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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’elle-même, la carrière fit entendre un bruit déchirant et
éclata en morceaux, dont certains dégringolèrent lourdement en cubes immenses
et d’autres se détachèrent en fines lamelles ; tous tombèrent intacts dans
des filets de corde déployés pour les recevoir avant qu’ils ne s’écrasent sur
le sol. Nous descendîmes et mon père les inspecta avec satisfaction.
    Il me montra les cubes de calcaire en disant : « Plus qu’un
petit coup d’herminette, un petit polissage avec un mélange de poudre
d’obsidienne et d’eau, et ça fera de parfaites pierres à bâtir. » Puis,
désignant les plaques aussi grandes que le sol de notre maison et épaisses
comme mon bras, il déclara : « Et ça, ce sera pour les panneaux de
revêtement. »
    Je passai la main sur la surface des blocs qui m’arrivaient à la
taille. Ils étaient à la fois cireux et poudreux.
    « Oh, ils sont encore trop tendres pour être utilisés, quand on
vient de les dégager de la roche mère. » Il érafla de son ongle la surface
du bloc, y faisant une profonde rayure. « Après quelque temps au grand
air, ils se solidifient et deviennent durs et inattaquables comme du granit,
mais pendant que la pierre est encore malléable et tendre, on peut la graver
avec une roche plus dure ou la couper. »
    La plupart du calcaire de l’île était transporté sur la terre ferme ou
vers la capitale, pour les murs, les sols et les plafonds des bâtiments. Mais à
cause de la malléabilité de la pierre fraîche, il y avait aussi des sculpteurs
dans la carrière. Les artistes choisissaient les blocs de la meilleure qualité
et pendant qu’ils étaient encore tendres, ils sculptaient dedans des statues de
dieux, de chefs et d’autres héros. Sur les plaques de calcaire les plus
parfaites, ils gravaient des linteaux et des frises en bas-relief pour décorer
les temples et les palais. Dans les restes de ces blocs, les artistes
sculptaient de petites divinités domestiques que tout le monde chérissait. Chez
nous, il y avait, bien sûr, des figurines de Tonatiuh et de Tlaloc et aussi de
Chicomecoatl, la déesse du maïs et de Chantico, la déesse du foyer. Ma sœur
Tzitzi avait une statuette personnelle de Xochiquetzatl, déesse de l’amour et
des fleurs à qui toutes les jeunes filles demandaient un mari aimant et qui
leur convienne.
    Les éclats de pierre et autres détritus des carrières étaient brûlés
dans les fours dont j’ai déjà parlé et d’où s’échappait de la poussière de
chaux qui avait, elle aussi, son utilité. Elle était indispensable pour
préparer le mortier qui cimentait les blocs de construction. Elle servait aussi
à faire un crépi pour recouvrir les bâtiments construits dans des matériaux
moins nobles. Mélangée avec de l’eau, la chaux sert aussi à décortiquer les
épis de maïs dont les femmes font de la farine pour préparer les tortillas
texcaltin et autres aliments. La chaux était même employée par une certaine
catégorie de femmes comme cosmétique ; elle dissimulait leurs cheveux
bruns ou noirs sous une teinte jaune artificielle, comme le font certaines de
vos femmes.
    Les dieux ne donnent jamais rien tout à fait gratuitement, et de temps
en temps, ils exigeaient un tribut pour la prospérité de la carrière de
Xaltocán. Je me trouvai par hasard à la carrière de mon père, un jour que les
dieux avaient décidé qu’on leur offre un sacrifice.
    Une équipe de porteurs montait un énorme bloc, fraîchement extrait, le
long d’une pente qui partait en spirale du fond de la carrière, jusqu’en haut.
Une sangle autour du front, attachée au filet de corde qui retenait le bloc,
ils le tiraient par la seule force de leurs muscles. A un endroit de la rampe,
le bloc glissa trop près du bord ou dérapa sur une quelconque irrégularité du
chemin. Quoi qu’il en soit, il tomba lentement et implacablement sur le côté.
Il y eut de grands cris et si les porteurs n’avaient pas immédiatement retiré
la sangle de leur front, ils auraient été emportés par le bloc. Mais en bas,
dans le bruit de la carrière, il y avait un homme qui n’avait pas entendu les
cris. Le bloc arriva sur lui et l’un de ses bords le coupa exactement en deux à
la hauteur de la taille, comme une scie.
    Le bloc de calcaire avait fait une telle entaille dans le sol de la
carrière, qu’il resta là, en équilibre sur un angle. Aussi mon père et les
autres hommes qui accoururent purent le faire basculer sans

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