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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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tenait un domestique pour prendre le cheval. Puis il les
conduisit dans un grand vestibule qui, tout spacieux qu'il était,
sentait encore les orgies de la veille. Des manteaux de cheval, des
cravaches, des brides, des bottes à revers, des éperons, etc.,
étaient épars de tous côtés et composaient, avec quelques grands
andouillets et des portraits de chevaux et de chiens, le principal
embellissement de la pièce.
    Il se jeta dans un grand fauteuil, qui, par
parenthèse, lui servait souvent à ronfler, la nuit, quand il se
trouvait que, ces jours-là, il avait été, selon ses admirateurs,
plus beau gentilhomme campagnard encore que de coutume ; et il
donna l'ordre au valet de dire à sa maîtresse de descendre ;
et aussitôt on vit, un peu agitée, à ce qu'il semblait, par cet
appel inaccoutumé, paraître une dame beaucoup plus jeune que lui,
qui n'avait pas l'air d'être bien forte de santé, ni bien
heureuse.
    « Tenez ! vous qui n'aimez pas à
suivre les chiens en bonne Anglaise, regardez-moi ça ; ça vous
fera peut-être plus de plaisir. »
    La dame sourit, s'assit à quelque distance de
lui, et jeta sur Barnabé un regard de commisération.
    « C'est un idiot, à ce que dit cette
femme, remarqua le gentleman, en secouant la tête, quoique je ne
croie pas ça.
    – Est-ce que vous êtes sa mère ?
demanda la dame.
    – Oui, madame.
    – Qu'est-ce que vous avez besoin de lui
demander ça ? dit le gentleman en fourrant ses mains dans ses
goussets ; vous savez bien qu'elle ne dira pas non. Il est
probable que c'est un imbécile qu'elle aura loué à tant par jour.
Là ! voyons ! faites-lui faire quelque chose. »
    Cependant Grip avait retrouvé sa
civilité : il voulut bien condescendre, à la prière de
Barnabé, à répéter son vocabulaire et à exécuter toutes ses
gentillesses avec le plus grand succès. Le tire-bouchon, glou et
l'encouragement ordinaire : « N'aie pas peur, mon
garçon, » amusèrent si bien le gentleman, qu'il demanda bis
pour cette partie du rôle : mais Grip rentra dans son panier,
et finit par refuser décidément d'ajouter un mot de plus. La dame
aussi prit beaucoup de plaisir à l'entendre ; mais rien ne
divertit son mari comme l'obstination de l'animal dans son
refus : il en poussa des éclats de rire à faire trembler la
maison, et demanda combien il valait.
    Barnabé eut l'air de ne pas comprendre la
question, et probablement il ne la comprenait pas.
    « Son prix ? dit le gentleman,
faisant sonner de l'argent dans son gousset. Qu'est-ce que vous en
voulez ? Combien ?
    – Il n'est pas à vendre, répondit
Barnabé, se dépêchant de fermer le panier et d'en passer la
courroie dans son col. Mère, allons-nous-en !
    – Voyez-vous comme c'est un idiot, madame
la savante ? dit le gentleman, jetant à sa femme un regard
méprisant. Il n'est déjà pas si bête pour faire valoir sa
marchandise. Et vous, la vieille, voyons ! Qu'est-ce que vous
en voulez ?
    – C'est le fidèle camarade de mon fils,
dit la veuve ; il n'est pas à vendre, monsieur, je vous
assure.
    – Pas à vendre ! cria le gentleman,
dix fois plus rouge, plus enroué, plus tapageur que jamais ;
pas à vendre !
    – Je vous assure que non, répondit-elle.
Nous n'avons jamais eu l'idée de nous en séparer, monsieur ;
c'est la vérité pure. »
    Il allait évidemment faire quelque réplique
violente, lorsque, ayant attrapé au passage quelques mots prononcés
tout bas par sa femme, il se tourna vivement vers elle pour lui
dire : « Hein ? quoi ?
    – Je dis que nous ne pouvons pas les
forcer à vendre leur oiseau s'ils ne veulent pas, répondit-elle
d'une voix faible. S'ils préfèrent le garder…
    – S'ils préfèrent le garder !
répéta-t-il après elle. Des gens comme ça, qui traînent dans le
pays pour vagabonder et voler de toutes mains, préférer garder un
oiseau, quand un propriétaire terrier, un juge de paix, demande à
l'acheter ! Voilà une vieille femme qui a été à l'école !
c'est bien facile à voir. Ne me dites pas que non, cria-t-il de
tous ses poumons à la veuve. Moi, je vous dis que si. »
    La mère de Barnabé se reconnut coupable
d'avoir été à l'école ; mais, disait-elle, il n'y avait pas de
mal à ça.
    « Pas de mal ! Non, pas de
mal ! pas de mal à ça, vieille rebelle, pas le moindre mal. Si
j'avais seulement ici mon greffier, je te ferais tâter du billot,
ou je te fourrerais dans la geôle pour apprendre à rôder à

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