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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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prit jamais autant soin de sa
vie. Il ne vivait que dans l’espoir de continuer à vivre. »
    J’attendai la suite, mais il ne dit plus rien, aussi je lui
demandai :
    « Qu’est-il advenu de lui, Maître cuachic ?
    — Il mourut.
    — C’est tout ?
    — Que peut-il arriver d’autre à un homme ? Je ne me rappelle
même plus son nom. Personne ne se souvient plus de lui, sauf qu’il a vécu et
qu’il est mort. » Après un silence, je lui dis :
    « Maître, je sais bien que si je suis tué au combat, mon trépas
nourrira les dieux et qu’ils me récompenseront largement dans l’autre monde et
peut-être ainsi, mon nom ne sera pas oublié. Mais ne pourrais-je pas être un
peu utile ici-bas avant de mourir ?
    — Frappe un seul coup meurtrier au combat, mon garçon, et même si
tu es tué l’instant suivant, tu auras fait quelque chose de ta vie, bien plus
que tous ces hommes qui se tuent à la tâche pour survivre, jusqu’à ce que les
dieux se fatiguent de leur futilité et les balaient à jamais dans
l’oubli. »
    Gourmand de Sang se redressa. « Regarde, Perdu dans le Brouillard,
voilà mon macquauitl. Il m’a bien servi. Soupèse-le un peu. »
    Je dois avouer que je ressentis une certaine émotion quand j’eus dans
les mains une vraie épée, pour la première fois, à la place d’une arme-jouet en
balsa et en plumes. Elle était atrocement lourde, mais son poids même semblait
dire, « Je suis la force. »
    « Je vois que tu la soulèves et que tu la balances d’une seule
main », observa le Maître. « Il n’y a pas beaucoup de garçons de ton
âge capables de faire ça. Viens par ici, maintenant. Tu vois ce gros
nopalli ? Vas-y, donne-lui un grand coup. »
    C’était un vieux cactus, presque aussi grand qu’un arbre. Ses lobes
verts et épineux ressemblaient à des pagaies et son tronc à l’écorce brune
était aussi large que ma taille. Je fis d’abord un essai en lançant le
macquauitl de la main droite seulement et le tranchant d’obsidienne vint mordre
le bois du cactus avec un sifflement gourmand. Puis je dégageai la lame, pris
le manche à deux mains, balançai l’épée loin derrière moi et frappai de toutes
mes forces. Je pensais bien que la lame allait faire une entaille plus
profonde, mais je fus vraiment surpris de la voir cisailler le tronc, faisant
jaillir la sève comme du sang incolore. Le nopalli alla s’écraser par terre et
nous dûmes sauter rapidement de côté pour éviter la masse aux épines acérées.
    «  Ayyo , Perdu dans le Brouillard ! » s’exclama
Gourmand de Sang, admiratif. « Tu manques peut-être de certaines qualités,
mais tu possèdes la force d’un guerrier-né. »
    Je rougis de plaisir et de fierté, mais je dus ajouter :
« Bien sûr, Maître, je suis capable de frapper et de tuer, mais il faut
parler de ma mauvaise vue. Si par hasard je frappais le mauvais soldat. L’un
des nôtres ?
    — Jamais un cuachic à la tête de guerriers novices ne te mettrait
en position de faire une chose pareille. Dans une Guerre des Fleurs, il
t’affecterait dans le groupe des Ligoteurs qui portent les cordes pour attacher
les prisonniers ennemis qu’on ramène pour les sacrifices. Dans une vraie
guerre, on t’assignerait à l’arrière-garde des Engloutisseurs qui achèvent avec
des couteaux les camarades ou les ennemis qui ont été blessés au cours de la
bataille.
    — Engloutisseurs et Ligoteurs, murmurai-je, des tâches bien peu
héroïques pour mériter une récompense dans l’au-delà.
    — Tu parlais de ce monde-ci, me rappela sévèrement le maître.
D’utilité et non d’héroïsme. Même le plus humble peut être utile. Je me
rappelle le jour où nous pénétrâmes dans l’insolente cité de Tlatelolco pour
l’annexer à Tenochtitlân : les guerriers de cette ville nous livrèrent
combat dans les rues, bien sûr, mais les femmes, les enfants et les vieillards
montèrent sur le toit des maisons et jetèrent sur nous de grosses pierres, des
nids pleins de guêpes énervées, et même des poignées de leurs propres
excréments. »
    A cet endroit de mon récit, Messieurs les scribes, je ferais bien de
vous dire que, parmi les différences sortes de guerres que faisaient les
Mexica, la bataille pour Tlatelolco avait été un cas exceptionnel. Axayacatl,
notre Orateur Vénéré, avait jugé nécessaire de soumettre cette ville
orgueilleuse, de la priver de son statut indépendant et de forcer ses habitants
à

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