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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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vous étiez chez vous et que vous n’avez pas pris part au
soulèvement.
    — Tu étais au courant, lui répondis-je d’un ton glacé.
    — Pedro m’a ordonné de me mettre à l’abri et j’ai choisi de venir
ici. Vous avez essayé de m’empêcher d’assister à vos préparatifs et moi, je
voulais vous empêcher de voir que nous avions déplacé les canons sur le toit.
Mais reconnaissez, Mixtzin, que nous ne nous sommes pas ennuyés et nous avons
conclu un pacte, n’est-ce pas ? » Elle riait de bon cœur. « Vous
ne pourrez plus vous attaquer à moi maintenant. »
    Je ne compris rien à ces paroles avant que Béu ne m’ait tout raconté.
Le médecin vint soigner sa main blessée par un éclat de mitraille et quand il
fut parti, je restai assis près d’elle sur le lit. Elle ne me regardait pas.
Son visage était pâle et défait et une larme coulait le long de sa joue. Après
un long silence, je parvins à lui murmurer que j’étais désolé et elle me
répondit, toujours sans me regarder :
    « Tu n’as jamais été un mari pour moi, Zaa, aussi ne parlons pas
de loyauté à mon égard. Mais je croyais que tu étais fidèle à certains
principes personnels. Si tu n’avais fait que coucher avec une femme vendue aux
Blancs, ce ne serait rien, mais ce n’est même pas ça que tu as fait. J’étais
là, j’ai tout vu… ce que tu as fait, il n’y a pas de nom pour le qualifier.
Pendant que tu étais en elle… tu la caressais et tu murmurais :
« Zyanya, mon amour « et puis tu as dit aussi : « Nochipa,
ma bien-aimée « et encore « Zyanya, ma chérie ». » Elle eut
un haut-le-cœur.
    « Comme ces deux noms signifient la même chose, je ne sais pas si
tu as fait l’amour avec ta femme ou avec ta fille, ou encore avec les deux,
mais tout ce que je sais, c’est qu’elles sont mortes toutes les deux. Tu as
fait l’amour avec des mortes, Zaa. »
    Je suis peiné de vous voir détourner la tête, mes révérends, comme
l’avait fait alors Béu. Je voulais simplement vous expliquer pourquoi Malintzin
est encore en vie aujourd’hui, bien qu’après ce soir-là, je l’aie haïe plus que
jamais. Cette haine fut attisée par la répulsion que j’avais lue dans les yeux
de Béu et par le dégoût que j’avais de moi-même. Néanmoins, je n’ai jamais plus
essayé d’attenter à la vie de cette femme bien que j’en aie eu plusieurs fois
l’occasion. Elle, de son côté, n’a jamais cherché à me nuire et, s’étant élevée
très haut dans la noblesse de la Nouvelle-Espagne, elle m’a complètement
oublié. J’ai dit qu’il était possible que Cortés ait aimé Malintzin, car il l’a
gardée près de lui pendant des années et il n’essaya pas de la cacher quand
Dona Catarina, son épouse depuis longtemps délaissée, arriva de Cuba à l’improviste.
Elle mourut en quelques mois, de chagrin, ont dit certains et pour une cause
bien moins romantique, ont prétendu les autres. Cependant, Cortés fit procéder
à une enquête minutieuse qui le lava entièrement de tout soupçon.
    Peu de temps après, Malintzin donna naissance à Martin, le fils de
Cortés. Il a maintenant huit ans et il paraît qu’il va bientôt partir en
Espagne pour y faire ses études. Cortés ne se sépara de Malintzin qu’après son
séjour à la cour du roi Carlos, quand il fut promu marqués del Valle et qu’il
revint avec une nouvelle marquesa Juana à son bras. Il veilla à ce que son
ancienne maîtresse fût bien pourvue, il lui fit don d’une propriété importante
et la maria très chrétiennement à un capitaine de vaisseau, un certain Juan
Jaramillo qui disparut en mer peu de temps après. Aussi, maintenant, tout le
monde, Son Excellence compris, la traite avec beaucoup de respect et l’appelle
Dona Señora Marina, Viuda de Jaramillo, propriétaire de la grande île de
Tacamichapa, près de la ville d’Espiritu Santo, qui se nommait autrefois
Coatzacoalcos.
    Tout cela pour vous dire que si Dona Marina vit toujours, c’est parce
que je l’ai laissée vivre, parce qu’une seule courte nuit, je l’ai aimée.
    Il ne faisait pas encore tout à fait noir quand les Espagnols
pointèrent leurs canons sur la foule massée sur la place, puis la chargèrent à
l’épée, à la lance et à l’arquebuse. Ils tuèrent ou blessèrent grièvement un
millier de femmes et d’enfants. A ce moment, très peu d’hommes s’étaient encore
infiltrés et moins de vingt succombèrent, parmi lesquels il

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