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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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et de relations à l’étranger et qu’il est de notoriété publique que de hauts fonctionnaires nazis ont été pourvus de faux papiers plusieurs semaines avant la défaite allemande, on peut conclure raisonnablement que de tels hommes auraient été probablement les derniers à se trouver entraînés dans les drames et les subterfuges. Quoi qu’il en soit, l’étude de tout le matériel publié jointe à plusieurs années de discussions avec des gens mêlés aux événements m’a conduite à mettre sérieusement en doute le fait que la majorité de ces personnalités ait dû bénéficier de l’aide d’organisations de conspirateurs – qu’il s’agisse d’ « Odessa » de « l’Araignée », de « l’Ecluse » de l’« Equipe tournante », de « l’Aide silencieuse » de « la Fraternité », de « l’Union des soldats allemands » ou de « la Camaraderie » [92] .
    À mesure qu’approchait la défaite, les Allemands – comme l’avaient fait en 1940 les divers peuples d’Europe qu’ils avaient vaincus – commencèrent sans doute à mettre sur pied diverses organisations de résistance clandestine et de secours. Quelques-unes certainement de caractère politique, d’autres sociales, d’autres strictement consacrées à l’aide.
    Certaines – le Centre national d’investigation de Ludwigsburg sur les crimes nazis dispose là-dessus d’informations précises mais auxquelles on ne peut avoir accès qu’avec autorisation – furent pourvues de fonds soigneusement canalisés. Mais il est prouvé à l’évidence que la plupart des récits publiés ont considérablement exagéré leur importance et leur efficacité.
    Il ne fait pas de doute cependant que des fuyards comme Stangl (et, dans cette catégorie Eichmann qui, du point de vue administratif sinon moral, représentait un « plus gros gibier ») ont reçu en dernière analyse une aide importante de la part de deux organisations qui – pour parler par euphémisme – toléraient le mauvais usage que l’on faisait d’elles en favorisant la fuite d’individus sur lesquels pesaient de si lourdes charges : à savoir la Croix-Rouge internationale et le Vatican.
    Quant à la Croix-Rouge, dans la mesure où elle est concernée, je pense que c’était dû au fait qu’elle était insuffisamment équipée pour procéder au filtrage individuel rigoureux qu’exigeait la solution d’un problème aussi complexe. C’est là une explication, mais non pas une excuse. Il était évident que le problème allait se poser, et se poser exactement là où il s’est posé : dans les bureaux de la Croix-Rouge internationale de Rome. Ce service aurait donc dû être mis en mesure de le traiter.
    Les mêmes considérations s’appliquent jusqu’à un certain point au Vatican, dans la mesure où il est concerné, mais elles sont beaucoup moins convaincantes. Ce dossier-là dans les années de guerre est si contestable que le Saint-Siège – plus que toute autre institution – était moralement obligé de prendre position sur l’évasion des criminels nazis. Il se trouve que le Vatican prit bien une position – mais exactement à l’opposé semble-t-il de celle qu’on attendait de lui.
    Il n’est pas possible de débattre de l’assistance accordée à Rome aux fuyards nazis sans réfléchir quelque peu, sur une question plus vaste : celle de l’attitude de l’ensemble de l’Église catholique à l’égard du national-socialisme.
    Quand j’ai entrepris cet ouvrage, je n’envisageais pas le moins du monde d’en consacrer une partie à discuter une fois de plus de la personnalité et des motivations de Pie XII. Quand Stangl m’eut fourni tous les détails sur son passage à Rome, je me rendis compte qu’il me faudrait aborder la question, mais j’ai d’abord pensé que lui-même, n’ayant été en relation à Rome qu’avec un seul ecclésiastique, M gr  Aloïs Hudal, il me suffirait d’examiner le cas de cet individu unique, aujourd’hui décédé. La chose s’est avérée malheureusement impossible. La structure, la discipline particulière et le paternalisme foncier de l’Église catholique empêchent pratiquement tout prêtre catholique (comme tout autre religieux) d’accomplir n’importe quelle action de poids à l’insu de son confesseur et de son supérieur hiérarchique. C’est pourquoi – pour reprendre un exemple développé précédemment – il était hautement improbable que la

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