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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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mourut, se
mit à flotter ventre en l’air et à empuantir l’atmosphère.
    Ce fut ainsi pendant cinq ou six années ; dans ma jeunesse, les
vieilles gens les appelaient toujours les Temps Difficiles. Yya , Ayya ,
cela avait dû être une époque terrible, en effet, car les gens du peuple, les
macehualli fiers et honnêtes en étaient réduits à se vendre comme esclaves.
Voyez-vous, d’autres pays, par-delà le plateau, dans les hautes terres du Sud
et sur les Terres Chaudes de la côte, n’avaient pas été ravagés par cette
catastrophe climatique et ils nous offraient d’acheter une part de leurs
moissons abondantes, mais pas par générosité, car ils savaient que nous
n’avions rien à leur proposer en échange, excepté nous-mêmes. Ces autres
peuples, surtout ceux qui étaient nos inférieurs et nos ennemis, étaient trop
contents d’acheter comme esclaves les « orgueilleux Mexica » et de
les rabaisser encore davantage en leur proposant des prix dérisoires.
    Le prix habituel était de cinq cents épis de maïs pour un mâle en âge
de travailler et de quatre cents pour une femme en âge de procréer. Quand une
famille avait un enfant à vendre, fille ou garçon, elle le donnait pour que le
reste de la famille puisse manger. S’il n’y avait que des bébés dans la
famille, c’est le père qui se vendait lui-même. Mais combien de temps une
maisonnée peut-elle vivre sur quatre ou cinq cents épis de maïs ? Que
restait-il à vendre quand on les avait mangés ? Même si les Temps Heureux
revenaient tout à coup, comment une famille pouvait-elle subsister sans le
travail d’un père ? De toute façon, les Temps Heureux n’arrivaient pas…
    Cela se passait sous le règne de Motecuzoma I er et pour
essayer de soulager la misère de son peuple, il puisa dans son trésor personnel
et dans celui de la nation et vida tous les entrepôts et les greniers de la
capitale. Quand il n’y eut plus rien, que tout se fut envolé, sauf les Temps
Difficiles, toujours menaçants, Motecuzoma et son Femme-Serpent convoquèrent le
Conseil des Anciens et demandèrent même des avis à des devins et à des
prophètes. Je ne pourrais pas l’assurer, mais voici comment il paraît que la
réunion se déroula. Un vieux sorcier chenu qui avait passé des mois à étudier
les ossements qu’on avait jetés et à consulter les livres sacrés, déclara d’un
ton solennel :
    « Seigneur Orateur, les dieux nous ont affamés pour nous faire
comprendre qu’ils sont, eux aussi, affamés. Il n’y a pas eu de guerre depuis
notre dernière incursion en pays Texcala, en l’année Neuf Maison. Depuis ce
temps, nous n’avons fait aux dieux que de rares offrandes. Quelques prisonniers
gardés en réserve, des hors-la-loi occasionnels, et de temps à autre, un
adolescent ou une jeune fille. Les dieux réclament très clairement leur
nourriture.
    — Une autre guerre, dit Motecuzoma, songeur. Nos guerriers, même
les plus résistants, sont trop affaiblis pour marcher contre l’ennemi, sans
parler de le battre…
    — C’est bien vrai, mais il y a un autre moyen d’organiser un
sacrifice en masse.
    — Massacrer le peuple avant qu’il ne meure de faim, ironisa
Motecuzoma. Les gens sont si hâves et si desséchés qu’on ne recueillerait même
pas un verre de sang dans le pays tout entier.
    — Vous avez raison, Seigneur Orateur. De plus, ce serait un geste
si mesquin que les dieux ne l’accepteraient probablement pas. Non, Seigneur, ce
qu’il faut, c’est une guerre, mais une guerre différente…»
    Voilà ce qui fut à l’origine, paraît-il, des Guerres Fleuries et voici
comment la première fut organisée.
    Les puissances les plus importantes et les plus centrales de la vallée
formaient une Triple Alliance : nous, les Mexica, avec notre capitale sur
l’île de Tenochtitlân ; les Acolhua dont la capitale était Texcoco, sur la
rive est du lac et les Tecpaneca qui avaient la leur à Tlacopan, sur la rive
ouest. Il y avait trois pays de moindre importance au sud-est : les
Texcalteca, dont j’ai déjà parlé avec leur capitale : Texcala ; les
Huexotin avec leur capitale à Huejotzingo et enfin les Tya-Nuii ou comme nous
les nommons, les Mixteca, qui furent jadis puissants et dont le territoire
s’était rétréci au point de n’être guère plus étendu que leur capitale de
Cholula. Le premier était notre ennemi et les deux autres nous payaient un
tribut depuis longtemps et, que cela leur plût ou

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