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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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deux, n’importe où.
Mais il n’y avait rien de tranchant ou de lourd dans les parages et c’aurait
été de la folie de me battre à main nue. J’avais vingt ans ; j’étais un
adulte et j’aurais eu facilement le dessus sur les quatre prêtres. Mais mon
père, aguerri par ses travaux, n’aurait pas eu de mal à me maîtriser. De plus,
ma rébellion aurait éveillé les soupçons et entraîné des interrogatoires et des
vérifications, et la malédiction aurait été jetée sur nous…
    Par la suite, je me suis souvent demandé si cette malédiction n’aurait
pas été préférable à ce qui arriva en fait. Cette idée m’effleura un instant,
mais j’hésitai. Etait-ce parce que dans un lâche recoin de mon être, je savais
que je ne subirais pas le même sort que Tzitzitlini ? Où était-ce la faute
de mon tonalli – ou du sien ? Je ne le saurai jamais. Tout ce que je sais,
c’est que j’hésitai et qu’ensuite, le moment d’agir était passé. Tzitzi avait
disparu dans les ténèbres, avec son escorte de prêtres rapaces.
    Cette nuit-là, elle ne revint pas à la maison.
    Nous restâmes à l’attendre, en silence, longtemps après que l’heure du
coucher fut passée et qu’eut retenti la conque de minuit. Mon père semblait
inquiet, sans doute au sujet de sa fille et de cette inhabituelle prolongation
des « formalités préliminaires ». Ma mère aussi était soucieuse, sans
doute parce qu’elle commençait à craindre que ses plans patiemment échafaudés
ne soient voués à l’échec. Mais tout à coup, elle éclata de rire en
disant : « Mais oui, les prêtres n’auront pas voulu la laisser repartir
dans la nuit et les jeunes filles du temple lui auront prêté une chambre pour
dormir. Quelle bêtise de l’attendre ainsi. Allons nous coucher. »
    Je m’étendis sur ma paillasse, mais je ne parvins pas à trouver le
sommeil. J’étais tourmenté par l’idée que si les examens prouvaient que Tzitzi
n’était plus vierge – et comment aurait-il pu en être autrement ? – les
prêtres allaient en profiter. Tous nos prêtres faisaient vœu de chasteté, mais
personne n’y croyait. Les femmes du temple allaient déclarer de bonne foi que
Tzitzi leur était arrivée démunie de son chitoli et de son étroitesse
virginale, chose qu’on ne pouvait imputer qu’à sa légèreté passée. Quand elle
aurait quitté le temple, quoi qu’il lui soit arrivé dans l’intervalle, elle ne
pourrait porter aucune accusation envers les prêtres.
    Je me tournais et me retournais sur ma natte, en imaginant ces prêtres
abusant d’elle pendant toute la nuit, à tour de rôle et invitant allègrement
tous les prêtres de l’île à participer à la fête. Non pas qu’ils fussent privés
sur le plan sexuel. On supposait en effet que les femmes du temple étaient à
leur entière disposition, mais vous avez dû remarquer, mes révérends, que les
femmes qui vouent leur existence au service du temple sont rarement constituées
à rendre fou de désir un homme normal. Cette nuit, les prêtres devaient être
remplis de joie par ce cadeau inespéré de la chair fraîche de la fille la plus
excitante de l’île. Je les imaginais, s’abattant sur le corps sans défense de
Tzitzi, comme une bande de vautours sur un cadavre abandonné. Battant des
ailes, comme les vautours, sifflant, griffus et noirs comme eux. Les prêtres
faisaient aussi le vœu de ne jamais se déshabiller. Mais, même s’ils passaient
outre et se ruaient, nus, sur Tzitzi, leurs corps n’en étaient pas moins puants
et pleins de croûtes, car ils ne s’étaient jamais lavés depuis le jour où ils
étaient devenus prêtres.
    J’espérais que tout cela n’était que le fruit de mon imagination et que
ma sœur bien-aimée n’était pas en train de servir de charogne à ces vautours.
Par la suite, aucun des prêtres ne parla de son séjour au temple, ni pour
confirmer, ni pour réfuter mes craintes.
    Le matin, Tzitzi ne revint pas à la maison. Un des quatre prêtres se
présenta. Son visage était totalement inexpressif et il déclara seulement :
« Votre fille n’a pas été choisie pour jouer le rôle de Teteoinnan à la
cérémonie. Elle a déjà connu charnellement au moins un homme.
    —  Yya ouiya Ayya  ! se lamenta ma mère.
Tout est perdu !
    — Je ne peux pas le croire, murmura mon père. Une si bonne fille.
Je ne comprends pas…
    — Peut-être, coupa le prêtre, pourriez-vous offrir, à la place,
votre

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