Au Coeur Du Troisième Reich
l’aise. De toute façon, il aimait que ses collaborateurs aient, comme on disait, un défaut de fabrication. Hanke déclara un jour : « C’est toujours un avantage d’avoir des collaborateurs qui ont un défaut et qui le savent connu de leur supérieur. C’est pour cela aussi que le Führer change si peu souvent de collaborateurs, car c’est avec eux qu’il travaille le plus facilement. Presque tous ont leur point noir ; ça permet de les tenir en laisse. » Une certaine amoralité, de lointains ancêtres juifs ou une appartenance toute récente au parti pouvaient, par exemple, passer pour des défauts de fabrication.
Il n’était pas rare d’entendre Hitler se répandre en considérations sur l’erreur qui consistait à vouloir exporter le national-socialisme. Car, selon lui, cela ne pourrait qu’aboutir à un renforcement de l’idée nationale dans d’autres pays et à un affaiblissement de notre propre position. C’est pourquoi il était tranquillisé en constatant que les partis nationaux-socialistes des autres pays n’avaient pas de chefs qui le valent. Mussert ou Mosley n’étaient, à ses yeux, que des plagiaires qui n’avaient eu aucune idée nouvelle ou originale. Ils ne font, disait-il, que nous imiter servilement, nous et nos méthodes, cela ne les mènera à rien. Dans chaque pays il fallait, selon lui, partir d’hypothèses différentes pour définir les méthodes adéquates. Il tenait Degrelle en plus haute estime, mais ne mettait pas de grandes espérances en lui non plus.
La politique, pour Hitler, était une question d’opportunité. Même sa profession de foi, Mein Kampf , n’échappait pas à ce critère. Il prétendait, en effet, que bien des parties de son livre n’étaient plus valables, qu’il n’aurait jamais dû fixer si tôt ses pensées par écrit, remarque qui me fit abandonner mes tentatives, vainesjusqu’alors, de lire ce livre. Quand, après la prise du pouvoir, l’idéologie passa à l’arrière-plan, ce furent surtout Goebbels et Bormann qui firent front contre un embourgeoisement et un affadissement du programme du parti. Sans renoncer un instant, ils essayèrent de radicaliser l’idéologie de Hitler. Si l’on en juge d’après ses discours, Ley appartenait aussi au clan des idéologues durs, mais il n’avait pas l’envergure nécessaire pour arriver à exercer une influence notable. Himmler, en revanche, poursuivait ses propres voies, assemblage bouffon de foi en une race germanique primitive, de conception de l’élite et d’idées naturistes, se présentant de plus en plus sous des dehors prétentieux et pseudo-religieux. A part Hitler, c’est surtout Goebbels qui tournait en ridicule ces efforts de Himmler, non sans que, certes, celui-ci y contribuât par sa vanité bornée. Ayant reçu en cadeau des Japonais un sabre de samouraï, il découvrit des parentés entre les cultes japonais et germains et essaya, aidé par des savants, de deviner comment on pourrait, également sur le plan racial, mettre ces similitudes en dénominateur commun.
Hitler se préoccupait beaucoup de savoir comment il pouvait assurer à son Reich une relève adéquate à la génération actuelle. Ley, que Hitler avait également chargé d’organiser le système d’éducation, avait fait la première ébauche du projet. La construction d’écoles destinées aux jeunes enfants, les écoles « Adolf Hitler », et d’instituts, les « Châteaux de l’ordre » donnant une formation supérieure, devrait permettre de promouvoir une élite ayant reçu une éducation technique et idéologique. Il est cependant vraisemblable que cette sélection n’aurait abouti qu’à former une classe de bureaucrates tout juste aptes à occuper des positions dans l’administration du parti. Coupés de la vie par la claustration de leur jeunesse, ils auraient cependant été imbattables pour leur arrogance et leur suffisance, comme le montraient déjà certains indices. Fait caractéristique, les hauts fonctionnaires n’envoyaient pas leurs enfants dans ces écoles ; même un militant aussi fanatique que le Gauleiter Sauckel ne fit embrasser cette carrière à aucun de ses nombreux fils. Significatif aussi, le fait que Bormann y ait envoyé l’un de ses fils en guise de punition.
Pour réactiver l’idéologie languissante du parti, Bormann ne voyait pas de meilleurs moyens que de relancer le combat contre l’Église. C’est lui qui poussait le plus Hitler à l’aggraver,
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