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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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s’écria Zyanya lorsque je
lui présentai le couple-femme. J’étais surpris d’entendre exprimer de la pitié
à leur égard, car jusqu’à présent tous ceux qui avaient vu Gauche et Droite
avaient ricané, ou manifesté un profond étonnement, ou, comme Ahuizotl, avaient
vu en elles une marchandise intéressante, une espèce de gibier rare. Au
contraire, Zyanya les entoura des plus tendres attentions pendant tout le
voyage jusqu’à Tzintzuntzani, ne cessant de leur assurer qu’elles allaient
connaître là-bas une existence merveilleuse, dans le luxe et la liberté, comme
si elles avaient eu assez de cervelle pour s’en soucier. Je supposais, moi
aussi, qu’elles seraient plus heureuses dans l’indépendance relative d’une vie
de palais, même comme concubines à double face, plutôt qu’en étant
« enfermées dans une ménagerie et montrées comme un objet de dérision et
de curiosité.
    Lorsque je lui avais parlé de ma curieuse mission, Zyanya avait insisté
pour m’accompagner. J’avais d’abord énergiquement refusé, car je savais que
tous ceux qui viendraient avec moi ne vivraient pas longtemps dans le cas très
probable où je serais pris en train de voler une de ces sacro-saintes armes de
métal. Mais elle sut me persuader que si on arrivait à endormir à l’avance les
soupçons de notre hôte, j’aurais davantage d’occasions de m’approcher d’une de
ces armes et de la subtiliser sans être vu.
    « Y a-t-il une chose plus innocente qu’un couple qui voyage
ensemble ? Et puis, j’aimerais bien connaître le Michoacán Zaa. »
    Son idée de couple me sembla très valable, même si je l’envisageais
sous un jour un peu différent. Pour les gens aux mœurs très libres qu’étaient
les Purépecha, un homme qui voyageait avec sa compagne de tous les jours dans
un pays où il n’aurait eu qu’à lever le petit doigt pour avoir tout ce qu’il
désirait, était un spectacle confondant. Ils verraient donc en moi un demeuré
sans aucune imagination ou un impuissant, bien incapable d’être un voleur, un
espion ou qui que ce soit de dangereux. C’est pourquoi, en fin de compte,
j’acceptai que Zyanya vienne avec moi et elle se mit sur-le-champ à préparer
les paquets.
    Ahuizotl me fit avertir que les jumelles et leur garde-robe étaient
prêtes. Quelle ne fut pas mon épouvante lorsque je les vis complètement
tondues, Ayyo  ! leur tête ressemblait à leurs seins, en forme de
cône et je craignis d’avoir fait une grave erreur en donnant ce conseil. Chez
les Purépecha, une tête chauve était peut-être la suprême beauté, mais que dire
d’une tête chauve et pointue ? De toute façon, il était trop tard pour
changer d’avis, et chauves elles resteraient.
    Ensuite, à la dernière minute, on s’aperçut qu’aucune chaise à porteurs
classique ne pouvait convenir à Droite et à Gauche et il fallut en fabriquer
une spécialement, ce qui retarda notre départ de quelques jours. Ahuizotl avait
décidé de ne rien épargner pour cette expédition, aussi ce fut une véritable
caravane qui se mit en route avec nous.
    Deux gardes du palais nous précédaient ; ils n’avaient pas
d’armes, mais je savais qu’ils étaient tous deux experts dans les combats à
main nue. Pour ma part, je n’avais rien d’autre que mon bouclier blasonné de
Chevalier-Aigle et une lettre d’introduction signée d’Ahuizotl. Je marchais à
côté de la chaise à porteurs de Zyanya, jouant à la perfection mon rôle d’époux
soumis et lui montrant tout ce qu’il y avait à voir en chemin. Derrière nous,
venait la chaise des jumelles portée par huit hommes ainsi que des équipes de
rechange qui se relayaient. Cette chaise était en fait une sorte de petite
hutte posée sur des montants en bois avec un toit et des rideaux sur les côtés.
L’arrière-garde de la caravane était composée de nombreux esclaves chargés de
paquets, de paniers et de provisions.
    Au bout de trois ou quatre jours de marche, nous arrivâmes dans le
village de Zitacuaro près duquel un poste de garde signalait les limites du
Michoacán. Nous y fîmes halte tandis que les soldats purépecha examinaient
respectueusement la lettre que je leur montrai, puis ils tâtèrent les paquets
sans les ouvrir. Ils eurent l’air stupéfait quand ils virent deux filles
exactement semblables assises côte à côte, dans une position qui semblait
particulièrement inconfortable. Cependant, ils ne posèrent aucune question

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