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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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mesure que les cultures étendent leurs racines, saison après saison,
les nouvelles racines se mêlent aux anciennes et finissent par se planter dans
le fond du lac et par maintenir solidement le radeau. Des jardins sont ainsi
installés tout le long. Chaque île habitée, sur le lac, Tenochtitlân comprise,
est entourée de ce collier de chinampa. Dans les îles les plus fertiles, il est
difficile de faire la distinction entre les champs que les dieux ont fait et
ceux qui sont l’œuvre de l’homme.
    La vue et l’intelligence d’une taupe suffisent pour cultiver ces
jardins, aussi je m’occupais de ceux qui appartenaient à notre famille et à nos
voisins. Ce n’était pas un travail compliqué et j’avais beaucoup de temps
libre. Grâce au cadeau de Chimali, je m’appliquais à tracer des mots en
simplifiant les symboles les plus compliqués, en les stylisant et en les
rapetissant. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j’avais toujours
le secret espoir que cette auto-éducation me permettrait d’améliorer mon sort.
Je souris maintenant en me revoyant assis sur un radeau sale, parmi le maïs,
les haricots et les chilis, environné par la puanteur des engrais d’entrailles
d’animaux et de têtes de poisson, gribouillant mes signes et perdu dans mes
rêves de grandeur.
    Par exemple, je caressais l’espoir de devenir un marchand ambulant pour
aller au pays des Maya où quelque docteur-miracle me rendrait la vue, tandis
que je m’enrichirais grâce à un commerce avisé tout au long du chemin. J’avais
plus d’un tour dans mon sac pour transformer mon petit fonds de départ en une
fortune colossale, des plans ingénieux que jamais aucun marchand avant moi
n’avait imaginés. Le seul ennui, comme me l’avait fait remarquer Tzitzi à qui
j’avais confié certaines de mes idées, c’était que je ne possédais même pas le
petit capital dont j’avais besoin pour débuter.
    C’est alors qu’un après-midi, comme la journée de travail était terminée,
un messager du Seigneur Héron Rouge apparut sur le seuil de la maison. Il
portait un manteau de couleur neutre, ce qui signifie ni bonnes, ni mauvaises
nouvelles.
    Il dit poliment à mon père, «  Mixpantzinco  ».
    Mon père lui répondit, «  Ximopanolti  », en lui faisant
signe d’entrer.
    Le jeune homme qui avait à peu près mon âge, fit un seul pas à
l’intérieur de la maison et dit, « Le Tecuhtli Héron Rouge, mon maître et
le vôtre, demande que votre fils Chicome-Xochitl Tlilectic-Mixtli vienne au
palais. »
    Mon père et ma sœur en restèrent interdits, de même que moi, sans
doute, mais pas ma mère qui se mit à pleurnicher : «  Yya Ayya ,
je savais bien qu’un jour il offenserait les nobles ou les dieux ou les deux à
la fois. » Elle s’arrêta pour demander au messager ; « Quelle
bêtise Mixtli a-t-il commise ? Le Seigneur Héron Rouge n’a pas besoin de
prendre la peine de le fouetter ou de le punir. On s’en chargera volontiers.
    — Je n’ai pas entendu dire qu’il s’agissait de cela »,
repartit le messager d’un ton agressif. « Je ne fais qu’obéir aux ordres.
Il faut que je le ramène sans délai. »
    Et sans délai, je le suivis, préférant ce qui m’attendait au palais à
toutes les suppositions de ma mère. J’étais curieux, bien sûr, mais je ne
voyais pas de raisons de trembler. Si cette convocation était venue plus tôt,
j’aurais craint que Pactli n’ait trouvé quelque chose contre moi, mais le jeune
Seigneur Joie était parti depuis deux ou trois ans dans un calmecac de
Tenochtitlân qui n’acceptait que les héritiers des familles dirigeantes,
eux-mêmes futurs dirigeants. Depuis, Pactli n’était revenu à Xaltocán que pour
de courtes vacances. Il était alors venu nous rendre visite à la maison, mais
toujours pendant les heures de travail alors que je n’étais pas là, aussi je ne
l’avais pas revu depuis le moment où nous avions si rapidement partagé Don des
Dieux.
    Le messager se tint respectueusement à quelques pas derrière moi tandis
que je pénétrai dans la salle du trône et que je m’inclinai pour faire le geste
d’embrasser la terre. A côté du Seigneur Héron Rouge se tenait un homme que je
n’avais encore jamais vu. Bien que l’étranger fût assis sur une chaise plus
basse que la sienne, comme c’est l’habitude, notre gouverneur paraissait bien
moins important qu’à l’accoutumée. Même avec mes yeux de taupe, je

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