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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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quêteux avec toi. Depuis des mois, des années que je
     tourne autour de toi, que j’attends juste un mot... une caresse... Je suis plus
     capable. Moi qui suis un homme doux de nature, je me surprends à avoir envie de
     tout casser. Julianna, je suis vraiment plus capable... tu dois te
     décider.
    — Tu ne veux pas que je quitte mon mari ? Ce serait une folie ! Ça ne se fait
     pas !
    — Non, je n’ai pas été assez chanceux pour te gagner en
     premier... ça fait que je te demande de m’offrir un prix de consolation...
     Sinon, ce sont tes dernières chroniques et tu n’as pas besoin de revenir au
     journal à la fin de l’été.
    — Yves !
    — Je t’aime, moi, Julianna. Je peux accepter bien des choses. Je peux fermer
     les yeux sur les images de toi pis de ton mari couchés côte à côte... Je n’y
     peux rien. À condition que je puisse te tenir dans mes bras à la cachette, une
     fois de temps en temps... je ne peux plus continuer sans savoir ce que tu
     ressens pour moi. Tu appartiens peut-être à ton mari, mais moi, je veux avoir
     ton cœur. Ce que je ne supporte plus, c’est de penser que tu l’aimes... plus que
     moi.
    — Yves !
    — Réponds-moi, Julianna. Qui tu aimes, moi ou lui ? Réponds ! Es-tu amoureuse
     de ton mari ? L’aimes-tu encore ?
    Mise au pied du mur, Julianna n’avait su quoi répondre.
    Déçu par son silence, Yves s’était éloigné d’elle. Le regard fermé, il lui
     avait ordonné de partir.
    — Va-t’en Julianna. Ce ne sont pas les conventions ni les qu’en-dira-t-on qui
     nous séparent... Tu as raison, la petite réceptionniste appréciera peut-être mes
     avances, elle...
    Les larmes aux yeux, Julianna avait voulu quitter la pièce. Son patron l’avait
     retenue. Avec passion, il l’avait enlacée.
    — Excuse-moi, Julianna... Je ne sais plus ce que je dis... Au moins, réfléchis
     à ce que je te demande, viens en Floride avec moi. Demain, tu me
     répondras.
    — Demain, c’est dimanche et...
    — Demain, je te verrai et tu me diras ta décision.

    François-Xavier, s’abstenant de pyjama, qu’il détestait porter,
     se glissa sous les couvertures en caleçon et en camisole. Tout en écoutant les
     bruits provenant de la salle de bain, il réfléchit. Qu’était devenu son
     mariage ? Il ne comprenait pas Julianna. Elle n’avait eu de cesse de répéter
     qu’elle ne voulait pas de grande fête pour souligner l’occasion. Avec Julianna,
     tout était si compliqué. Elle se montrait impatiente envers lui, le critiquait à
     tout moment et se comportait en vraie mégère. Quant à leur intimité... La
     semaine dernière, à leur retour du chalet d’Henry, ils avaient fait l’amour
     après plus de deux mois d’abstinence. Sur le bord du lac, ils avaient bu à la
     santé de la victoire de l’avocat qui avait été élu. Après avoir veillé au feu,
     Julianna lui avait pris la main en regardant les étoiles... Il avait voulu lui
     plaire en acceptant de partir pour la Gaspésie. Ils se promettaient un voyage
     d’amoureux, de se retrouver comme aux premiers jours. Cette nuit-là,
     François-Xavier avait cru que tout s’arrangerait. Le lundi suivant, en revenant
     du travail avec une réponse négative de la part de son patron quant à un
     éventuel congé, ils s’étaient, encore une fois, vivement disputés. Julianna
     avait repris ses traits durs. Tout avait recommencé : la froideur, les
     critiques, la mésentente... Julianna regagna la chambre, prête à se mettre au
     lit. Soudain, elle remarqua le manque d’air dans la pièce.
    — Tu as fermé la fenêtre ! dit-elle d’un ton cassant. Il fait bien trop chaud,
     voyons ! Va l’ouvrir ! ordonna-t-elle en entrant sous les draps.
    Avec un soupir, François-Xavier se releva.
    — Tu le sais que j’aime dormir avec le vent, lui reprocha sa femme quand il
     revint se coucher.
    Après un instant, le regard fixé au plafond, il murmura :
    — Demain soir, si tu veux, on peut aller manger au petit restaurant du
     coin.
    — Demain, c’est trop tard...

    Après une heure de vaines tentatives à trouver le sommeil, Julianna se leva et
     alla à la fenêtre. Son mari avait eu plus de succès qu’elle et ronflait tout
     doucement. Cela la vexa qu’il puisse réussir à faire abstraction de leur dispute
     et s’endormir aussi rapidement. En même temps, elle avait besoin de réfléchir.
     La rencontre avec Yves la tourmentait. Julianna s’était

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