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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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poisson ? Des
grenouilles ? Une de mes sœurs ?
    — Et pourquoi pas la Pierre de la Lune », fis-je, comme si je
venais seulement d’y penser.
    Il tituba sous le choc. « Quoi ! Notre seule et unique image
sacrée !
    — Motecuzoma fera peut-être fi de la déesse, mais il saura
reconnaître une œuvre d’art.
    — Donner la Pierre de la Lune, s’exclama-t-il. On me haïrait
encore plus que cette maudite sorcière yaki dont parle le grand-père.
    — Bien au contraire. Elle a été la cause de la désintégration des
Azteca et vous seriez l’artisan de sa réconciliation. Penser que vous vous
uniriez à la plus puissante nation du monde connu. »
    Et c’est ainsi que lorsque je pris congé de tout le monde, j’entendis
mon cousin Mixtli maugréer : « Je ne peux pas la pousser tout seul.
Il faudrait convaincre les autres…»
    Je n’avais plus aucune raison de poursuivre mon exploration. Il était
temps que je rentre chez moi. Je ne vous parlerai pas des montagnes que j’ai
traversées, ni des peuples que j’ai rencontrés. Pendant ce voyage de retour,
j’eus constamment l’esprit occupé par toutes les choses que j’avais apprises…
ou désapprises.
    Cette invention d’une lignée incomparable ne tenait pas debout. Nos
ancêtres n’ont pas quitté Aztlán à l’appel de la gloire, ils ont simplement été
dupés par une femme folle ou vindicative, issue de la tribu la plus inhumaine
qui soit. Même si cette légendaire sorcière yaki n’était qu’un mythe, ils
s’étaient conduits de façon si odieuse que leurs propres frères les avaient
chassés. Mes pères avaient quitté Aztlán sous la menace de l’épée ; ils
avaient fui honteusement sous le couvert de la nuit. La plupart de leurs
descendants vivaient toujours en marge de la société, dans l’exil perpétuel d’un
lugubre désert. Seuls quelques-uns étaient parvenus jusqu’à la région des lacs
et c’était uniquement à cause de cela qu’ils… que nous… que moi et tous les
autres Mexica, nous ne menions plus une existence errante et stérile.
    Tout en cheminant lentement vers l’est, je me perdais dans ces
troublantes réflexions. Les Mexica étaient très fiers de leurs origines et
voilà que j’en avais honte. Mais ces deux attitudes étaient également stupides
et il ne fallait ni blâmer, ni louer nos ancêtres pour ce que nous étions devenus.
Nous avions aspiré à autre chose qu’une vie dans un marécage et nous avions
émigré de l’île d’Aztlán vers une autre île dont nous avions fait la plus
prestigieuse des cités, la capitale d’un empire incomparable, le centre d’une
civilisation qui ne cessait d’étendre son influence dans tout le Monde Unique.
Il nous suffisait de dire : « Nous sommes les Mexica ! »
pour imposer le respect à toutes les autres nations.
    Rasséréné par ces méditations, je relevai la tête et me remis fièrement
en marche vers le Cœur du Monde Unique.
     
    ***
     
    Malheureusement, je me rendis vite compte que je ne pourrais pas
soutenir longtemps cette allure altière et décidée. Plus je m’approchais de mon
pays, plus j’avais l’impression de porter sur mon dos tout le poids de ces
faisceaux d’années. J’avançais moins rapidement qu’autrefois, je m’essoufflais
dans les côtes et quand j’escaladais des pentes trop raides, mon cœur cognait
furieusement dans ma poitrine.
    Je décidai de faire un crochet ; je voulais voir le premier site
occupé dans la région des lacs, le berceau de notre civilisation :
Teotihuacân, « Le lieu où les dieux sont créés ».
    On ignore le nombre des faisceaux d’années qui se cachent derrière les
ruines silencieuses et majestueuses de Teotihuacân. Les dalles de ses larges
avenues sont depuis longtemps enfouies sous le sable apporté par le vent et
sous l’herbe envahissante. Ses temples ne sont plus que des amoncellements de
pierre. Ses pyramides dominent toujours la plaine, mais leurs cimes se sont
épointées, leurs angles vifs se sont émoussés, sous l’assaut des ans et des
intempéries. Les teintes éblouissantes qui faisaient resplendir la cité se sont
fanées – l’éclat du calcaire blanc, le miroitement des ors et le flamboiement
des couleurs – et tout a sombré dans un gris triste et uniforme. Selon la
tradition mexica, les dieux auraient élevé cette ville pour s’y réunir quand
ils élaborèrent les plans de la création du monde. Mais d’après mon ancien
professeur

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