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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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alentours.
     Avec ses deux compagnons, ils montaient travailler à un chantier en haut du lac
     Saint-Jean. Ils cherchaient un endroit où faire halte pour la nuit quand ils
     avaient aperçu la jeune fille au bord de l’eau. Il n’avait guère hésité. Il ne
     se priverait pas d’une si belle prise. Les sauvagesses étaient réputées pour
     leur facilité... d’accès. Son père en avait eu une comme maîtresse pendant des
     années. De plus, avec cette guerre qu’il venait de déserter, quand pourrait-il
     avoir l’occasion de toucher à une femme ? Dieu sait combien d’années il lui
     faudrait se terrer dans les bois, se promenant de chantier en chantier pour ne
     pas se faire remarquer. Ce petit sauvage avait osé l’attaquer. Il allait le
     regretter. Assoiffé de vengeance, il s’était tourné vers le garçon. Mais son
     regard était passé sur le corps à moitié dénudé de l’adolescente, qui avait
     réussi à se traîner sur quelques pieds. La paire de fesses à la peau dorée ne
     pouvait attendre. Son érection était revenue en force.
    — Empêchez-le de crier.
    Un des hommes avait obéi et avait couvert la bouche de Maikan de sa main. Le
     chef avait laissé tomber le couteau. Il n’en avait pas besoin. En deux pas, il
     avait rattrapé sa proie et l’avait retournée sans ménagement.
    — Tu peux pas t’en aller de même, ma cocotte...
    Avec une plainte de désespoir et de douleur, l’Amérindienne avait reçu le lourd
     corps du violeur sur elle. De ses larges mains calleuses, habituées à la hache,
     il lui avait encerclé le cou. La supplique qu’il lisait dans les grands yeux
     bruns augmentait son plaisir. Il avait poussé sonmembre dans le
     passage étroit et vierge. Il était le premier ! Elle allait adorer cela ! Il
     était puissant, tout-puissant ! Jamais il n’avait enfoncé sa verge si
     profondément ! Il sentait le regard des autres braqué sur lui. Ce n’était pas
     possible de ressentir autant d’excitation ! Ils admiraient sa domination ! De
     toutes ses forces, il l’avait bourrée de coups de reins. Quelle performance il
     réalisait ! Il était le roi ! Fini de plier l’échine, d’obéir, d’endurer les
     moqueries. C’est lui qui décidait maintenant ! Il avait joui dans une explosion
     de victoire. Il avait été le plus fort. Il s’était redressé fièrement et s’était
     tourné vers ses compagnons, leur offrant les restes de son festin. Un des
     voyeurs avait fait remarquer que la fille semblait morte, qu’elle ne bougeait
     plus. Le chef s’était retourné. Il avait envoyé un coup de pied dans les côtes
     de la sauvageonne. Aucune réaction. Il le savait. Il l’avait su, tandis qu’il
     jouissait et que ses pouces s’enfonçaient si profondément dans le cou de sa
     victime, qu’il prenait non seulement la virginité de cette Indienne, mais sa vie
     également. Le droit de vie et de mort, il l’avait tenu entre ses mains ! D’un
     air suffisant, il s’était détourné de la morte et avait dit :
    — Ben v’là un problème de réglé. A pourra pas raconter ce qui est arrivé.
    Le plus gros tremblait de peur.
    — Pis lui ? avait-il bégayé. Il a tout vu ! Tu vas pas le tuer aussi ?
    — Ben voyons, j’suis pas un assassin, moé, le gros. La sauvagesse, c’était un
     accident.
    — Tabarnac de criss, on est dans marde, là ! avait fait remarquer l’autre,
     paniqué.
    — Ta gueule ! avait dit le chef. J’vas tout régler.
    Il avait repris l’arme de Maikan.
    — C’est à toé, j’pense, avait-il dit d’un air moqueur en
     l’approchant du visage du jeune Amérindien qui sanglotait. Moyen beau couteau.
     C’est gentil de me l’avoir donné. Il va me servir au chantier… Avez-vous déjà
     mangé de la langue de porc, les gars ? J’me demande si ça goûte la même chose
     que celle d’un Sauvage…
    Devant l’affreux souvenir, Chapeau se releva abruptement et s’éloigna d’Hélène.
     Après avoir mutilé le garçon, les bûcherons l’avaient abandonné aux côtés du
     cadavre de sa sœur. Jamais il n’avait oublié le visage de ces hommes. Un peu
     plus âgé, il les avait traqués. Il n’avait réussi qu’à en retracer un, le gros,
     celui qui l’avait tenu pendant qu’on lui coupait la langue, celui qu’on avait
     surnommé « Gros Jambon »… Entre ses doigts, il prit le médaillon que Pierre lui
     avait offert. Pierre, son frère de sang qui lui avait donné

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