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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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faire allégeance à notre grande île-capitale de Tenochtitlân. Mais, en
général, nous ne faisions pas de guerres de conquêtes – du moins comme le font
vos armées qui ont conquis toute la Nouvelle-Espagne pour la transformer en une
abjecte colonie de votre mère-patrie.
    On pouvait vaincre et humilier une autre nation, on ne la rayait pas de
la carte. On combattait pour prouver sa puissance et pour exiger un tribut des
moins forts. Quand un pays se rendait et reconnaissait la suzeraineté des
Mexica, il devait verser annuellement à notre Orateur Vénéré un quota de ses
ressources et de ses produits naturels – or, épices, oli – et ses combattants
se voyaient soumis à la conscription quand on en avait besoin pour combattre
dans nos rangs.
    Toutefois, ce pays gardait son nom, sa souveraineté, son propre chef,
sa manière de vivre et sa religion. Nous ne lui imposions pas nos lois, ni nos
coutumes, ni nos dieux. Par exemple, Huitzilopochtli, dieu de la guerre, était
notre dieu. Grâce à lui, les Mexica étaient devenus un peuple à part et au-dessus
des autres, aussi on ne le partageait pas et on ne voulait pas que d’autres se
l’approprient. Bien au contraire, si nous découvrions, chez les peuples
vaincus, de nouveaux dieux ou de nouvelles manifestations de nos propres dieux,
et s’ils nous plaisaient, nos armées ramenaient des copies de leurs statues
pour les installer dans nos temples.
    Je dois dire aussi qu’il existait des nations desquelles il était
impossible d’exiger tribut ou fidélité. Par exemple, Cuauhtexcalan, notre
voisine du côté est, la Terre des Pics de l’Aigle, que nous appelions tout
simplement Texcala, « les pics ». Pour une raison quelconque, les
Espagnols lui ont donné le nom de Tlaxcala, ce qui est assez comique, puisque
cela veut dire, tortilla.
    Texcala était entourée de toutes parts de pays alliés aux Mexica ;
elle vivait donc complètement repliée sur elle-même. Texcala refusa toujours
énergiquement de se soumettre en quoi que ce fût, ce qui voulait dire qu’il lui
était impossible d’importer de nombreuses denrées nécessaires à l’existence. Si
les Texcalteca ne nous avaient pas, même en bougonnant, vendu la résine sacrée
du copal qui abonde dans ses zones forestières, ils n’auraient même pas eu de
sel pour mettre dans leurs aliments.
    Quoi qu’il en soit, notre Uey tlatoani restreignit sévèrement notre
commerce avec les Texcalteca – toujours dans l’espoir de les réduire à la
soumission – et ce peuple obstiné souffrait de continuelles et humiliantes
privations. Il lui fallut économiser sa maigre production de coton et même les
nobles durent porter des manteaux tissés avec une très faible proportion de
coton mélangé à du chanvre grossier ou à de la fibre de maguey, vêtements
seulement portés par les esclaves et les enfants, à Tenochtitlân. Ainsi vous
comprenez bien la haine profonde et tenace de Texcala à notre égard et vous
savez également quelles en furent les lourdes conséquences pour nous, pour les
Texcalteca et pour tout ce qui s’appelle maintenant la Nouvelle-Espagne.
    « En ce moment même, me disait ce jour-là Maître Gourmand de Sang,
nos armées sont engagées dans une désastreuse expédition contre une nation
récalcitrante de l’ouest. Le tlatoani a essayé d’envahir Michoacân, le
« lieu des pêcheurs », mais il a été honteusement repoussé. Axayacatl
escomptait une victoire facile, car ces Purépecha n’ont jamais été armés que de
lames de cuivre et pourtant ils ont complètement défait nos armées.
    — Mais comment est-ce possible, Maître ? demandai-je. Une
race si peu guerrière, équipée d’armes de cuivre mou ? Comment peut-elle
nous résister, à nous les invincibles Mexica ? »
    Le vieux soldat haussa les épaules. « Les Purépecha ne sont
peut-être pas des guerriers, mais ils savent assez bien se battre pour défendre
leur patrie de lacs, de rivières et de prairies bien arrosées. On dit aussi qu’ils
auraient découvert un métal magique qu’ils mélangent au cuivre fondu, et que
les lames forgées dans cet alliage sont si dures que nos armes d’obsidienne
viennent se froisser contre elles comme du papier.
    — Des pêcheurs et des fermiers, murmurai-je, vaincre les soldats
professionnels d’Axayacatl…
    — Oh, on essayera encore, tu peux en être sûr, dit Gourmand de
Sang. Cette fois-là Axayacatl voulait seulement s’approprier leurs

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