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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Lollard,
alors ? (Hook acquiesça et il sourit.) Alors tu as pendu un homme parce
qu’il n’était point d’accord avec l’Église pour une histoire de pain ?
« Je suis le pain vivant venu du Ciel », a dit le Seigneur, et le
Seigneur n’a pas parlé du pain mort sur l’assiette du prêtre ? Il n’a pas
dit qu’il était du pain moisi ? Non, Il a dit qu’il était le pain vivant,
mon garçon, mais sans doute savais-tu mieux que Lui ce que tu faisais.
    Hook sentit un défi dans ces
paroles, mais, incapable de le relever, préféra rester coi. Il ne s’était
jamais intéressé à la religion ou à Dieu, jusqu’au jour où il avait entendu
cette voix dans sa tête, et parfois il se demandait si elle avait été bien
réelle. Il se rappelait la fille dans l’écurie, son regard suppliant et son
échec. Il se rappelait l’odeur pestilentielle de la chair brûlée et la fumée
qui tourbillonnait autour des lys et du léopard des armes d’Angleterre. Et le
visage implacable et balafré du jeune roi.
    — Celle-ci, dit Wilkinson en
prenant une flèche à la pointe tordue, nous pouvons en faire une tueuse qui
pourra envoyer une âme de noble en enfer. (Il la posa sur l’établi, choisit un
couteau et en vérifia le tranchant sur son pouce, puis il en coupa la longueur
d’une main d’un geste vif et la jeta à Hook.) Rends-toi utile, mon gars, enlève
la pointe.
    La pointe était une étroite pièce
d’acier à trois faces à peine plus longue que le majeur de Hook. Elle était
plus lourde que le commun, car elle était conçue pour percer une armure de
plates et, de près, tirée d’un de ces grands arcs que seul un Hercule pouvait
bander, elle aurait fendu le meilleur acier. C’était une tueuse de chevalier.
Hook retira la pointe.
    — Sais-tu comment elles sont
durcies ? lui demanda Wilkinson.
    — Non.
    — On jette des os dans le feu
quand on fond le fer. Des os, mon garçon. Des os desséchés et morts. Et
pourquoi des os et du charbon changeraient le fer en acier ?
    — Je ne sais.
    — Et moi non plus, mais c’est
ainsi. Des os et du charbon. (Il leva la flèche qu’il venait d’encocher,
souffla dessus pour enlever la sciure et hocha la tête, satisfait.) Je
connaissais un homme dans le Kent qui usait d’os humains. D’après lui, un crâne
d’enfant faisait le meilleur acier et peut-être avait-il raison. Il les
déterrait dans les cimetières, les brisait en morceaux et les jetait dans son
four. Des crânes d’enfants et du charbon ! Oh, c’était une pourriture, cet
homme, mais ses flèches tuaient bien. Que oui. Elles ne cognaient pas une
armure, elles s’y enfonçaient sans un bruit ! (Tout en parlant, il avait
choisi un fût de chêne de six pouces dont il glissa l’extrémité taillée en coin
dans l’encoche de la flèche raccourcie.) Vois cela, dit-il fièrement en la
levant. Sans faute. Cela fait trop longtemps que je fais ce métier ! (Il
tendit la main pour récupérer la pointe qu’il ajusta sur la flèche.) Je vais
coller tout cela et tu pourras tuer quelqu’un avec. (Il admira son œuvre. Le
chêne alourdissait la pointe, lui permettant de mieux percer une armure.) Crois-moi,
mon garçon, tu tueras bientôt.
    — Vraiment ?
    — Oui, ricana-t-il. Le roi de
France est peut-être fou, mais il ne va pas laisser le duc de Bourgogne
conserver Soissons. Nous sommes trop près de Paris ! Les hommes du roi
seront bientôt ici et s’ils entrent en ville, mon garçon, tu iras au
château ; et s’ils entrent au château, tu te tueras. Les Français n’aiment
point les Anglais et encore moins nos archers, et s’ils te capturent, mon
garçon, tu souffriras. Je ne plaisante point, jeune Hook. Mieux vaut te trancher
la gorge qu’être capturé par un Français.
    — S’ils viennent, nous les
repousserons.
    — Mais oui, n’est-ce pas ?
Prie pour que l’armée du duc arrive avant, car si les Français sont là, nous
serons pris au piège dans Soissons comme rats dans baratte.
    Et c’est ainsi que chaque matin Hook
se rendait au-dessus de la porte pour contempler la route suivant l’Aisne vers
Compiègne. Il passait encore plus de temps à lorgner la cour de l’une des
nombreuses maisons blotties au bas des remparts. C’était celle d’un teinturier
et chaque jour une rousse étendait les linges fraîchement teints sur une
corde ; parfois, elle levait les yeux et regardait Hook et ses compagnons
archers qui la sifflaient alors. Un matin, une

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