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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’hospitalité anglaise, dit-il.
    — Je fus assez bien traité
quand j’étais prisonnier, dit Lanferelle.
    — Par le Christ, vous allez
devoir amasser rançon une seconde fois ? s’exclama Boucicault. (Son surcot
blanc à l’aigle bicéphale écarlate était déchiré et souillé de sang. Son
armure, polie la veille, était zébrée d’entailles et crottée. Il contempla avec
amertume la masse des prisonniers.) Comment est-ce, là-bas ?
    — Le vin est aigre et l’ale
bonne, dit Lanferelle. Et il pleut, bien sûr.
    — La pluie, se lamenta
Boucicault. C’est elle qui a causé notre perte. La pluie et la boue. (Il avait
déconseillé d’affronter l’armée d’Henry, qu’il pleuve ou pas, redoutant les
archers. Mieux vaut, avait-il dit, les laisser regagner Calais dans la honte et
s’attacher à reprendre Harfleur, mais les ducs royaux, ces têtes brûlées, comme
le jeune Orléans, avaient tenu à livrer bataille. Il se retint néanmoins de lui
cracher sa bile.) L’Angleterre est trempée, donc, dit-il. Contez-moi, leurs
femmes le sont-elles aussi ?
    — Oh, certes oui, dit
Lanferelle.
    — Il m’en faudra, dit le maréchal
de France en levant les yeux vers le ciel gris. Je doute que la France puisse
lever rançons, et nous mourrons sans doute en Angleterre. Il nous faudra bien
de quoi passer le temps.
    Lanferelle se demanda où se trouvait
Mélisande. Il avait soudain envie de la voir, de lui parler, mais les seules
femmes en vue étaient celles qui apportaient de l’eau aux blessés veillés par
les médecins. Des prêtres offraient à d’autres les derniers sacrements.
Lanferelle vit un homme dont la jambe avait été à demi tranchée par un coup de
hache ; on lui avait fait un garrot d’une corde d’arc, mais le sang
continuait de couler.
    — Je suis navré, Jules, dit
Lanferelle. (Jules ne put répondre. Il agitait la tête en se mordant la lèvre à
en faire couler le sang.) Tu vivras, Jules, dit Lanferelle, sans conviction.
    Il se retourna en entendant soudain
un cri de colère et resta pétrifié, incrédule. Des archers anglais abattaient
les prisonniers. Un instant, Lanferelle crut qu’ils étaient saisis de démence,
puis il vit qu’un homme d’armes en livrée royale était à leur tête. Des
prisonniers, mains liées, tentaient de s’enfuir, mais les archers les
rattrapaient, les retournaient et les égorgeaient d’un coup de coutelas.
Certains prisonniers étaient entraînés à l’écart, les Anglais désirant
d’évidence assurer la perspective de rançons, tandis que les captifs les plus
précieux et les plus nobles, comme le maréchal de Boucicault et les ducs
d’Orléans et de Bourbon, étaient protégés du massacre, mais tous les autres
étaient tués sans pitié. Lanferelle comprit. Le roi d’Angleterre redoutait que
ces prisonniers ne se retournent contre ses arrières quand le troisième
bataillon attaquerait. Puis il vit les archers venir à lui et tapota l’épaule
de Jules.
    — Fais semblant d’être mort,
Jules, dit-il, ne voyant aucun autre moyen de le défendre.
    Puis il se lança à la recherche de
sir John qui, il en était sûr, le protégerait. Et s’il ne le trouvait pas, il
tenterait de gagner les bois de Tramecourt et se cacherait dans les buissons de
ronces.
    Les archers se déplaçaient sans
peine dans la boue et tuaient avec une affreuse efficacité. Certains
prisonniers tentèrent de se défendre, mais ils étaient désarmés et furent
abattus à coups de vouge. D’autres cherchèrent à gagner le millier de destriers
anglais encore harnachés parqués au bout du champ, mais les pages qui les
gardaient montèrent en selle et les repoussèrent vers les archers qui les
tuèrent. Ce fut une panique sanglante et un massacre. Lanferelle atteignit le
flanc droit des lignes anglaises, où se trouvait une petite cabane de
forestier. Elle était en feu et il entendit hurler des hommes enfermés à
l’intérieur. Repéré par les archers qui l’avaient incendié, il obliqua vers le
nord, mais d’autres archers l’empêchaient d’atteindre la bannière de sir John.
C’est alors qu’il reconnut avec soulagement la silhouette de Nicholas Hook,
qu’il appela en vain.
    — Mélisande ! cria-t-il,
espérant percer le vacarme. (Les trompettes sonnaient de nouveau le rappel des
Anglais sous leurs bannières.) Hook !
    — Que lui veux-tu ?
demanda un homme. (Lanferelle se tourna et vit quatre archers. Celui qui avait
parlé était un

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