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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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just a kid ! Patrick
     l’a défendu. Les deux hommes se sont battus. Patrick a sorti un couteau… Il a
     laissé l’Anglais pour mort. Patrick s’est enfui.
    — Il n’est jamais revenu en Gaspésie ?
    — Jamais. La Joséphine est restée abandonnée jusqu’à ce que Pierre
     vienne en prendre possession. And now, c’est Pierre que Timmy suit
     partout.
    — Votre fils est attachant.
    Lentement, Miss Harrington fit tourner la pierre entre ses doigts.
    — Timmy est comme cette agate ; unique, un trésor. Timmy, ah Timmy, chaque
     matin est jour de fête... Il a un ami imaginaire, vous savez.
    — Pierre nous l’a dit.
    —  I love my son... but…
    — C’est pas toujours facile.
    — Vous avez des fils, monsieur Rousseau. Ils ont grandi et sont devenus des
     hommes. Timmy est plus vieux que votre Pierre et il est encore un petit
     garçon... Il y a un âge pour être mère. Je l’ai dépassé depuis longtemps. Je
     suis fatiguée, je crois.
    — J’imagine.
    — Vous la donnerez à Mélanie, dit-elle en tendant l’agate à François-Xavier.
     Elle les aime tant… Pauvre petite… ajouta-t-elle, tristement.
    — Ma belle-fille est solide.
    — Mélanie est un ange, il faudrait que votre épouse s’en rende compte.
    — Vous en faites pas, Miss Harrington. Julianna a le cœur à la bonne place.
     Vous seriez surprise par ce qu’elle peut faire quand il s’agit du bonheur de
     quelqu’un.
    — Tant mieux, car j’ai tant d’affection pour Mélanie. Et j’apprécie beaucoup
     votre fils. Je remercie Patrick O’Connor de lui avoir légué La Joséphine. C’est à moi qu’il a fait le plus beau des cadeaux ! Je ne me passerais plus de
     mes voisins !

    Le visage défait, Miss Harrington accusa le coup. QuandPierre
     et Mélanie avaient frappé à sa porte quelques minutes auparavant, elle avait été
     si heureuse de leur visite. Elle s’était enthousiasmée sur la nouvelle apparence
     de Pierre.
    — Tu n’as plus de barbe ! s’était-elle écriée.
    Timmy s’était empressé de venir constater la transformation par lui-même. Il
     avait froncé les sourcils, comme s’il doutait de la réelle identité de
     Pierre.
    Mélanie avait caressé la joue fraîchement rasée de son mari.
    — Ça fait vraiment drôle de le voir plus de barbe, hein ? On le reconnaît
     plus.
    — Ma cicatrice paraît pas trop ? s’était inquiété Pierre.
    Par réflexe, il avait passé un doigt sur la marque qui zébrait sa lèvre
     supérieure. Il était petit quand, par accident, il s’était coupé en tombant avec
     son biberon de verre dans la bouche.
    Avec candeur, c’est Timmy qui avait répondu :
    — Tu es beaucoup, beaucoup beau.
    — Ton père t’a dit que nous avions fait une promenade ensemble ce matin ? avait
     demandé Miss Harrington.
    — Ah non, je le savais pas.
    — Miss Harrington, on a quelque chose de ben important à vous dire, avait
     commencé Mélanie, visiblement nerveuse.
    Non, jamais elle ne se serait attendue à l’annonce de leur départ. Miss
     Harrington se laissa tomber sur une chaise. Timmy vint se placer derrière elle
     et se mit à lui caresser la tête, ressentant la peine de sa mère.
    — Miss Harrington... dit Mélanie d’un ton suppliant.
    — Quand partez-vous ? demanda-t-elle froidement.
    — À la fin de la semaine, lui répondit Pierre.
    Le couple restait debout, contrit, désolé de décevoir autant leur chère
     voisine.
    — Vous comprenez, La Joséphine est plus bonne à rien pis
     par chez nous, j’vas avoir une bonne job avec mon frère pis...
    —  I understand, I understand... l’interrompit l’Américaine avec un petit
     signe de la main. Timmy, va jouer dehors, ordonna-t-elle à son fils.
    À contrecœur, le handicapé obéit. Il était curieux de savoir ce qui se
     passait.
    La vieille femme pencha la tête par en arrière et ferma les yeux.
    — Miss Harrington, vous êtes-tu correcte ? s’alarma Mélanie en s’approchant de
     sa voisine.
    D’une voix faible, celle-ci murmura :
    — Vous aviez promis !
    Pierre et Mélanie se regardèrent avec consternation.
    Comme une furie, l’Américaine se releva et, avec l’énergie du désespoir, elle
     invectiva ses deux visiteurs.
    — Vous aviez promis ! répéta-t-elle. Vous aviez promis de vous occuper de mon
     fils ! Vous n’avez pas le droit de l’abandonner, no right...
    Miss Harrington s’affaissa. Pierre eut le réflexe de la retenir. Prudemment,

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