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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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être jeune et robuste pour jouer à ce jeu brutal.
    Tout autour du terrain de jeu, la foule s’était massée, nobles et gens
du peuple, écrasés les uns contre les autres. Un sur cent, à peine, pouvait
espérer apercevoir quelque chose, mais lorsqu’ils entendaient les spectateurs
plus favorisés placés près du terrain crier «  Ayyo  ! » ou
«  Ayya  ! » ou haleter « Hoo-oo-ooo », tous ceux
qui se trouvaient sur la plaza reprenaient ces clameurs sans même savoir
pourquoi.
    De chaque côté du terrain, les gradins de pierre étaient occupés par
les nobles les plus éminents de Tenochtitlán et de Texcoco. En échange, sans
doute, du secret que je leur avais promis, les deux orateurs m’avaient attribué
une place de choix et j’étais le plus humble personnage de cette auguste
assemblée, exceptée Nochipa que j’avais perchée sur mes genoux.
    « Regarde bien, ma fille, lui avais-je murmuré à l’oreille. C’est
quelque chose qu’on n’a encore jamais vu. Les deux nommes les plus puissants de
tout le Monde Unique, face à face et en public. Regarde bien pour t’en souvenir
toute ta vie. Jamais, tu ne le reverras.
    — Mais père, le joueur qui a le casque bleu, c’est un vieux,
dit-elle en pointant discrètement son menton en direction de Nezahualpilli.
    — Celui qui a le casque vert à mon âge et il n’est pas tout jeune
non plus.
    — On dirait que tu es pour le vieux.
    — J’espère que tu vas l’encourager avec moi. J’ai parié une petite
fortune sur lui. »
    Nochipa se retourna brusquement et planta ses yeux dans les miens.
    « Mais tu es fou, père. Pourquoi avoir fait ça ?
    — Je n’en sais rien. Et maintenant, reste tranquille, tu es bien
assez lourde quand tu ne bouges pas. »
    Ma fille venait d’avoir douze ans. Elle se faisait femme et commençait
à prendre des courbes gracieuses, mais heureusement, elle n’avait pas hérité la
taille de son père, sinon je n’aurais pas pu la prendre sur mes genoux.
    Le prêtre de Tlaloc marmonna des prières et des invocations
interminables avant de lancer la balle en l’air pour le premier jeu. Je ne vais
pas vous décrire tous les coups, mes révérends, puisque vous ignorez les règles
du tlachtli. Le prêtre détala du terrain comme un cafard, laissant seuls
Motecuzoma et Nezahualpilli.
    Les deux adversaires avaient la tête protégée par un bandeau de cuir
matelassé, de grosses pièces de cuir aux coudes et aux genoux et un pagne
rembourré sur lequel ils avaient enfilé une large ceinture de cuir rembourrée.
Leurs vêtements étaient de couleur différente, bleu pour Nezahualpilli et vert
pour Motecuzoma. Mais, même sans ce signe distinctif et sans ma topaze,
j’aurais facilement reconnu les joueurs. Sous le rembourrage, on se rendait
compte que le corps de Motecuzoma était ferme, souple et musclé, alors que
Nezahualpilli était décharné et osseux. Motecuzoma se déplaçait avec agilité,
il rebondissait comme de Poli ; Nezahualpilli était raide et
maladroit ; il faisait peine à voir. Je sentis un coup de coude dans mon dos.
C’était le Seigneur Çuitlahuac, le plus jeune frère de Motecuzoma, qui
commandait toutes les armées des Mexica. Il me lança un sourire de défi.
J’avais parié avec lui un joli tas d’or.
    Motecuzoma sautait, courait, flottait, volait. Nezahualpilli clopinait,
soufflait et son crâne chauve luisait de sueur sous les lanières de son casque.
La balle était toujours dans le camp de Motecuzoma ; Nezahualpilli n’était
jamais assez rapide pour l’intercepter et l’autre se trouvait toujours où il
fallait pour la frapper à nouveau du coude, du genou ou de la hanche. A chaque
fois qu’il marquait un point, les spectateurs l’ovationnaient, sauf Nochipa,
les courtisans de Nezahualpilli et moi.
    Motecuzoma remporta la première manche. Il sortit du terrain en sautant
comme un jeune cerf pour se livrer aux mains des masseurs et avaler une gorgée
de chocolat. Et déjà, il se relevait, prêt à reprendre la partie, alors que
Nezahualpilli, tout en sueur, venait à peine de s’asseoir.
    « On va être pauvres, père ? » me demanda Nochipa.
Cuitlahuac l’entendit et s’esclaffa tout haut, mais il ne rit plus quand la
partie reprit.
    Longtemps, les vieux joueurs de tlachtli ont discuté pour essayer
d’expliquer ce qui s’était passé. Certains dirent que Nezahualpilli avait mis
du temps à s’échauffer ; d’autres, que Motecuzoma avait trop forcé

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