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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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rarement et prenait ses
ordres d’un centenier nommé Smithson, qui passait son temps dans une taverne à
l’enseigne de l’Oie.
    — Ils nous détestent tous,
avait déclaré Smithson à ses hommes. Aussi, ne vous promenez point seuls dans
les rues la nuit, à moins de vouloir prendre un couteau dans le dos.
    La garnison était bourguignonne,
mais les citoyens de Soissons étaient loyaux à leur imbécile de roi,
Charles VI. Hook, malgré trois mois passés dans la cité, ne comprenait
toujours pas pourquoi Bourguignons et Français se détestaient tant, car rien ne
les distinguait à ses yeux. Ils parlaient la même langue, et, lui avait-on dit,
le duc de Bourgogne n’était pas seulement le cousin du roi mais aussi le
beau-père du dauphin.
    — Des histoires de famille, mon
gars, lui dit John Wilkinson. Il n’en est point de pire.
    Wilkinson était un vieil homme, d’au
moins quarante ans, qui fabriquait flèches et arcs pour les archers anglais de
la garnison. Il habitait une écurie à la taverne de l’Oie, où ses limes, scies
et ciseaux étaient soigneusement rangés au mur. Il avait demandé à Smithson un
aide et Hook, le plus jeune des nouveaux, avait été choisi.
    — Au moins, tu es compétent,
l’avait complimenté en bougonnant Wilkinson. Ce qui nous vient ici, ce n’est
qu’ordure, hommes comme armes. Ils se disent archers, mais ne sauraient toucher
un tonneau à cinquante pas. Et sir Roger ? Il est là pour l’argent,
cracha-t-il. On dit qu’il a plus de cinq cents livres de dettes ! Le
crois-tu ! Et c’est avec ces moins que rien que nous devons combattre pour
sir Richard.
    — Les flèches nous viennent du
roi, avait objecté Hook qui les avait charriées depuis la Tour.
    — Tout ce qu’a fait le roi,
Dieu le garde, c’est trouver des flèches qui datent du règne d’Édouard. Je sais
ce que je vais faire, il s’est dit. Je vais vendre ces vieilleries à la
Bourgogne ! Regarde-moi ça, ajouta-t-il en lui lançant une flèche.
    Plus longue que le bras, elle était
de frêne et courbée.
    — Tordue comme un évêque !
C’est fait pour tirer dans les coins !
    Il faisait chaud dans l’écurie. Le
vieil homme entretenait un feu dans un four de briques sur lequel bouillonnait
un chaudron d’eau. Il reprit la flèche tordue et la posa avec une douzaine
d’autres sur le dessus du récipient, les recouvrit soigneusement d’un linge
plié et posa une pierre au milieu.
    — Je les échaude, et avec un
peu de chance je les redresse, mais l’empenne tombe à cause de la vapeur. De
toute façon, la moitié n’ont plus de plumes !
    Dans un plus petit chaudron,
chauffait de la colle de veau. Wilkinson en usait pour remplacer les plumes
d’oie.
    — Et comme je n’ai point de soie,
je dois user de boyau. (Le boyau maintenait les plumes taillées et renforçait
la colle.) Mais ce n’est point bon. Cela sèche, rétrécit et s’effrite. J’ai dit
à sir Roger qu’il me fallait du fil de soie, mais il ne comprend rien. Pour
lui, une flèche n’est qu’une flèche. (Il noua le boyau, retourna la flèche pour
vérifier l’encoche renforcée par un morceau de corne qui empêchait que la corde
fende en deux le fût. Comme elle tenait bon, Wilkinson en prit une autre sur le
porte-flèches – deux disques de cuir aux bords crénelés qui maintenaient
ensemble deux douzaines de flèches bien séparées, afin que les fragiles
empennes ne se froissent pas durant le transport.) Des plumes, de la corne, du
frêne, de la soie, de l’acier et du vernis, murmura Wilkinson. On a beau avoir
un bon arc et l’homme pour le tirer, mais sans tout cela, autant cracher sur
l’ennemi. As-tu jamais tué d’homme ?
    — Oui.
    Wilkinson sourit à son ton
belliqueux.
    — Meurtre ou bataille ?
As-tu tué dans la bataille ?
    — Non, avoua Hook.
    — As-tu jamais tué homme avec
ton arc ?
    — Un, un braconnier.
    — A-t-il tiré sur toi ?
    — Non.
    — Alors tu n’es point archer.
Tue un homme au combat, Hook, et tu te pourras dire archer. Comment as-tu tué
la dernière fois ?
    — Je l’ai pendu.
    — Et pourquoi cela ?
    — Parce que c’était un
hérétique.
    Wilkinson passa une main dans ses
cheveux grisonnants. Il était maigre comme une fouine, avec un visage lugubre
et un regard aigu.
    — Tu as pendu un
hérétique ? On manque de fagots, en Angleterre, en ce moment ? Et
quand as-tu accompli cette bravoure ?
    — L’hiver dernier.
    — C’était un

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