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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’un pécule et Mélisande,
vêtue d’habits décents offerts par lady Bardolf, l’épouse de sir William,
montait une petite jument.
    — Vous attendrez ici, leur
ordonna le courrier quand ils furent arrivés à Londres et eurent remis leurs
montures à la Tour.
    Ne pouvant rien tirer de plus de lui
ni des soldats de la forteresse, Hook et Mélisande s’installèrent pour dormir
dans l’étable.
    — Vous n’êtes pas prisonniers,
leur dit le sergent des archers.
    — Mais nous ne pouvons sortir,
dit Hook.
    — Non, vous ne le pouvez,
concéda le vintenier, mais vous n’êtes pas prisonniers. Sans quoi, mon garçon,
je câlinerais ta mignonne chaque nuit. Où est ton arc ?
    — Je l’ai perdu en France.
    — Alors, nous t’en trouverons
un.
    Il s’appelait Venables et avait
combattu pour le vieux roi à Shrewsbury, où une flèche à la jambe l’avait
laissé boiteux. Il conduisit Hook dans une remise remplie de centaines d’arcs
neufs aussi hauts qu’un homme.
    — Choisis-en un, lui dit-il.
    Il faisait sombre dans la remise.
Aucun des arcs n’était cordé, et Hook les sortit les uns après les autres en
caressant leurs courbes. Il les jugea bien faits. Certains avaient des nœuds
que l’artisan avait préféré laisser plutôt qu’affaiblir le bois, et ils étaient
encore poisseux du mélange de cire et de suif dont ils étaient enduits.
    — La plupart sont conçus en
Kent, dit Venables, mais certains viennent de Londres. On ne fait point de bons
archers par ici, mais on sait façonner les arcs.
    — En vérité, approuva Hook.
    Il avait sorti l’un des plus grands
arcs et alla sous une lucarne l’éprouver à la lumière. C’était un bel objet.
    L’if avait été coupé dans une
contrée du Sud où le soleil était vif, et l’arme taillée dans le tronc :
le grain était fin et dépourvu de nœuds. Hook sentit sous ses doigts les traces
de la gouge du façonnier. L’arc était neuf, car le bois tendre qui en formait
le dos était encore blanc. Plus tard, il prendrait la teinte du miel, mais pour
l’heure cette partie qu’il voyait lorsqu’il le bandait avait la couleur des
seins de Mélisande. Et comme le ventre de l’arc était d’un brun sombre, celui
du visage de Mélisande, l’arme, pourtant d’un seul tenant, semblait faite de
deux bandes de bois, l’une blanche et l’autre brune, parfaitement appariées.
    Dieu a créé l’arc, lui avait confié
un jour un prêtre en visite dans son village, et Dieu a créé l’homme et la
femme. Il voulait dire par là que Dieu avait marié le bois tendre et le bois
dur qui ensemble rendaient l’arc de guerre si mortel. Le bois sombre du ventre
était raide et inflexible. Il résistait, alors que le bois tendre se laissait
plier, mais cherchait cependant à se redresser et possédait la souplesse qui,
une fois la main relâchée, lui faisait retrouver sa forme. Et c’est ainsi, avec
l’échine souple qui tirait et le ventre dur qui poussait, que la longue flèche
volait.
    — Il faut être fort pour le
bander, celui-là, dit Venables. Dieu sait ce que l’ouvrier s’imaginait !
Que Goliath avait besoin d’un arc, peut-être ?
    — Il n’a pas voulu le couper
davantage parce qu’il était parfait, dit Hook.
    — Si tu penses pouvoir le
bander, mon gars, il est tien. Sers-toi parmi ces brasses et ces cordes.
    Les cordes étaient encore gluantes
du mélange de colle à sabot qui les protégeait de l’humidité. Hook en prit un
long morceau qu’il fixa à une extrémité avant de plier l’arc et de la fixer de
l’autre côté. Le centre de la corde, qui devait accueillir l’encoche de la
flèche, était renforcé de chanvre.
    — Essaie-le, proposa Venables.
    Cet homme entre deux âges était au
service de l’officier de la Tour ; il avait bon cœur et aimait raconter à
qui voulait l’écouter ses anciennes batailles. Il prit un carquois plein qu’il
déposa bruyamment dehors. Alors que Hook enfilait une brasse à son poignet
gauche, un hurlement retentit, vite étouffé.
    — C’est le frère Bailey, dit
Venables en guise d’explication. C’est un bénédictin et il est le bourreau du
roi. Il est en train d’extorquer la vérité à quelque pauvre diable.
    — On a voulu me torturer à
Calais, dit Hook.
    — Vraiment ?
    — Oui, un prêtre.
    — Ils ne peuvent pas s’en
empêcher, hein ? Jamais je ne comprendrai cela. Ils vous disent que Dieu
est amour et ils vous font souffrir. En tout cas, si

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