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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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étudier mes dessins et à fixer dans ma
mémoire certaines choses auxquelles j’avais assisté et que mes croquis ne
pouvaient pas rendre.
    Je n’étais pas très fier du rôle que j’avais joué dans l’avilissement
de Chose Délicate, mais j’ai toujours pensé qu’on devait essayer de tirer un
enseignement de tous les événements, même les plus tristes.
    Je n’irai pas jusqu’à dire que le viol de Chose Délicate fut la chose
la plus triste que j’aie vue dans toute mon existence. Un autre incident
tragique se produisit à mon retour à Xaltocán pour la fête de l’Ochpaniztli. Ce
nom veut dire Balayage, en référence aux rites religieux accomplis pour demander
que la prochaine récolte de maïs soit bonne. Cette fête se célébrait au cours
du onzième mois, vers le milieu de votre mois d’août, et comprenait différentes
cérémonies dont le point culminant était la représentation de la naissance de
Centeotl, le Dieu du maïs. Toute l’organisation de cette fête était laissée aux
femmes, les hommes et même les prêtres dans leur grande majorité n’étant que de
simples spectateurs.
    Pour commencer, les épouses et les veuves les plus vertueuses et les
plus respectables parcouraient l’île avec des balais de plumes pour nettoyer
les temples et les lieux saints. Ensuite, des femmes dansaient, chantaient et
faisaient de la musique pendant la cérémonie finale, sous la direction des
assistantes du temple. Une vierge choisie parmi les jeunes filles de l’île
jouait le rôle de Teteoinnan, la mère de tous les dieux. Le point culminant de
cette nuit était le moment où, seule au sommet d’un temple, elle mimait sa
défloration, puis elle faisait semblant d’endurer les souffrances de l’enfantement.
Ensuite, elle était mise à mort par des femmes archers qui accomplissaient leur
besogne avec beaucoup de bonne volonté, mais peu d’adresse, si bien que la
malheureuse subissait une mort lente et douloureuse.
    Mais, au dernier moment, il y avait toujours une substitution, car on
ne sacrifiait jamais une de nos jeunes filles, à moins qu’elle se soit portée
volontaire pour une raison personnelle. Ce n’était donc pas la vierge qui avait
personnifié Teteoinnan qui était immolée, mais une esclave ou une prisonnière
d’un pays étranger. Pour cela, on ne lui demandait pas d’être vierge, et
c’était même parfois une très vieille femme qu’on expédiait, cette nuit-là,
dans l’autre monde.
    Quand, après avoir été laborieusement percée, taillée et blessée de
toutes parts par des flèches innombrables, la femme expirait enfin, des prêtres
entraient dans le jeu, pour la première fois. Ils sortaient du temple pyramide
où ils s’étaient cachés et, toujours quasiment invisibles à cause de leur
costume noir, ils tiraient le corps à l’intérieur du temple et ils écorchaient
la peau de l’une des cuisses de la victime. Un prêtre bondissait alors hors du
temple, coiffé de ce cône de chair, dans un tonnerre de musique et de chants.
Centeotl, le jeune Dieu du maïs, venait de naître. Il dévalait les escaliers de
la pyramide et se joignait aux femmes pour danser avec elles toute la nuit.
    Je vous raconte ceci maintenant, parce que je pense que la cérémonie de
cette année-là se déroula comme toujours ; mais je ne peux que le
supposer, car je n’étais plus à Xaltocán pour y assister.
    Huexotl, le généreux prince, m’avait, une fois encore, prêté son acali
et ses rameurs et quand j’arrivai à Xaltocán, je vis que les autres – Chimali,
Tlatli et Pactli – étaient également revenus chez eux pour les vacances. En
fait, Pactli était définitivement de retour, car il venait de terminer ses
études au calmecac. J’étais très inquiet, car il n’avait maintenant rien
d’autre à faire que d’attendre la mort de son père, Héron Rouge, pour devenir
gouverneur à son tour. Il pouvait donc consacrer tout son temps à s’assurer la
possession de la femme qu’il désirait – ma rétive sœur –, avec l’aide d’une
alliée sûre qui était l’ambition de ma mère.
    Cependant, je dus faire face à une contrariété encore plus immédiate. Chimali
et Tlatli étaient si impatients de me voir qu’ils étaient déjà sur la jetée
quand le canoë s’amarra et ils paraissaient en proie à une excitation
indicible. Avant même que j’aie pu poser un pied sur la rive, ils se mirent
tous deux à parler, à crier et à rire.
    « Il nous arrive

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