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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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au
milieu de nos fautes une qualité qui les rachète, quelque chose
que, même dans notre chute, nous partageons avec les anges ;
qui remonte au bon vieux temps où ils parcouraient la terre, et
que, en partant, ils ont laissée derrière eux, par pitié pour
nous.
    Que de fois, pendant leur voyage, la veuve se
rappela, d'un cœur reconnaissant, que, si Barnabé était si gai et
si aimant, il le devait surtout à l'infirmité de son esprit !
Que de fois elle se répétait que, sans cela, il aurait été triste,
morose, dur, éloigné d'elle, qui sait ? méchant et cruel,
peut-être ! Que de fois elle trouva une consolation dans la
force de son fils, une espérance dans la simplicité de sa
nature ! Le monde était pour lui un monde de bonheur. Il n'y
avait pas un arbre, une plante, une fleur, un oiseau, une bête, un
faible insecte déposé sur l'herbe par le souffle de la brise d'été,
qui ne fût un plaisir pour lui ; et le plaisir de son fils
était aussi le sien. Dans les conditions de sa vie, que de fils
plus sensés auraient été pour elle un sujet de chagrin, pendant que
ce pauvre idiot, avec la faiblesse de son esprit, remplissait le
cœur de sa mère d'un sentiment de reconnaissance et d'amour !
Leur bourse était bien légère : mais la veuve avait retenu
pour elle une guinée du petit trésor qu'elle avait compté dans la
main de l'aveugle ; avec quelques pence qu'elle avait ramassés
d'ailleurs, cela valait, pour leurs habitudes frugales, une bonne
somme à la banque. Ils avaient, de plus, Grip avec eux ; et
souvent, quand il aurait fallu changer la guinée, ils n'avaient
qu'à lui faire donner une représentation à la porte de quelque
cabaret, ou sur la place d'un village, ou devant quelque maison de
campagne, pour obtenir du caquet amusant de l'oiseau quelque
secours, qu'ils n'auraient pas obtenu de la charité des gens.
    Un jour, car ils avançaient lentement, et,
malgré les carrioles et les charrettes où on voulait bien les
recevoir quelquefois un bout de chemin, ils furent près d'une
semaine en voyage, Barnabé, le corbeau sur l'épaule, et marchant
devant sa mère, demanda la permission au concierge d'aller
seulement jusqu'à un château sur la route, au bout de l'avenue,
pour montrer son oiseau. Le brave concierge avait bonne envie de
lui en accorder la permission, et s'y disposait sans doute, quand
un gros gentleman, un fouet de chasse à la main, et la figure
animée comme s'il avait bu un bon coup le matin, vint à cheval à la
grille, en jurant et tempêtant plus qu'il n'était nécessaire pour
se la faire ouvrir à l'instant.
    « Avec qui donc êtes-vous là ?
dit-il tout en colère au concierge, qui lui ouvrait la grille à
deux battants en lui ôtant son chapeau. Qu'est-ce que c'est que ces
gens-là ? hein ? Vous êtes une mendiante, n'est-ce pas,
la femme ? »
    La veuve répondit, avec une humble révérence,
qu'ils étaient de pauvres voyageurs.
    « Des coureurs, dit le gentleman, des
vagabonds. Vous avez donc envie que je vous fasse faire
connaissance avec le violon, hein ? le violon, le billot et le
fouet ? d'où venez-vous ? »
    Elle, d'un ton timide, en le voyant rouge de
fureur et en entendant sa grosse voix, le pria de ne pas se fâcher,
car ils ne faisaient pas de mal et allaient se remettre en route
sur-le-champ.
    « Ah ! voyez-vous ça ? vous
croyez que nous allons laisser rôder des vagabonds par ici ?
Je sais bien ce que vous venez faire. Vous venez voir s'il n'y a
pas du linge qui sèche sur les haies, ou quelque poulet égaré sur
les chemins. Hein ? Qu'est-ce que tu as là dans ton panier,
grand fainéant ?
    – Grip, Grip, Grip, Grip le malin, Grip
le savant, Grip l'habile homme, Grip, Grip, Grip, cria le corbeau,
que Barnabé s'était empressé de renfermer à l'approche du monsieur
en colère. Je suis un démon, je suis un démon. N'aie pas peur, mon
garçon. Hourra ! coa, coa, coa. Polly, mets sur le feu la
bouilloire, nous allons prendre le thé.
    – Sors-moi cette vermine, drôle, dit le
gentleman, que je la voie. »
    Barnabé, sur une invitation si gracieuse, prit
son oiseau avec crainte et tremblement, et le posa à terre. Grip ne
se sentit pas plutôt libre qu'il déboucha au moins cinquante
bouteilles à la file et se mit à danser, regardant en même temps le
gentleman avec une insolence sans pareille, et tournant de côté sa
tête en spirale, comme s'il avait juré de la démancher.
    Les glouglous du bouchon parurent faire

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