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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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à ma porte. J’allai ouvrir et je me trouvai face à quatre gardes du
palais qui tenaient les coins d’une natte de roseau sur laquelle était allongé
un corps gracile recouvert par un fin drap de coton.
    « Excusez notre intrusion, Seigneur Mixtli, dit l’un des gardes
d’un ton désinvolte. On nous a donné l’ordre de venir vous demander de regarder
le visage de cette morte.
    — Pas la peine, répondis-je, surpris qu’Alvarado et Motecuzoma
aient deviné si rapidement qui était l’auteur de ce crime. Je suis capable
d’identifier cette femelle coyote sans la voir.
    — Il faut que vous la regardiez », insista durement le garde.
    Je soulevai le drap en ajustant ma topaze et une exclamation
involontaire m’échappa. C’était une jeune fille que je ne connaissais pas.
    « Elle s’appelle Laurier, me dit Malintzin. Ou plutôt, elle
s’appelait Laurier. »
    Je n’avais pas remarqué qu’une chaise à porteurs s’était arrêtée au
pied des escaliers. Malintzin en descendit et les gardes s’écartèrent pour la
laisser passer.
    « Entrons », me dit-elle. Puis, s’adressant aux gardes :
« Attendez-moi ici. Si je vous appelle, accourez aussitôt. »
    Je lui ouvris la porte et la refermai au nez des gardes. Je cherchai en
tâtonnant une lampe dans l’entrée, mais elle m’arrêta :
    « N’allumez pas. Autant ne pas nous voir, n’est-ce
pas ? »
    Je la conduisis dans la salle du devant et nous nous assîmes en face
l’un de l’autre. Elle n’était qu’une frêle silhouette ramassée dans la
pénombre, mais quel danger elle représentait !
    « Laurier était une Texcalteca qu’on m’avait donnée comme
servante. Aujourd’hui, c’était son jour de goûter à mon repas. C’est une petite
précaution que je prends depuis quelque temps, mais les domestiques du palais
ne le savent pas. Ne vous reprochez donc pas trop votre échec, Seigneur Mixtli,
à moins que vous n’ayez quelques remords au sujet de cette pauvre innocente.
    — C’est une chose que je n’ai cessé de déplorer, fis-je avec une
gravité d’ivrogne. C’est toujours les bons et les innocents qui meurent et
jamais les méchants. »
    J’aurai aussi bien pu récriminer parce que les orages de grêle de
Tlaloc détruisaient le bienfaisant maïs et non les buissons d’épines.
Cependant, dans un recoin encore sobre de mon esprit, je m’efforçais
désespérément de penser. Cette tentative de meurtre avait sans doute empêcher
Malintzin de remarquer ce qui se passait au Cœur du Monde Unique. Mais si elle
me tuait et qu’elle repartait aussitôt, elle s’en apercevrait et alerterait à
temps ses maîtres blancs. Outre que je n’avais pas une envie folle de mourir
pour rien, j’avais juré de mettre Malintzin hors d’état de nuire. Il fallait à
tout prix la retenir ici jusqu’à ce qu’on entende la rumeur monter de la place.
A ce moment, ses gardes se précipiteraient aux nouvelles et ils ne tiendraient
plus aucun compte de ses ordres. Je devais absolument l’occuper pendant un
certain temps.
    « Les orages de Tlaloc détruisent aussi les papillons,
balbutiai-je, mais jamais la moindre sale mouche.
    — Arrêtez de dire des bêtises, comme si vous parliez à un enfant,
coupa-t-elle sèchement. Je suis la femme que vous avez tenté d’empoisonner et
je suis venue…»
    Pour l’empêcher de poursuivre sa phrase, j’aurais dit n’importe quoi.
    « C’est sans doute parce que je te vois toujours comme une enfant…
comme ma petite Nochipa.
    — Pourtant, je suis assez âgée pour qu’on veuille me supprimer,
Seigneur Mixtli. Si ma puissance est telle que vous me jugez dangereuse,
pourquoi n’essayez-vous pas plutôt de vous en servir ? Pourquoi y mettre
un terme alors que vous pouvez l’utiliser à votre avantage ? »
    Je fronçai les sourcils, mais sans l’interrompre pour lui demander ce
qu’elle voulait dire. Il fallait qu’elle continue à parler le plus longtemps
possible.
    « Vous êtes dans la même position vis-à-vis des Mexica que moi
vis-à-vis des Blancs. Nous ne sommes pas des membres officiels de leurs
conseils et pourtant ils nous écoutent. Nous n’aurons jamais d’amitié l’un pour
l’autre, mais nous pouvons nous rendre service. Nous savons tous deux que rien
ne sera plus jamais pareil dans le Monde Unique, mais personne ne peut prédire
qui l’emportera. Si les gens de ce pays gagnent, vous pourrez être mon allié le
plus sûr et si ce sont les Blancs,

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