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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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vit un corps en surcot tellement imprégné de sang qu’il eut du mal à en
distinguer les armes, mais il vit les deux haches rouges. Le casque du mort
était tombé et sa gorge était tranchée jusqu’à l’os.) Il est venu retrouver son
père, dit Hook à Horrocks.
    — Comment le sais-tu ?
    — Je le sais, c’est tout.
Pauvre petit. Il cherchait seulement son père.
    Il fourra la chaîne dans son
carquois ramassa une autre flèche et se tourna vers les lignes anglaises. Où le
roi, coiffé de son heaume entaillé et revêtu de son surcot tailladé par les
lames ennemies, était monté sur son cheval blanc pour mieux contempler les
Français. Il vit les survivants du massacre remonter laborieusement vers le
nord et, derrière, les lances levées du troisième bataillon. Il savait que ses
archers avaient peu de flèches ou plus du tout.
    Puis un messager vint l’avertir que
les Français étaient au convoi et le roi se retourna. Il vit que des centaines
de ses hommes gardaient les prisonniers. Dieu seul savait combien ils étaient,
en tout cas bien plus nombreux que ses hommes d’armes. Il contempla les
alentours. Il avait commencé avec neuf cents hommes d’armes, mais ses forces
étaient nettement réduites. Les archers avaient eux aussi fait des prisonniers.
Quelques-uns s’affairaient à ramasser des flèches, et il leur en était
reconnaissant, mais jamais ils n’en auraient assez pour abattre les chevaux du
troisième bataillon.
    Son armée était désorganisée.
Certes, les lignes se reformeraient quand le dernier bataillon français
chargerait, mais il y avait aussi derrière les lignes des centaines de
prisonniers qui pouvaient encore se battre. Ils n’avaient plus ni armes ni
casques, mais ils pouvaient encore attaquer ses arrières. La plupart avaient
les mains liées, mais les hommes libres pouvaient les détacher. Il importait de
contenir cette troisième charge française et pour cela il lui fallait jusqu’à
la dernière lame de sa petite armée. La charge des cavaliers serait gênée par
les centaines de cadavres, mais elle finirait par franchir cet obstacle et les
lances s’enfonceraient dans ses lignes. Il lui fallait des hommes.
    Et ses hommes le regardaient. Ils le
virent fermer les yeux et comprirent qu’il priait son Dieu sévère, Celui qui
avait épargné jusque-là son armée. Henry Lui demandait de se montrer encore
miséricordieux et, alors qu’il murmurait sa prière, la réponse lui fut donnée.
Elle le laissa si stupéfait qu’il s’immobilisa un instant. Puis il se répéta
que Dieu lui avait parlé et ouvrit les yeux.
    — Tuez les prisonniers,
ordonna-t-il.
    — Sire ? demanda un homme
d’armes, doutant d’avoir bien compris.
    — Tuez tous les
prisonniers ! répéta le roi.
    Ainsi, ils ne pourraient pas se
battre et les hommes qui les gardaient pourraient revenir en première ligne. Il
désigna de sa main gantée les captifs. L’un de ses hommes d’armes les avait
estimés à plus de deux mille. Puisque les Français avaient brandi l’oriflamme
qui promettait qu’il n’y aurait nulle pitié, le roi ne ferait pas de quartier.
Les prisonniers allaient mourir.
     
     
    Le seigneur de Lanferelle errait
tristement derrière les lignes anglaises. Il fut stupéfait de voir que le duc
d’Orléans, le neveu du roi, était prisonnier. Ce n’était qu’un jeune homme,
charmant et plein d’esprit, mais là, avec son surcot crotté, aux mains d’un
archer anglais en livrée royale, il semblait désorienté et au plus mal.
    — Sire, dit Lanferelle en
mettant un genou en terre.
    — Qu’est-il advenu ?
demanda le duc.
    — La boue, dit Lanferelle en se
relevant.
    — Mon Dieu… frémit le duc,
accablé. Alençon est mort, tout comme Bar et Brabant. Sens est mort.
    — L’archevêque ? demanda
Lanferelle, plus bouleversé par la mort d’un prince de l’Église que par celle
de trois des plus grands ducs de France.
    — Ils l’ont éventré,
Lanferelle. Et Albret est mort aussi.
    — Le connétable ?
    — Oui. Et Bourbon a été fait
prisonnier.
    Lanferelle fut consterné, non parce
que le connétable de France était mort ou que le duc de Bourbon, le vainqueur
de Soissons, avait été fait prisonnier, mais parce que le maréchal de
Boucicault, reconnu comme l’un des hommes les plus coriaces de France, était
amené vers eux. Boucicault les regarda et secoua sa tête grisonnante.
    — Il semble que nous soyons
tous condamnés à

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