
    Soixante-cinq jours après l’inauguration, le 15 mars 1939, on conduisit le président de l’État tchécoslovaque dans le nouveau cabinet de travail. C’est dans cette pièce que se déroula cette tragédie qui commença dans la nuit par la soumission de

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